2.2 Interprétations des resultats
A ce niveau, il s'agit de faire une interprétation des
signes des résultats obtenus sur les deux modèles de notre
étude.
? Investissement public et investissement
privé
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La variable taux d'investissement public, son coefficient est
positif et statistiquement significatif au seuil de 5% à long terme et
non significatif à court terme. En effet, une hausse du taux
d»investissement public de 1% entraine une augmentation du taux
d'investissement privé de 0,82 % à long terme. Ce résultat
confirme notre hypothèse qui stipule que l'investissement public
influence positivement l'investissement privé au
Sénégal.
Toutefois, ce résultat montre que l'Etat
Sénégalais depuis les élections de 2000, à mis en
place des politiques d'amélioration et de réalisation des
infrastructures qui étaient considérées auparavant comme
de mauvaise qualité. Cette réalisation a permis de
décongestionner aussi rapidement que possible Dakar et les Zones
industrielles.
Cependant, l'investissement public dans les pays en
développement est supposé être une activité
complémentaire et un volant pour l'investissement privé. Cette
théorie est aussi vérifier pour les pays qui sont
caractérisés par un niveau faible d'infrastructures de base
(système de transport, d'électricité, de communication,
d'éducation...).Ouattara(2004) a également
confirmé cet effet de complémentarité dans son
étude sur le lien entre l'investissement public et l'investissement
privé au Sénégal.
C'est pourquoi, dans les pays en développement les
dépenses publiques d'investissement doivent être dirigées
vers les secteurs ou elles ne compromettraient pas le développement du
secteur privé. C'est en sens que, lors de la mise en place des
programmes d'ajustement structurel, les pays membres de l'espace UEMOA dont le
Sénégal, ont entrepris des politiques de privatisations de
certaines entreprises et libéraliser l'économie. Aujourd'hui, les
dépenses d'investissement (pour la réalisation des biens publics)
sont orientées dans les domaines non-marchand (surtout les
infrastructures de transport, d'électricité...), pour donner
l'élan au secteur privé.
? le Produit intérieur brut et l'investissement
privé
Le coefficient du taux de croissance PIB en volume est positif
et statistiquement significatif au seuil de 5% à long terme et de 11%
à court terme. Ce résultat nous pousse à conclure que
l'investissement privé au Sénégal est positivement
lié au revenu (PIB). Cette thèse rejoint la théorie du
principe de l'accélérateur, qui a démontré que
l'investissement a une relation positive avec la variation du revenu, mais
également du revenu. En effet, une
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augmentation du revenu(PIB) de 1% débouche sur une
hausse du taux d'investissement privé de 0,97% à long terme et de
0,4% à court terme.
? La dette extérieure et l'investissement
privé
Le ratio dette extérieure sur le PIB affecte
positivement l'investissement privé à partir d'un certains seuil,
cela signifie que les flux de dette extérieur permet de pallier à
l'insuffisance des ressources domestiques et aussi de réaliser
l'investissement et ou d'importer des équipements nécessaires
à la production.
Cependant, l'effet reste positif jusqu'au seuil de 57% du PIB,
au-delà de cette limite, il sera considéré insoutenable,
autrement dit affectera négativement l'investissement privé.
Cette conclusion a été confirmée par
A.Maghyereh, Omet .G et Kalaji.F (2002), dans leur recherche
sur la Jordanie. Ils aboutissent à l'existence d'un seuil optimal de la
dette extérieure. L'existence de cette relation positive entre la
croissance et la dette extérieure dépendent d'un certain seuil,
qui correspond dans leur étude à 53% du PIB. C'est à dire
si la dette extérieure excède ce seuil, son impact sur la
croissance économique jordanienne devient négatif et
statistiquement significatif. C'est à partir de là qu'ils
montrèrent que, si la dette extérieure augmente de 50 à
100% du PIB alors la croissance baisse de 7.4%.
Ce résultat vérifie l'une de nos
hypothèses de départ qui postule que la dette extérieure
publique influence négativement l'investissement privé à
partir d'un certain seuil. Nous pouvons conclure que toute augmentation
au-delà de ce seuil comme l'existence d'un fardeau virtuel de la dette
qui réduirait l'incitation à investir du pays. Car les
investisseurs sénégalais et étrangers considèrent
ce fardeau élevé de la dette comme une taxe future sur leurs
revenus.
La majeure partie de ces investisseurs sont essentiellement
constitués par un groupe d'entrepreneurs modernes et des investisseurs
étrangers capables d'apprécier le degré d'endettement du
pays et anticiper ces conséquences sur l'activité
économique. C'est pourquoi une politique d'endettement viable capable de
maîtriser la dette pour éviter de dépasser ce seuil serait
judicieuse pour une bonne croissance du Sénégal.
? Le taux d'intérêt réel et
l'investissement privé
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La variable taux d'intérêt réel influence
l'investissement privé aussi bien à long terme et à court
terme. En effet, une hausse de 1% du taux d'intérêt réduit
l'investissement de 2,99 % à long terme et de 2,41 % à court
terme. Cette conclusion est une validation de celle de la théorie
keynésienne.
Ainsi, le secteur financier Sénégalais, qui
occupe la deuxième place au sein de l'UEMOA, après celui de la
Côte d'Ivoire, avec 20 banques en 2009 et plus de 25% des actifs du
système financier ne parvient pas toujours à répondre aux
nombreuses sollicitations surtout des PME.
Entre 2004 et 2008, le taux d'intérêt moyen sur
les prêts a été de 12,15%, cela prouve que ce taux est le
plus élévé au Sénégal qu'en Côte
d'Ivoire, Tunisie, l'Afrique du sud et la plupart des pays de l a CEDEAO. En
2009, les écarts de taux c'est-à-dire la différence entre
le taux d'intérêt sur les prêts et le taux
d'intérêt sur les dépôts étaient de 11,10%
soit près de quatre fois plus élévé qu'en Tunisie
et en Afrique du Sud. Ce qui pourrait expliquer l'effet négatif sur
l'investissement privé au Sénégal.
? Les termes de l'échange, le crédit
à l'économie et l'investissement privé
La variable crédit à l'économie a un
effet positif et moins significatif seulement à 19% à court terme
et non significatif à long terme. Cette idée a été
validée par Khan. En effet, au cours de la période 2008, dans le
rapport de la BCEAO, les grandes entreprises ont bénéficié
de 88,1% des prêts alors que la part des entreprises de taille moyenne
n'a été que de 6,7% sur un taux de refinancement de
l'économie qui peine à dépasser 24 %.
Un autre facteur est la surliquidité des banques au
Sénégal (forte part des dépôts à vue dans le
passif des banques) et d'autre part la faiblesse du crédit
accordé aux PME qui créent plus d'emplois que les secteurs tels
que le commerce, le tourisme qui en bénéficient de plus que les
autres secteurs. Par contre, toute politique visant à une
amélioration du crédit octroyé aux PME serait porteuse de
croissance.
Tandis que le coefficient des termes de l'échange
indique un signe positif et significatif au seuil de 5% à long et
à court terme. En effet, toute amélioration des termes de
l'échange de 1% conduit à une augmentation du taux
d'investissement privé de 1,01% à long terme et de
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0,23% à court terme. Ce résultat dénote
les effets positifs de la dévaluation de 1994, qui a permis une
amélioration des termes de l'échange du Sénégal.
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