2-Augmentation du pouvoir politique du maire
Les actions des communes des bortherlands camerounais
face aux crises centrafricaines ont permis de renforcer l'influence des maires.
En effet, les multiples réalisations des communes dans la gestion des
conséquences des crises centrafricaines à Garoua Boulai, Ngaoui
et Bertoua ouvrent une ère nouvelle dans la scène politique avec
l'entrée en scène des élus locaux 10 devenus
par la force des choses des acteurs incontournables dans le processus de la
décentralisation au Cameroun. En effet, les actions des maires
réalisées dans ces trois villes ont propulsé ces maires au
plus haut sommet de la sphère politique. Les magistrats municipaux
grâce à leur statut de représentant des peuples ont
entrepris des actions qui leur ont porté au commande. Ces actions sont
traduites autant au plan régional, national qu'international par les
investissements, la lutte contre l'insécurité et la prise en
charge des réfugiés centrafricains.
Aussi, il faut signaler que les réalisations de ces
communes des bortherlands face aux crises centrafricaines sont le dynamisme des
acteurs locaux impliqués dans la bataille. D'autre part, l'importance ou
la taille des actions de ces communes est disproportionné d'une commune
à l'autre. À ce titre, il y'a des communes qui sont
situées à la frontière
9Saïbou Issa, 2006, « La prise d'otage aux
confins du Cameroun, de la Centrafrique et du Tchad : une nouvelle
modalité du banditisme transfrontalier », in polis/R.C.S.P.
/C.P.S.R. Vol. 13, n°1-2.
10 Nous faisons allusions aux maires
147
comme c'est le cas de Ngaoui et Garoua Boulai. Ceux-là
sont plus victimes des conséquences des crises centrafricaines. Elles
réalisent alors plus des actions que les autres qui sont situées
dans les régions frontalières11. Il convient donc
à cet égard de relever que le rôle des communes est
indispensable dans l'entreprise de gestion des conséquences des conflits
centrafricains.
3-Contribution à la pacification des relations
Cameroun-République Centrafricaine
En s'impliquant dans la gestion des conséquences des
conflits centrafricains, les actions des communes des bortherlands
camerounais en général mais celles de Garoua Boulai, Ngaoui
et Bertoua en particulier, ont permis de renforcer les relations diplomatiques
qui nouent le Cameroun avec la république Centrafricaine, le HCR et
ainsi que les organismes internationaux.
En ce qui concerne la République Centrafricaine, il
faut noter que comme tout autre Etat, le Cameroun entretient des relations
bilatérales et multilatérales avec d'autres nations du monde.
Dans le contexte des relations bilatérales, le Cameroun et la
Centrafrique entretiennent des relations d'amitié et de
coopération dans plusieurs secteurs de la vie publique. Malgré
les différences des contextes sociopolitiques à
l'intérieur de ces deux Etats, ceux-ci ont entretenu de très
bonnes relations depuis l'aube de l'indépendance jusqu'en 2013. De
nombreux accords de coopération ont unis ces deux Etats sous le
règne d'Ahidjo que celui de Biya12.
11 Entretien avec Tayanou le 13juin 2014 à
Bertoua.
12 A-H. Onana, 2004, Le Cameroun et ses
frontières : Une dynamique géopolitique complexe, Paris,
l'Harmattan, P.223.
148
Tableau 11: Mécanisme de coopération entre le
Cameroun et la RCA de 1965 à 1971
Partie et dates
|
intitulé
|
Contenu
|
Cameroun-RCA
(08/08/1965)
|
Lancement de la
commission mixte
|
Traité du tracé et de la gestion de
frontière commune, la situation des personnes et de leurs biens, le code
des nationalités, de transports
|
Cameroun-RCA
(24/07/1969)
|
Accord culturel et
d'assistance technique
|
Echange de cadres, spécialiste et étudiants
|
Cameroun-RCA
(24/07/1969)
|
Convention sur la
coopération économique
|
Création d'un espace commercial
|
Cameroun-RCA
1971) (24/07/1969)
|
Convention en matière de police
|
Réglementation sur la circulation des personnes et des
biens, et interdit de s'immiscer dans les affaires intérieures aux deux
Etats
|
Cameroun-RCA
(24/07/1969)
|
Convention en matière de fret
|
Fixe les conditions de mouvements des
marchandises
|
Cameroun-RCA
(30/10/1971)
|
Accord au transport aérien
|
Coopération en matière d'aviation civile
|
Cameroun-RCA (30/12/
|
Accord relatif au transport maritime
|
Coopération maritime, condition d'utilisation du port
de Douala par la marine Centrafricaine
|
A-H. OnanaMfege, 2004, le Cameroun et ses
frontières : Une dynamique géopolitique complexe, Paris,
L'Harmattan, P. 223.
Le tableau 13 nous présente les différents
accords de coopérations entre le Cameroun et la RCA de 1965 à
1971. Ces accords s'observent dans plusieurs domaines notamment les accords sur
les interventions militaires à l'intérieur de l'un ou de l'autre
Etat contractant en matière de menace interne, l'économie, la
gestion des frontières communes, la circulation des personnes et des
biens, les accords sur la coopération maritime et bien d'autres. Ainsi,
la RCA comme tout autre Etat en Afrique et dans le monde entretien des
relations de coopérations avec le Cameroun. Le Cameroun sous Ahidjo en
matière de politique extérieur a toujours respecté le
principe de l'OUA, à savoir
149
le respect mutuel de la souveraineté et de la
non-ingérence dans les affaires internes à un Etat.
D'autre part, on note une coopération par le
bas13 entre les populations hôtes des trois villes de la zone
de notre étude et les réfugiés centrafricains. En effet,
il faut préciser que les réfugiés qui arrivent de la
Centrafrique sont à l'origine de l'augmentation de la fréquence
de vols, des prises d'otage, des agressions de toute nature, des bandits de
grands chemins. Ils sont en dernier ressort des personnes vectrices de
plusieurs maladies épidémiques, endémiques et
vénériennes pour ne citer que ceux-ci. Tout ceci est suffisant
pour provoquer un divorce entre ces deux Etats. C'est dans cette optique que
les actions14 des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua ont
favorisé une coopération entre les réfugiés et les
populations locales. Ce qui débouche sur les relations entre ces deux
pays surtout lorsqu'on sait que la recrudescence des crises politiques et
l'exode massif des populations ont souvent été sujets de rupture
des relations diplomatiques entre deux pays. Bref les réalisations des
communes des bortherlands camerounais ont permis de minimiser, mieux
de masquer les actes anodins de ces réfugiés centrafricains au
profit de la coopération Cameroun-Centrafrique.
Par ailleurs, cette coopération s'illustre aussi
à travers les relations qu'entretiennent le HCR avec les communes de
Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua et surtout avec les différents
ministères en charge des réfugiés. Tels que le MINREX et
le MINAT qui s'occupent, en partenariat avec le HCR, du recensement des
réfugiés. On note aussi dans le même sillage, le MINSANTE,
pour le secteur sanitaire et le MINEDUB pour la scolarisation des enfants
réfugiés. Toutes ces coopérations ont d'une manière
ou d'une autre reçus le soutient des actions des communes.
In fine, les actions des communes desbortherlands
camerounais face aux crises centrafricaines ont eus un impact double sur
le plan politique et diplomatique. Elles sont l'amélioration des
relations bilatérales et multilatérales du Cameroun. Elle donne
également à ce pays une image positive dans la scène
internationale. Toutefois, il convient d'identifier un autre impact qui
peut-être celui de nouer d'avantage les relations diplomatiques entre
Bangui et Yaoundé surtout lorsqu'on sait que les réactions
13AbdouramanHalirou, « Le conflit frontalier
Cameroun-Nigeria dans le Lac-Tchad: les enjeux de l'île de Darak,
disputée et Partagée » In Culture et conflits, pp 2-8
14 Nous faisons allusion au rôle de
médiation qu'ont joué les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et
Bertoua dans les accrochages qui ont souvent eut lieu entre les
réfugiés centrafricains et les populations locales.
150
camerounaises face aux conséquences des crises
centrafricaines peuvent construire ou détruire les relations entre ces
deuxÉtats.
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