2-Le recrutement des enseignants
Le manque criard des enseignants est une évidence dans
les établissements des zones frontalières du Cameroun comme nous
l'avons précisé dans le tableau ci haut. Malgré de
multiples affectations des enseignants et les recrutements organisés par
les organismes humanitaires dans ces localités, le problème du
manque d'enseignants tarde toujours à se faire résoudre.
Cependant, il faut préciser que, même si ce problème n'est
pas encore accru dans la ville de Bertoua10, c'est un secret de
polichinelle de signaler sa présence ancienne dans les communes de
Ngaoui et Garoua Boulai. L'afflux des réfugiés centrafricains a
souvent bouleversé les statistiques des délégations de
l'éducation de base et de l'enseignement secondaire sur la question de
l'effectif des enseignants. En effet, le nombre des affectations des
enseignants dans les établissements tient lieu du nombre des
élèves à éduquer. Ainsi, dans les zones
frontalières, ce principe n'a pas toujours tenu débout. Les
multiples crises politiques perpétrées en République
Centrafricaine ont toujours favorisé le départ massif de la
population de ce pays vers le Cameroun. Les enfants réfugiés qui
arrivent avec leurs parents dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua
intègrent les établissements et l'on assiste à un
gonflement des effectifs. De manière fatale, cette situation provoque le
problème de manque d'enseignants. C'est dans ce cadre qu'il importe de
situer le coup de pouce des communes des bortherlands camerounais pour
apporter une solution à ce problème de déficit que souffre
le secteur éducatif dans les régions frontalières du
Cameroun.
Dès lors, dans la ville de Garoua Boulai, la commune a
procédé au recrutement de 27 enseignants dans l'ensemble de
l'arrondissement de Garoua Boulai, soit 17 en 2013 et 10 en 2013 pour les
écoles primaires. Et de ce fait, la commune paie 7 mois de salaire et
l'APE en question complète la différence11. À
Ngaoui, notamment, la commune a recruté
10 Le problème de manque des enseignants n'est
pas très criard à Bertoua parce que les enseignants qui se fuient
les zones campagnes se retrouvent à majorité dans cette ville.
11 Entretien avec Nang Serges le 9 juin 2014 à
Bertoua.
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13 enseignants des écoles primaires et 3 enseignants du
collège. Ici, il faut noter que contrairement à la commune de
Garoua Boulai qui paie presque les 2/3 des salaires, la commune de Ngaoui
assure à elle seule la responsabilité des salaires de ces
enseignants12. A Bertoua, pour pallier le problème du
déficit des enseignants, la commune a recruté 14 enseignants des
écoles primaires sortis de l'ENIEG dans l'ensemble de la commune de
Bertoua 2ème. Soit 8 en 2012 et 6 en 201313. Au
total, il faut préciser que plus de 51 enseignants des écoles
primaires et 3 enseignants du collège plus ou moins formés ont
été recrutés depuis l'année 2007.
En outre, il existe un autre type d'appui pour le
fonctionnement des écoles, cet appui consiste en des dons de
tables-bancs, des cantines de fournitures scolaires (cahiers, livres, stylos
etc.), des dons en matériels didactiques, des ballons et des jouets pour
les enfants14.
Certes, la carence des enseignants est une
réalité au Cameroun et dans les zones frontalières en
particulier. Malgré les vagues de recrutement observées ces
dernières années par le ministère de l'éducation de
base, où 200.000 instituteurs ont été
contractualisés dans l'intervalle 2005-2011, le problème reste
toujours d'actualité. Dans les zones frontalières du Cameroun, ce
phénomène est encore plus accentué dans la mesure
où ces localités sont victimes des conséquences des crises
centrafricaines. Ainsi, l'un les défis majeurs auxquels se trouve
confrontées les populations de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua se
trouve justement dans le secteur éducatif. C'est la raison pour laquelle
dans la feuille de route de ces trois communes, le secteur éducatif
demeure au centre des attentions dans l'optique de promouvoir
l'éducation pour tous 15 . C'est ainsi que nous avons
enregistré les actions déterminantes de ces communes qui
s'observent par la construction et la réhabilitation des salles de
classe et la prise en charge des enseignants. Ces actions ont été
réalisées dans le but d'éviter la saturation des salles du
fait de l'augmentation brusque du nombre d'élèves avec
l'arrivée des réfugiés centrafricains. Comme le souligne
Jean Ondoh, cette initiative est louable et préférable à
la construction d'une école propre aux réfugiés. Cette
dernière initiative ne fera renforcer l'écart qui existe entre
les réfugiés et les
12 Entretien avec Abdouraman Labi le 26 juin 2014
à Ngaoui.
13 Entretien avec Nang Serges le 10 juin 2014 à
Bertoua. 14Ibid
15 Nous faisons allusion à
l'éducation des réfugiés centrafricains et les populations
locales. La population locale est aussi concernée dans la mesure
où les populations qui arrivent de la Centrafrique conditionnent le
climat éducatif au Cameroun.
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populations hôtes et rendra par là même,
l'intégration des réfugiés dans leur milieu d'accueil.
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