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Tic et enseignement de la communication orale.

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par Adélé Rodrigue GOUNDA
ENS/Porto-Novo - BAPES 2013
  

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2-1- Limites des TIC dans l'enseignement/apprentissage/évaluation de Communication

Orale

Les TIC comme matériels didactiques de la Communication Orale en Français comportent non seulement des limites liées à l'enseignement-apprentissage, mais aussi à l'évaluation.

- Les limites dans l'enseignement-apprentissage de la Communication Orale

La première limite liée à l'usage des TIC dans l'enseignement-apprentissage de la Communication Orale est relative au temps considérable que l'enseignant va consacrer à la recherche des éléments audiovisuels d'illustration de son cours de Communication Orale. De fait, les éléments d'illustration audiovisuelle doivent tenir compte du thème ou du type de texte que le professeur voudra aborder avec ses apprenants. Cela suppose qu'il passera beaucoup de temps à fouiller dans les discothèques à la recherche de ces éléments. Par ailleurs, dans le déroulement du cours, le problème de temps peut aussi se poser avec l'usage de ces matériels. De fait, l'installation des matériels prendra un peu de temps surtout si ce sont des matériels complexes comme c'est le cas des vidéos projecteurs qui sont pourtant les matériels très adaptés pour des groupes-classes. Même le temps que l'enseignant va consacrer à la projection ou à l'écoute de l'élément audio sera plus considérable que ce qu'il consacrerait au cours avec l'usage des matériels traditionnels que sont livres et cahiers.

La deuxième limite se situe au niveau d'éventuel problème d'indiscipline que peut provoquer l'usage de certains documents audiovisuels. Compte tenu de leurs trop jeunes âges, les élèves peuvent banaliser certaines images et y voir une occasion de distraction, de bavardage. Ainsi plutôt que de voir se poser le problème de pollution dans la scène d'un enfant se soulageant à l'air libre par exemple, ils peuvent y voir une scène de raillerie et se lancer dans une hilarité sans fin que le professeur va devoir gérer. Dans la même logique, d'autres élèves trop habitués à l'usage de ces matériels exclusivement à des fins de distraction peuvent considérer le cours comme des moments de détente et ne pas y accorder toute l'attention nécessaire qu'il faudrait pour tirer profit de ces moyens afin de développer des compétences de communication. C'est sans doute en se référant à l'usage exclusivement ludique qu'ils font des TIC que certains élèves trop habitués aux matériels audiovisuels désapprouvent l'introduction de ces outils en cours de Communication Orale, car ils y voient des « moyens de distraction ».

La troisième limite éventuelle liée à l'usage des TIC dans l'enseignement-apprentissage de la Communication Orale sont les difficultés d'interprétation des sons ou d'images proposées aux élèves. Certains apprenants compte tenu de leur immaturité peuvent éprouver des difficultés à faire un rapprochement entre le support proposé et les objectifs pédagogiques ; ce problème d'interprétation sera d'autant plus accentué si le support propose en exemple quelques caractéristiques du type de texte que l'enseignant suggèrerait à l'élève d'imiter pour construire des modèles de texte. L'usage d'images complexes à des fins d'enseignement-apprentissage du texte explicatif par exemple, peut causer des difficultés d'identification des causes, manifestations et conséquences du phénomène observé à travers l'image. Dans ce cas les élèves éprouveront des difficultés dans l'identification des mots justes pour traduire le phénomène observé.

- Limites des TIC dans l'évaluation en Communication Orale

L'usage des TIC dans l'évaluation en Communication Orale peut paraître un peu fastidieux dans la mesure où l'enseignant va cumuler à la fois le rôle de pédagogue et celui de « reporter » de son et d'image. Il s'agit en effet à travers l'évaluation à l'aide des TIC, que l'enseignant filme ou enregistre quelques interventions d'apprenants qu'il leur fera écouter ou les leur faire voir à la phase de Retour et Projection. Chacun de ces deux moments montre le temps considérable que l'enseignant va consacrer à l'évaluation des compétences à l'aide des TIC: le temps d'enregistrement et celui du tournage.

Au niveau des apprenants, l'usage des TIC pour l'évaluation peut provoquer chez certains la timidité. La conscience de la présence de la caméra dans la classe peut provoquer la réticence chez certains apprenants à s'exprimer de peur que la caméra immortalise les erreurs de langue qu'ils commettraient. Cette inquiétude deviendra répandue si dans l'usage des données enregistrées l'enseignant tolère des moqueries à l'encontre de l'élève dont il se sert de la production orale enregistrée à des fins d'évaluation.

L'usage des TIC à l'école dans l'enseignement/apprentissage/évaluation de la Communication Orale comporte ainsi quelques limites. Il en est de même des moyens audiovisuels utilisés à la maison et qui contribuent à l'apprentissage de la Communication Orale.

- Limites des TIC dans l'apprentissage de la Communication Orale dans le cadre extrascolaire

Les multimédias et les mass médias audiovisuels contribuent certes à l'apprentissage de Communication Orale en Français, mais ils peuvent aussi entacher la qualité de l'expression des élèves compte tenu de la fantaisie et de la vacuité intellectuelle dont font montrent certains locuteurs sur les chaînes.

Au nombre de ces fantaisies, certaines sont relatives à la prononciation de quelques mots. Les élèves peuvent essayer d'imiter innocemment à leur tour ces mauvaises prononciations dont ils sont témoins. Aussi au niveau des niveaux de langue, une confusion de registre peut s'observer. Au lycée Toffa 1er où nous avons effectué notre stage de qualification professionnelle par exemple, il n'est pas rare d'entendre certaines élèves employer le mot « truc » lors de leur prise de parole en cours de Communication Orale, mot qu'ils auraient entendu grâce aux séries télévisées ou aux dessins animés sur des chaînes de télévision. Du point de vue syntaxique, des problèmes de construction peuvent aussi s'observer. Certains journalistes par exemple utilisent mal la construction liée à l'emploi de « après que ». On entend de plus en plus l'usage de cette expression suivie de l'emploi du subjonctif au lieu de l'indicatif. Ce que les élèves assidus à l'usage des audiovisuels peuvent commencer par employer à force de les entendre de la bouche de personnalités, parfois illustres. Viviane Glikmane (1998 : 1041) percevait ces limites quand, parlant de l'impact de la télévision sur le savoir du public, elle écrit : « ...Tout y est [dans la télévision] livré pêle-mêle, rien ne guide le téléspectateur dans cette masse de messages hétérogènes et ne lui permet de construire progressivement un savoir organisé... » ; il est ainsi évident que la télévision ne donne pas un enseignement formel, et par conséquent peut « transmettre » des connaissances incertaines aux apprenants.

Par ailleurs l'abus des audiovisuels peut faire perdre le goût de la lecture aux apprenants alors que la réussite de l'acte de communication dépend en partie de la culture livresque que le bon orateur se donne.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault