B-Terrorisme contre l' Etat
Pour les Etats occidentaux, le terrorisme est avant tout
l'acte terroriste commis par un individu ou un groupe d'individus 26
. Cette conception ignore le terrorisme d'Etat. Pour eux la notion de
terrorisme signifie donc, et essentiellement les actes de violence
perpétrés par des individus ou groupe d'individus en dehors de
toute zone de conflit, dans les Etats tiers et contre les personnes
innocentes.
En effet, dans son projet de proposition, la France a
défini le terrorisme comme « acte de barbarie odieux
perpétré sur le territoire d'un Etat tiers par un étranger
à l'encontre d'une personne n'ayant pas la nationalité de
l'auteur dans le but de faire pression dans un conflit qui n'est pas
strictement d'ordre interne » 27 . Cette définition met en
exergue le terrorisme exercé par des
23Voir rapport du comité spécial du
terrorisme international, Doc. Off., 28eme session, supplément n°
28 (A/9028), p.23. Voici la liste des pays ayant participé à ce
projet : Algérie, Congo, Guinée, Inde, Mauritanie, Nigeria,
République arabe syrienne, République unie de Tanzanie, Tunisie,
Yémen démocratique, Yougoslavie, Zaïre et Zambie.
24Il se trouve toujours des États membres
pour refuser de qualifier de terroriste tel ou tel groupe qu'ils
considèrent comme un mouvement de libération ou comme
anticolonialiste
25Etude analytique, op.cit.
26Cette thèse est défendue par les
Etats-Unis, les Etats d'Europe de l'Ouest en général, mais aussi
par certains pays du tiers-monde tels que le Chili, Haïti et la Bolivie
qui s'estiment directement menaces. Voir J.F PREVOST, « Les aspects
nouveaux du terrorisme international », op.cit., p.590 ; J.P COLIN,
op cit. pp 447
27Projet de proposition présentée par
la France in Adrian MENDY, La lutte contre le terrorisme en droit
international.
25
26
Maliki Amadou
Malikiamadou007@ymail.com
Tel : 00227 80 69 11 21 /// 00229 66 25 14 60
individus au détriment de celui émanant des
Etats, bien que la France n'hésite pas à dénoncer
certaines actions terroristes pratiquées par des Etats.
La définition proposée par les Etats-Unis va
plus loin dans la condamnation du terrorisme individuel. Selon leur projet de
proposition, « Toute personne qui, dans des conditions illicites, tente de
commettre un tel acte ou se fait le complice d'une personne qui commet ou tente
de commettre un tel acte, est coupable d'une infraction de portée
internationale si l'acte :
a) est accompli ou produit ses effets hors du territoire d'un
Etat, dont l'auteur présumé de l'infraction est ressortissant
;
b) est accompli ou produit ses effets :
i) hors du territoire de l'Etat contre lequel l'acte est
dirigé ;
ii) à l'intérieur du territoire de l'Etat
contre lequel l'acte est dirigé, l'auteur présumé de
l'infraction sachant ou ayant des raisons de savoir qu'une personne contre
laquelle l'acte est dirigé, n'est pas un ressortissant de cet Etat
c) n'est pas commis par ou contre un membre des forces
armées d'un Etat au cours d'hostilités ;
d) a pour objet de porter atteinte aux intérêts
ou d'obtenir des concessions d'un Etat ou d'une organisation internationale
»28.
Dans la dialectique du terrorisme d'Etat, terrorisme
individuel, les deux conceptions exposées ci-dessus, n'ont
été que le reflet des contradictions idéologiques. En
mettant en cause le terrorisme d'Etat, les pays non-alignés (tiers monde
inclus) ont voulu non seulement condamner la politique d'agression et
d'oppression exercée par les puissances colonialistes, mais aussi et
surtout d'exclure de la définition du terrorisme les actes
perpétrés par les mouvements de libération nationale. La
légitimité de leur lutte affirmant cette conception a
été reconnue par les Nations unies sur la base des dispositions
de la Charte. Cette légitimité repose sur le droit des peuples
à l'autodétermination ainsi que sur leur droit de se
défendre par tous les moyens, y compris la lutte armée, contre
l'invasion étrangère, l'extermination et autres crimes analogues
dirigés contre leurs droits fondamentaux, droits consacrés par
les principes des Nations unies. Les pays non-alignés ne
considèrent pas la violence et même les actes auxquels les
mouvements de libération recourent comme des actes
terroristes29.
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