Résilience de la croissance économique et persistance de chômage. Cas de la RDC.( Télécharger le fichier original )par James James Mukanu Université Protestante au Congo - Licence 2013 |
CHAPITRE 2.CADRE D'ANALYSE THEORIQUE
Section I : De la loi d'OkunLa loi d'Okun relie la production et le chômage, elle établi une relation inverse entre le chômage et le PIB conjoncturels. Cette loi stipule que: «chaque fois que le PIB chute d'un certain pourcentage, par rapport au produit potentiel, le taux de chômage augmente d'environ un point de pourcentage. Soit lorsque le PIB réel diminue, le taux de chômage augmente » (Mankiw, 2003).37 Cette relation a été vérifiée et validée par plusieurs travaux empiriques sur les pays développés (Adachi, 2007 ; Prachowny, 1993 ; Lee, 2000 ; Blanchard et Cohen, 2006). Mais les études qui ont voulu vérifier la loi d'Okun pour les pays en développement sont très rares. Cette loi mesure l'élasticité du taux de chômage aux variations de la croissance. Dans son article pionnier de 1962, Okun formulait deux versions de la relation entre le chômage et l'activité macroéconomique aux Etats Unis. La première version d'Okun s'écrit sous forme d'une relation simple qui relie la variation du taux de chômage au taux de croissance du produit national brut PNB. On peut l'écrire mathématiquement de la manière suivante : LW = -0,4(Ly - 3%) (1) Cette équation(1) s'interprète comme suit : Pour une augmentation de 1% de l'activité économique au dessus de 3%, le taux de chômage diminue de 0,4%. Le 0,4 représente le coefficient d'Okun et le signe moins qui précède le coefficient d'Okun indique la relation inverse entre les changements du taux de chômage et les changements de croissance de la production. D'autres auteurs comme Durand J. et al. Utilisent une autre forme de la première version d'Okun : LWt = - 0,3Lyt + 3 + u1t Cette équation détermine le taux de croissance de l'activité économique requis pour stabiliser le chômage, soit 1% par trimestre. 37 Mankiw N. G., (2003). Macroéconomie. Bruxelles: 5ème éd. De Boeck, pg 117. 38 Mankiw, N.G., D. Romer et D. Weil, 1992, « A contribution to the Empirics of Economic Growth », Quarterly Journal of Economics, PP 8-12. 35 La deuxième version est une relation linéaire simple entre l'écart de taux de chômage par rapport à son niveau naturel estimé à 4% et l'écart de la production par rapport à son niveau potentiel (l'out put gap). La formulation mathématique de la deuxième version est comme suit : U-4% = - 0,36(output gap) (2) L'équation (2) implique que le chômage est stationnaire autour du taux de chômage Naturel NAIRU (non accelerating inflation rate of unemployment). Plus généralement, la relation inverse entre le taux de croissance du PIB réel et la variation du taux de chômage se présente graphiquement de la manière suivante : Graphiquement : La loi d'Okun
Ce graphique nous renseigne que, le taux de chômage est négativement corrélé au PIB réel. Autrement dit, l'accroissement du taux de chômage est généralement associé à une baisse du PIB réel. Ceci parce que pour produire plus de biens, l'économie a besoin d'utiliser davantage d'unités de facteur travail. Mais il faut noter que cette relation n'est pas très stable, car il est possible d'avoir une croissance positive qui ne s'accompagne pas d'une diminution du nombre de chômeurs.38 36 De nos jours, on estime aux EU qu'il est nécessaire de bénéficier de 2 à 3 points de croissance supplémentaire pour diminuer le taux de chômage d'un point en une année (ou encore de 1 à 1,5 points de croissance pour produire le même effet sur deux ans), ce qui implique une élasticité comprise entre 0,33 et 0,5. La loi d'Okun est bien vérifiée empiriquement : L'inflation traduit la hausse du niveau général des prix. Il s'observe que, quand la production est déprimée, la demande de travail diminue et le taux de chômage augmente. Quand la production reprend, la demande de travail augmente et le taux de chômage diminue.39 Par contre, l'inflation tend à s'accélérer en période de croissance rapide et à s'atténuer au cours des récessions. Dans le langage de l'analyse conjoncturelle, on dit que l'inflation est « pro cyclique » parce qu'elle évolue dans le même sens que l'activité économique, tandis que le chômage est « contra cyclique ». Le chômage et l'inflation sont parmi les grands problèmes socio-économiques de notre époque. En effet, le chômage comporte un certain coût psychologique pour les individus contraints à l'inactivité, et il se traduit pour la collectivité par une perte de production et de revenus. L'inflation, qui est synonyme de « vie chère », conduit à l'effritement des pouvoirs d'achat ; de ce fait, elle pénalise tous les détenteurs de revenus fixes ainsi que les créanciers au profit 39 La « loi d'Okun », du nom de l'économiste américain qui l'a observée, établit cette relation inverse entre l'activité économique et le chômage. Aux États-Unis, par exemple, cet auteur a constaté qu'une croissance économique d'environ 3% s'accompagnait d'un recul de 1% du chômage. Même si cette relation varie dans le temps et dans l'espace, elle est cependant utile pour l'analyse macroéconomique. 37 des débiteurs. En décourageant l'épargne, l'inflation compromet en quelque sorte l'accumulation de capital et le processus de croissance économique. Des politiques de régulation conjoncturelle sont requises pour combattre l'inflation et réduire le chômage. Mais le fait que l'inflation soit procyclique et le chômage contracyclique peut donner lieu à des difficultés. En effet, les mesures classiques de lutte contre le chômage tendent à exacerber l'inflation dans l'économie, et les tentatives de maîtriser l'inflation aggravent par ailleurs le chômage. Ce dilemme, connu sous l'appellation de la « courbe de Phillips», tend à suggérer qu'il y aurait à court terme un certain arbitrage entre le chômage et l'inflation. Le fait que l'inflation et le chômage varient en sens opposés, ils sont les sources de difficultés pour la stabilisation de l'économie. Il y a quelques années, on pensait qu'il était possible de choisir entre différentes combinaisons de chômage et d'inflation, le prix à payer pour moins de l'un étant l'aggravation de l'autre. Toutefois, la littérature économique nous renseignent que, les déterminants qui ont influencé le chômage sont de quatre ordres : i' Premier déterminant : Courbe originelle de Phillips Courbe de Phillips Taux d'inflation
Ce graphique montre que chômage et inflation sont des phénomènes antinomiques dans la mesure où la diminution de l'un entraine l'accroissement de l'autre, et vice - versa. 38 Puisque ce n'est pas au même moment que toutes les entreprises ou tous les secteurs de l'économie atteignent le plein - emploi. La courbe de Phillips devrait être lisse car lorsque l'économie se rapproche du plein-emploi, le chômage diminue et on assiste à un accroissement positif du taux des salaires nominaux, et l'inflation augmente progressivement. A contrario, toute baisse progressive de l'inflation entraine l'accroissement du taux de chômage et occasionnant un accroissement négatif du taux des salaires nominaux.40 1' Deuxième déterminant : Courbe modifiée de Phillips Taux d'inflation Courbe de Phillips Taux de chômage Ce graphique nous renseigne, le fait que l'inflation soit procyclique et le chômage contra cyclique, cela peut donner lieu à des difficultés. En effet, les mesures classiques de lutte contre le chômage tendent à exacerber l'inflation dans l'économie, et les tentatives de maîtriser l'inflation aggravent par ailleurs le chômage. La courbe de Phillips a donné lieu à de nombreux travaux empiriques. La plupart de ceux-ci établissent que, durant les années 1950-1960, le chômage et l'inflation étaient des phénomènes opposés et non concomitants. Le dilemme serait dès lors à faire un arbitrage entre la lutte contre chômage et la lutte contre l'inflation. Mais à partir des années 1970, une contre offensive sera de mise avec le chef de file des monétaristes Milton Friedman pour qui, c'est ne pas les salaires nominaux qui intéressent les agents mais plutôt les salaires réels. Ainsi donc, pour ce dernier, il existe une corrélation négative entre les salaires réels et le chômage.41 40 Alexandre Nshue Mbo Mokime, op.cit, pg 183 41 Alexandre Nshue Mbo Mokime, op.cit, pg 176-179 39 En d'autres termes, a tout accroissement positif du taux des salaires réels, il s'en suivra une baisse du chômage. En revanche, tout accroissement négatif du taux des salaires réels impliquera une augmentation du chômage. i' Troisième déterminant : Courbe adaptée de Phillips Taux d'inflation Ë* F E D NRU Taux de chômage Contrairement aux précédents, l'accent a été mis plus sur l'inflation. A ce stade, lorsque le taux de chômage effectif est inférieur au taux de chômage d'équilibre, l'inflation observée dépasse l'inflation tendancielle (point F). En revanche, lorsque le taux de chômage est supérieur au taux de chômage d'équilibre, l'inflation observée est inférieur à l'inflation tendancielle (Point D). L'étude de Phillips sur l'économie anglaise a donné lieu à l'illusion selon laquelle il n'existait qu'une seule courbe alors qu'il n'en est pas ainsi. Cette fiction tient au fait que durant la période d'étude, les taux d'inflation tendancielle et de chômage naturel sont restés stables. Les périodes pendant lesquels la relation de Phillips semblait ne pas se vérifiait sont des périodes marquées par d'importants chocs d'offre (choc pétrolier, baby boom,...), lesquels ont amené les agents économiques à reconsidérer leurs anticipations en matière de prix ou d'inflation. Dans le long terme, la courbe de Phillips prend la forme d'une droite parallèle à l'axe des ordonnés, car le plein-emploi est réalisé et le taux d'inflation observé est égal au taux d'inflation tendancielle. Cette droite définit également le taux de chômage naturel qui n'accélère pas l'inflation (None-Accelerating Inflation Rate of Unemployment : NAIRU).42 42 Alexandre Nshue Mbo Mokime, op.cit. pg.178 40 1' Quatrième déterminant : Courbe de Phillips et Anticipations Rationnelles F E' NRU Taux de chômage Taux d'inflation Long terme 2 11* E Court terme 111* Le point E est un point d'équilibre en ce qu'il n'y a pas d'écart entre taux de chômage effectif et taux de chômage naturel et le taux d'inflation observé est égal au taux d'inflation tendancielle. Si la demande globale s'accroit, le taux de chômage diminuera et il s'ensuivra une expansion plus rapide des prix (passage de E à F). Il faudrait toutefois noter que cet arbitrage chômage-inflation n'est pas permanent ; lorsque le taux d'inflation tendancielle s'accroit, la courbe de Phillips se déplace vers le haut. La hausse de l'inflation tendancielle en exerçant une pression sur les salaires nominaux, affectera le marché de travail (passage de F à E'). Dans le long terme, l'arbitrage disparait. A partir de la loi d'Okun, on établit que : Ë = Ë*- bÉ (YPe - Y) + (1 - b) où É est un paramètre de signe positif. Cette relation qui remplace les déviations du taux de chômage effectif par rapport au taux de chômage naturel par les fluctuations du PIB autour de sa tendance de long terme (PIB potentiel), montre combien la conjoncture peut affecter la courbe de Phillips de court terme. En l'absence de choc d'offre, l'inflation observée sera égale à l'inflation tendancielle si le PIB suit sa trajectoire de long terme. Lorsque le PIB se situe au-dessus de son niveau de long terme, la pression de la demande entrainera un accroissement de l'inflation tendancielle. En revanche, s'il se trouve en dessous, le taux d'inflation tendancielle baissera. Dans le long terme, l'économie devient ainsi dichotomisée, car l'arbitrage inflation - chômage disparaît et la croissance de la quantité de monnaie en circulation n'affecte que les grandeurs nominales.43 43 Alexandre Nshue Mbo Mokime, op.cit, pg 183 41 Toutefois, il sied de préciser qu'en RDC, les différents déterminants du chômage sont :
Les secteurs d'activité à forte intensité capitalistique : sont des secteurs qui emploient la main d'oeuvre qualifiée et ayant une expertise dans le maniement des machines. Les secteurs d'activité à forte intensité de la main d'oeuvre : ces derniers par contre emploient une main d'oeuvre moins qualifiée, faisant foi au recours aux muscles que le cerveau : secteur agricole dans les pays sous-développés.44 44 Tshiunza Mbiye et Ngonga Nzinga, op.cit. Pg 32. 42 |
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