2-1- Limites des TIC dans
l'enseignement/apprentissage/évaluation de Communication
Orale
Les TIC comme matériels didactiques de la Communication
Orale en Français comportent non seulement des limites liées
à l'enseignement-apprentissage, mais aussi à l'évaluation.
- Les limites dans l'enseignement-apprentissage de
la Communication Orale
La première limite liée à l'usage
des TIC dans l'enseignement-apprentissage de la Communication Orale
est relative au temps considérable que l'enseignant va
consacrer à la recherche des éléments audiovisuels
d'illustration de son cours de Communication Orale. De fait, les
éléments d'illustration audiovisuelle doivent tenir compte du
thème ou du type de texte que le professeur voudra aborder avec ses
apprenants. Cela suppose qu'il passera beaucoup de temps à fouiller dans
les discothèques à la recherche de ces éléments.
Par ailleurs, dans le déroulement du cours, le problème de temps
peut aussi se poser avec l'usage de ces matériels. De fait,
l'installation des matériels prendra un peu de temps surtout si ce sont
des matériels complexes comme c'est le cas des vidéos projecteurs
qui sont pourtant les matériels très adaptés pour des
groupes-classes. Même le temps que l'enseignant va consacrer à la
projection ou à l'écoute de l'élément audio sera
plus considérable que ce qu'il consacrerait au cours avec l'usage des
matériels traditionnels que sont livres et cahiers.
La deuxième limite se situe au niveau
d'éventuel problème d'indiscipline que peut provoquer
l'usage de certains documents audiovisuels. Compte tenu de leurs trop jeunes
âges, les élèves peuvent banaliser certaines images et y
voir une occasion de distraction, de bavardage. Ainsi plutôt que de voir
se poser le problème de pollution dans la scène d'un enfant se
soulageant à l'air libre par exemple, ils peuvent y voir une
scène de raillerie et se lancer dans une hilarité sans fin que le
professeur va devoir gérer. Dans la même logique, d'autres
élèves trop habitués à l'usage de ces
matériels exclusivement à des fins de distraction peuvent
considérer le cours comme des moments de détente et ne pas y
accorder toute l'attention nécessaire qu'il faudrait pour tirer profit
de ces moyens afin de développer des compétences de
communication. C'est sans doute en se référant à l'usage
exclusivement ludique qu'ils font des TIC que certains élèves
trop habitués aux matériels audiovisuels désapprouvent
l'introduction de ces outils en cours de Communication Orale, car ils y voient
des « moyens de distraction ».
La troisième limite éventuelle
liée à l'usage des TIC dans l'enseignement-apprentissage de la
Communication Orale sont les difficultés d'interprétation
des sons ou d'images proposées aux élèves.
Certains apprenants compte tenu de leur immaturité peuvent
éprouver des difficultés à faire un rapprochement entre le
support proposé et les objectifs pédagogiques ; ce
problème d'interprétation sera d'autant plus accentué si
le support propose en exemple quelques caractéristiques du type de texte
que l'enseignant suggèrerait à l'élève d'imiter
pour construire des modèles de texte. L'usage d'images complexes
à des fins d'enseignement-apprentissage du texte explicatif par exemple,
peut causer des difficultés d'identification des causes, manifestations
et conséquences du phénomène observé à
travers l'image. Dans ce cas les élèves éprouveront des
difficultés dans l'identification des mots justes pour traduire le
phénomène observé.
- Limites des TIC dans l'évaluation en
Communication Orale
L'usage des TIC dans l'évaluation en
Communication Orale peut paraître un peu fastidieux dans la mesure
où l'enseignant va cumuler à la fois le rôle de
pédagogue et celui de « reporter » de son et
d'image. Il s'agit en effet à travers l'évaluation
à l'aide des TIC, que l'enseignant filme ou enregistre quelques
interventions d'apprenants qu'il leur fera écouter ou les leur faire
voir à la phase de Retour et Projection. Chacun de ces deux moments
montre le temps considérable que l'enseignant va consacrer à
l'évaluation des compétences à l'aide des TIC: le
temps d'enregistrement et celui du tournage.
Au niveau des apprenants, l'usage des TIC pour
l'évaluation peut provoquer chez certains la timidité.
La conscience de la présence de la caméra dans la classe peut
provoquer la réticence chez certains apprenants à s'exprimer de
peur que la caméra immortalise les erreurs de langue qu'ils
commettraient. Cette inquiétude deviendra répandue si dans
l'usage des données enregistrées l'enseignant tolère des
moqueries à l'encontre de l'élève dont il se sert de la
production orale enregistrée à des fins d'évaluation.
L'usage des TIC à l'école dans
l'enseignement/apprentissage/évaluation de la Communication Orale
comporte ainsi quelques limites. Il en est de même des moyens
audiovisuels utilisés à la maison et qui contribuent à
l'apprentissage de la Communication Orale.
- Limites des TIC dans l'apprentissage de la
Communication Orale dans le cadre extrascolaire
Les multimédias et les mass médias audiovisuels
contribuent certes à l'apprentissage de Communication Orale en
Français, mais ils peuvent aussi entacher la qualité de
l'expression des élèves compte tenu de la fantaisie et de la
vacuité intellectuelle dont font montrent certains locuteurs sur les
chaînes.
Au nombre de ces fantaisies, certaines sont relatives à
la prononciation de quelques mots. Les élèves peuvent essayer
d'imiter innocemment à leur tour ces mauvaises prononciations dont ils
sont témoins. Aussi au niveau des niveaux de langue, une confusion de
registre peut s'observer. Au lycée Toffa 1er où nous
avons effectué notre stage de qualification professionnelle par exemple,
il n'est pas rare d'entendre certaines élèves employer le mot
« truc » lors de leur prise de parole en cours de
Communication Orale, mot qu'ils auraient entendu grâce aux séries
télévisées ou aux dessins animés sur des
chaînes de télévision. Du point de vue syntaxique, des
problèmes de construction peuvent aussi s'observer. Certains
journalistes par exemple utilisent mal la construction liée à
l'emploi de « après que ». On entend de plus en plus
l'usage de cette expression suivie de l'emploi du subjonctif au lieu de
l'indicatif. Ce que les élèves assidus à l'usage des
audiovisuels peuvent commencer par employer à force de les entendre de
la bouche de personnalités, parfois illustres. Viviane Glikmane
(1998 : 1041) percevait ces limites quand, parlant de l'impact de la
télévision sur le savoir du public, elle
écrit : « ...Tout y est [dans la
télévision] livré pêle-mêle, rien ne guide le
téléspectateur dans cette masse de messages
hétérogènes et ne lui permet de construire progressivement
un savoir organisé... » ; il est ainsi évident que
la télévision ne donne pas un enseignement formel, et par
conséquent peut « transmettre » des connaissances
incertaines aux apprenants.
Par ailleurs l'abus des audiovisuels peut faire perdre le
goût de la lecture aux apprenants alors que la réussite de l'acte
de communication dépend en partie de la culture livresque que le bon
orateur se donne.
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