2.2 Investissement public et Investissement
privé
Depuis les années 80, l'analyse des déterminants
de l'investissement et de la croissance connait avec le
dévéloppement des nouvelles théories de la croissance, un
élan considérable dans la littérature économique.
Dans ce foisonnement théorique et empirique que certains travaux
soulignent le rôle crucial que pourrait jouer l'investissement public
dans l'accumulation du capital privé et dans le processus de la
croissance. Ces travaux remettent ainsi au goût du jour une
problématique très ancienne concernant précisément
l'efficacité conjoncturelle des dépenses.
Les principaux courants de pensées qui
débattaient alors argumentaient sans porter vraiment une attention
particulière à la fonctionnalité des dépenses
publiques. D'un côté les néoclassiques voyaient une perte
d'efficacité dans l'intervention publique (effet d'éviction),
alors que, de l'autre côté les keynésiens eux, soutenaient
l'effet multiplicateur induit par l'intervention étatique.
Avec l'investissement public en infrastructure, le
débat se recentre sur le rôle productif de la dépense
publique dans une temporalité de long terme. Désormais la
question se pose sur la neutralité ou pas de l'investissement public sur
celui privé.En fait, l'investissement public présente certaine
spécificité en relation avec les domaines qu'il concerne.
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Il concerne d'abord les infrastructures (transports,
télécommunications, etc....) qui sont utiles à tous
(population et entreprises). Il concerne également la prise en charge
des services comme l'enseignement et la santé, qui ne peuvent être
assurés par le secteur privé du fait de leur faible
rentabilité à court terme.
Cependant, la décision de réaliser tel ou tel
investissement public relève rarement d'un calcul de rentabilité
immédiate. L'Etat raisonne plutôt en termes d'intérêt
général.
Mais la politique d'investissement public entre aussi dans le
cadre de la politique conjoncturelle de l'Etat : anticipant les effets de
l'investissement sur l'activité économique et le bien-être
des populations, l'Etat peut décider d'utiliser les investissements
publics pour stimuler une croissance économique jugée molle. A
court terme, les dépenses publiques d'investissement devraient avoir un
effet keynésien d'expansion de la demande globale.
A long terme, les décideurs sont convaincus que les
investissements publics amélieront les structures de l'économie.
Cette conviction repose sur l'idée que les infrastructures de transport
et de communication rapide et sûr réduisent le coût de
l'investissement, font gagner en temps et accroissent ainsi la
rentabilité des entreprises. Ces gains stimuleront des investissements
nouveaux (effet accélérateur). C'est à l'issue de cela
que, Barro en 1990 dans son modèle de
croissance dénonce le rôle de l'investissement public dans la
relance de l'investissement privé.
Toutefois, l'investissement public peut évincer
l'investissement privé par son mode de financement ou par le domaine
qu'il concerne. Dans un contexte de rareté des ressources la
dépense publique d'investissement peut freiner la dynamique du secteur
privé, par une réduction du crédit disponible dans
l'économie ou par une réduction du coût du capital,
l'investissement public s'il porte sur la production de biens qui concurrence
la production du secteur privé, il est probable qu'il décourage
également l'investissement privé.
C'est qui correspond à l'effet d'éviction
(Blejer et Khan, 1984, Fani,
1994). Guncavdi et al (1999)
établissent un lien négatif entre les deux c'est à dire un
effet d'éviction. Pour Raffinot, l'idée de
l'effet d'éviction à longtemps prévalu dans la conception
du programme d'ajustement structurel.
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