Les communes des borderlands camerounais face aux conséquences des conflits centrafricains de 1960 à 2013. Cas de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua.( Télécharger le fichier original )par (pas de prénom) GAMBO Université de Ngaounderé-Cameroun - Master 2014 |
2-Les actions limitées du HCR et des organismes internationauxLa gestion des conséquences des crises centrafricaines fait partie des programmes du HCR de manière conventionnelle. Or, cela n'est pas le cas pour la sécurité militaire et pour l'enseignement secondaire et supérieur qui requiert une grande intervention. En effet, les actions du HCR sont plus orientées dans un volet humanitaire, elles ne tiennent pas en compte tous les aspects. Pourtant, les conséquences des crises centrafricaines dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua ne s'observent pas seulement sur le plan social, elles sont présentes partout. Cette limite dans la prise en charge du HCR expose alors d'avantage les communes de ces trois villes à de lourdes tâches. C'est le cas par exemple du secteur éducatif, en effet, seule la prise en charge de l'enseignement primaire fait partie des programmes du HCR de manière conventionnelle. Pourtant, un grand nombre des réfugiés centrafricains évoluent au secondaire. Cette situation emboîte alors les actions des communes des bortherlands camerounais dans la promotion d'une meilleure éducation. Par ailleurs, il faut aussi souligner que les HCR ne s'occupe que des réfugiés de nationalité centrafricaine, or parmi ceux qui fuient les bals ou les exactions des rebelles en Centrafrique, figurent aussi bien des réfugiés de nationalités différentes tels que les 28AbdelghaniAbouham, « La coopération décentralisée : un espoir pour les villes du Sud ? Le cas du Maroc », http://www.fpae.net/consulté le 15 septembre 2014. 157 maliens et les tchadiens pour ne citer que ceux-ci. Cette catégorie de réfugiés reste alors continuellement sous la charge des communes29. D'autre part, les détournements des biens destinés aux réfugiés constituent un grand obstacle pour les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. En réalité, il faut le dire les dons du HCR aux écoles, n'arrivent plus à bon port dans leur totalité. Il faut un contrôle serré pour voir au plus les trois quart arriver à destination. En effet, ce n'est plus un secret pour personne, l'aide aux réfugiés ne prend plus le chemin qu'elle devrait emprunter30. On note des cas de détournement de ces dons par les différents acteurs de gestion. C'est le cas par exemples des sacs de riz, des cartons d'huile et de sucre, des couvertures et des sceaux qui sont vendus à vil prix aux commerçants pour leur commercialisation31. Ces actes immoraux vont à l'encontre des intérêts des réfugiés ce qui expose d'avantage les réfugiés à la charge des communes. 3-La persistance des conflits agropastoraux et le grand banditismeLa répétitive des crises politiques en République Centrafricaine a sous-tendu les mouvements des populations de ce pays pour le Cameroun. À partir de 2003, le nombre de centrafricains est devenu considérable dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua d'où la résurgence de certains problèmes. En effet, les réfugiés centrafricains installés dans ces trois villes de notre étude sont à majorité des éleveurs semi nomades. Tandis que les populations hôtes sont des agriculteurs. Parmi ces Bororo, certains ont perdu leur cheptel mais bon nombre entre eux possèdent encore leur patrimoine. L'élevage de ces animaux requiert du pâturage qui dans certains cas n'est pas accessible facilement. Les plantations des maniocs qui sont abondantes dans ces villes, restent alors la victime des dégâts des bêtes. En effet, les Bororo réfugiés laissent en divagation leur bétail ce qui cause des dommages dans les champs des populations locales et fatalement cela entraine une discorde32. D'ailleurs à Ngaoui comme à Garoua Boulai, et partout ailleurs où sont installés les réfugiés centrafricains, l'on note, selon les autorités communales, de nombreuses plaintes émises par les agriculteurs Gbaya et autres. Naturellement, ce désaccord entre les réfugiés et populations hôtes est une profonde entrave aux actions des 29 Entretien avec Pkao Raymond le 16 juin 2014 à Garoua Boulai. 30Kourouma, 1983. P. 32. 31 Entretien avec Abdouraman Labi, le 17 juillet 2014 à Ngaoui. 32 Entretien avec Adouraman Labi le 15 juiilet à Ngaoui. 158 communes surtout lorsqu'on sait que ces dernières essayent de jouer le rôle de médiateur entre les deux populations. Pour ce qui est de la persistance des vols et du grand banditisme, il est convenable de mentionner que l'arrivée des réfugiés centrafricains s'accompagne d'une augmentation de la criminalité et du vol dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua33. En effet, parmi les centrafricains qui ont fait leur entrée au Cameroun, certes, certains sont arrivés avec leurs biens mais d'autres y sont entrés dépourvus, cette catégorie constitue des problèmes, pour les localités hôtes. On note ainsi les cas de vol des denrées alimentaires surtout, pour assurer leur survie34. Les réfugiés dévastaient alors bon nombre de champs d'autochtones. D'autre part on enregistre les actes de criminalité, des prises d'otage, des bandits de grand chemins encore appelés « Zarguina » et la circulation des armes légères de petit calibre35. Tout ceci active d'avantage le mécontentement des populations locales à l'endroit des réfugiés centrafricains et la conséquence ne tardera pas à s'observer, les communes vont rencontrer d'énormes difficultés lorsqu'il s'agit de la promotion de l'intégration des refugiés au sein des populations hôtes. |
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