Résilience de la croissance économique et persistance de chômage. Cas de la RDC.( Télécharger le fichier original )par James James Mukanu Université Protestante au Congo - Licence 2013 |
Chapitre 3.Reprise de la croissance et persistance du chômageC e chapitre finalise l'analyse entreprise au deuxième chapitre. S'articulant autour de trois sections, il se propose tout d'abord de présenter sommairement l'historique de l'économie congolaise. Ensuite, il sera question de présenter les tableaux statistiques permettant de saisir l'évolution de la résilience de la croissance et persistance de chômage pour la période de 2002 à 2012, et enfin, après la présentation des tableaux statistiques, il sera question de détecter les secteurs porteurs de la croissance en RDC. Section I : Vue d'ensemble de l'économie congolaiseL'histoire économique récente de la RDC est jalonnée de plusieurs tentatives d'assainissement et de redressement de l'économie. Confronté aux déséquilibres financiers, à la montée de l'endettement et à la stagnation de la production, le pays a été contraint, dans les années 1970 et 1980, d'adopter les politiques de stabilisation et d'ajustement structurel recommandées par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.45 Malgré la succession des plans économiques financés par les institutions internationales depuis l'accession à l'indépendance, qui soutiennent le régime Mobutu, « allié de l'Occident », l'inflation, le déficit budgétaire et la dette du pays, qualifiée par la suite de « dette odieuse », n'ont fait que croître sous le régime Mobutu. Au début des années 1990, face à la corruption endémique, la Banque mondiale et le FMI en vinrent à suspendre leur aide, et la plupart des interventions bilatérales furent arrêtées. La RDC fut incapable de faire face aux échéances de payement de la dette et les lignes de crédit du FMI furent arrêtées en février 1992, celles de la Banque mondiale en juillet 1993. Malgré l'introduction d'une nouvelle monnaie, le nouveau zaïre (NZ), la gestion des devises resta anarchique, et l'inflation atteint 9 800 % en 1994, les prix en magasins changeant plusieurs fois par jour.46 En mai 1997, l'AFDL, dirigée par Laurent-Désiré Kabila, prit le pouvoir et évinça le régime de Mobutu à l'issue de la Première guerre du Congo. Sous Kabila, le gouvernement et les entreprises publiques entamèrent un programme de reconstruction et tenta d'assainir la situation, alors que la RDC devait au Club de Paris 7 milliards d'euros. 45 Kabuya Kalala, F., et Tshiunza Mbiye, « L'économie congolaise en à l'horizon 2002-2005 : contraction, fractionnement et enlisement » ; Marysse, S., et Reyntjens, F. (dir.), L'Afrique des Grands Lacs. Annuaire 2000-2001, Paris, L'Harmattan, 2002. Pg. 45. 46 Benoît Kudinga, Le gouvernement congolais, garant de l'instabilité macroéconomique [Archive], Le potentiel, 7 mars 2006. 43 Le gouvernement commença par réformer le système d'imposition corrompu, les forces de police, et initia la remise en état du réseau routier laissé à l'abandon. Le franc congolais fut réintroduit.47 En août 1998, la guerre éclata en RDC à la suite des désaccords entre Laurent-Désiré Kabila et ses anciens alliés du Rwanda et de l'Ouganda. À cette époque, quelques progrès avaient été réalisés pour le rétablissement de l'économie du pays, mais les problèmes majeurs d'infrastructures de transport, de douane et d'imposition restaient d'actualité. Les finances publiques de l'État n'avaient pas été assainies et les relations avec le FMI et la Banque mondiale restaient conflictuelles. De nombreuses rentrées gouvernementales n'étaient toujours pas comptabilisées et non incluses dans les statistiques officielles. Les relations avec la Banque mondiale furent suspendues à la suite de l'impossibilité de finaliser un accord avec le Fonds d'investissement de la Banque internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD) pour la République démocratique du Congo. Le début de la deuxième guerre du Congo en août 1998 fut à l'origine du déclin de l'économie qui s'est poursuivi jusqu'au milieu des années 2000. Le territoire se retrouva divisé entre une zone gouvernementale et des zones rebelles, ce qui mit fin au commerce entre ces zones. Dans leur ensemble, les relations commerciales entre les différentes régions du pays restent faibles encore aujourd'hui. Après une reprise de l'inflation en août 1998, le gouvernement commença à essayer de réguler les prix par des lois. Il reprit également le contrôle des exportations. Ensemble, ces mesures affectèrent grandement la continuation des activités liées au commerce extérieur. De plus, les succès restreints de la lutte contre l'inflation et la dépréciation de la monnaie furent anéantis dès le début de l'offensive rebelle dans l'Est du pays. La guerre réduisit drastiquement les revenus du gouvernement et accrut la dette extérieure. Les acteurs du commerce extérieur se firent moins présents, cela étant lié aux incertitudes sur l'issue du conflit et à l'augmentation du contrôle et de la pression fiscale du gouvernement. L'écart important entre le taux officiel et celui pratiqué en rue « le taux du marché parallèle » pour la vente de francs congolais contre des dollars US força les commerçants à évaluer leurs biens importés au taux officiel pour acheter des devises locales48. Les ressources de l'Est du pays furent désormais exploitées par les forces rebelles ou les occupants étrangers. Le Rwanda devint par exemple exportateur de diamants et de coltan, bien que n'en disposant pas sur son territoire national. 47 Colette Braeckman, Le Congo et ses amis chinois [archive], le Monde diplomatique, septembre 2009. 48 https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/cg.html 44 Les infrastructures défaillantes, un cadre légal incertain, la corruption, un manque d'ouverture économique et financière de la part du gouvernement, restent des freins à l'investissement et à la croissance économique. Le FMI et la Banque mondiale multiplient les collaborations avec le nouveau gouvernement en vue de restaurer des plans économiques cohérents, mais les réformes institutionnelles peinent à suivre. Face à la dépréciation de la monnaie, le gouvernement a pris des mesures drastiques en janvier 1999 : le dollar US fut banni des transactions commerciales courantes, position qui fut revue plus tard. Le gouvernement peine toujours à promouvoir les exportations, bien que l'impression de nouveaux billets ait repris. La croissance économique fut fortement négative en 2000. Par la difficulté de satisfaire les conditions fixées par les donateurs institutionnels, les faibles exportations et l'instabilité régnante49. Les conditions économiques se sont améliorées depuis fin 2002, avec le retrait de la plupart des troupes d'occupation. Plusieurs missions du FMI et de la Banque mondiale sont intervenues pour mettre en place des plans de développement, et le gouvernement de transition a pris de nouvelles orientations à travers une gamme des mesures d'ajustement économique portée successivement par le Programme Intérimaire Renforcé (PIR) et le Programme Économique du Gouvernement (PEG) mises en oeuvre respectivement en 2001 et 2002. Ses différentes politiques macroéconomiques augurent des perspectives prometteuses. Le changement de la contre-performance économique de la décennie 90 en performance économique, le retour sur le sentier de la croissance économique, la relative stabilité des prix et du taux de change sont tant d'éléments à enregistrer dans le compte de ces politiques.50 Et « progressivement, on y assiste à la reprise de la coopération structurelle avec ses principaux partenaires au développement ; en même temps qu'arrivent de plus en plus d'investisseurs potentiels désireux de s'installer dans le pays »51. Pour certains économistes congolais, cette situation positive est à la fois le résultat de la stabilité macroéconomique, conjuguée avec les effets des réformes structurelles ainsi que les dividendes de la paix retrouvée. 49 Sur la reprise des relations entre la Banque mondiale et le gouvernement de la RDC. [Archive] République Démocratique du Congo, Document de la stratégie de croissance et de la réduction de pauvreté, juillet 2006. 50 Kodila Tedika, La stratégie de réduction de la pauvreté en RDC, où en sommes-nous ? In Journal Le Potentiel, n° 4278, mardi 25 mars 2008. 51 Jeune Afrique L'intelligent, Enfin la normalisation des relations avec la communauté financière internationale, n° 2163 du 24 au 30 juin 2002. 45 Ainsi donc, cette évolution positive s'est poursuivie jusqu'en 2012. Elle a provoqué la libéralisation de plusieurs secteurs de l'économie [tels que celui de la télécommunication] et le regain de confiance de certains investisseurs ont permis l'entrée d'énormes capitaux sous forme d'Investissement Direct Etranger [IDE]. Cette hausse des investissements s'est accompagné de nouveaux emplois. |
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