2-Dans le secteur Sanitaire
Pour ce qui est des difficultés des actions des
communes dans le secteur sanitaire, il faut noter que les habitudes des
refugiés passent une fois de plus pour être un handicap majeur. En
effet, les femmes par exemple n'accouchent pas dans les centres de
santé, à 90% sont les femmes qui accouchent à
domicile44, du fait de l'absence d'une culture sanitaire. Ceci donne
du fil à retordre aux communes lorsqu'il s'agit de
l'établissement des
42 Les Bororo sont à majorité les
fidèles musulmans.
43 Entretien avec Kpao Raymond le 20 juin 2014
à Garoua Boulai.
44 HCR, Caravane de la journée mondiale des
refugiés : Cartographie des réalisations 2010.
161
actes de naissance. Malgré les efforts fournis par les
communes pour sensibiliser les réfugiés sur la
nécessité de ce papier précieux, bon nombre restent
toujours inactifs à l'appel. Cette situation empêche alors
l'établissement à tous les nouveaux nés. Bref, de par leur
culture, les femmes et les enfants réfugiés sont parfois
réfractaires à certains aspects de l'assistance
médicale.
Comme nous l'avons souligné ci-haut, les
réfugiés qui arrivent de la RCA sont à majorité des
Bororo qui pratiquent la transhumance. Ces derniers se déplacent de
manière constante vers des zones éloignés à la
recherche des meilleures conditions pour le pâturage. Ainsi,
l'accès à leurs sites de résidences en saison pluvieuse
n'est pas chose aisée. Cette situation empêche alors les communes
à établir les actes de naissances à leurs enfants et
à leur faire parvenir les aliments qu'elles ont souvent octroyés
à leur faveur.
En Bref, il faut dire que les communes des bortherlands
camerounais en particuliers, celles de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua
rencontrent de nombreuses difficultés dans leurs actions face aux crises
centrafricaines. Des difficultés d'ordre structurel mais qui proviennent
surtout des traditions des réfugiés qui, volontairement ou non,
sont un frein à leur propre bien être. Toutefois, malgré
les efforts et la volonté qu'affichent les communes, il n'en demeure pas
moins que les actions des communes restent encore butées à
plusieurs blocages, ce qui empêche leur pleine réalisation.
En définitive, ce chapitre a traité de l'impact
et les difficultés que rencontrent les communes de Garoua Boulai, Ngaoui
et Bertoua dans leurs actions face aux conséquences des conflits
centrafricains. De ce qui précède, il ressort que toutes les
actions entreprises par ces trois communes ont eu un impact
considérable. Cet impact rejaillit sur les réfugiés bien
sûr, mais aussi sur la vie politique, économique, sociale et
culturelle des populations hôtes et sur l'Etat camerounais en
particulier. Déjà, tous les acteurs impliqués
perçoivent l'impact positif de cet encadrement, on note en effet, une
nette amélioration des conditions de vie des réfugiés, des
populations hôtes. On note aussi, toujours dans un sens positif, une
amélioration des rapports réfugiés-populations locales et
une revitalisation des économies locales, vu qu'il y a augmentation de
la production locale. Tout ceci avec l'autonomisation des populations
réfugiées. Bien plus, on note pour l'État camerounais, un
renforcement des relations diplomatiques entre le Cameroun et la RCA et un
climat politique caractérisé par la stabilité et la paix.
L'impact des actions des communes des borderlands camerounais face aux
conséquences des conflits centrafricains reste et demeure capital, car
si rien n'est
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fait, le gouvernement se trouvera dans une position
délicate, confronté à une situation de crise alimentaire,
d'insécurité, de saturation foncière... En s'investissant,
les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua qui constituent les
premières villes d'accueil voir l'État camerounais tout entier
gagnent à prévenir toutes les calamités liées aux
conséquences des conflits centrafricains et gagnent à
améliorer ses relations internationales de
coopération45.
Dans la deuxième partie de ce chapitre, il était
question de scruter les difficultés que rencontrent les communes de
Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua dans leurs actions face aux
conséquences des conflits centrafricains. De ce qui suit, il en
résulte qu'en effet, les actions de ces communes sont jonchées de
difficultés qui, sans pour autant complètement entraver sa bonne
marche, freine quand même sa réussite. Ce qui est plus difficile
pour les communes des zones frontalières réside dans le fait que
le rapatriement des réfugiés n'est pas encore à l'ordre du
jour au Cameroun et la situation politique de la RCA qui a
dégénéré des conséquences négatives
dans ces trois villes est loin d'être changé. Bien plus, la
majorité des réfugiés centrafricains qui sont
installés dans les trois zones de notre étude, possèdent
une culture différente qui rend difficile l'application du planning de
la prise en charge établi par les communes. En outre, on note la
persistance de conflits agropastoraux, les actes d'agression et de vol
accompagnés des prises d'otage et des bandits de grands chemins
(Zarguina). On note enfin le manque criard des moyens financiers et
les limites du HCR qui s'observent par de multiples détournements des
fonds et des dons octroyés.
45 Nous faisons allusion à une
coopération par le haut et par le bas.
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![](Les-communes-des-borderlands-camerounais-face-aux-consequences-des-conflits-centrafricains-de-196029.png)
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