B-Promotion de la santé
Le domaine de la santé a également
constitué l'une des préoccupations des communes des
bortherlands camerounais comme le souligne Motazé
Akam16 en ces termes « si l'on n'est pas en santé, l'on
ne peut rien faire d'autre que d'attendre la mort ». Elle occupe une place
importante à côté du secteur de l'éducation. Elle
retient l'attention, du fait de l'afflux des réfugiés qui
arrivent parfois avec des maladies épidémiques et
endémiques. Dans le même ordre d'idée, l'étude
menée par le PNUD en 2004 démontre que la santé a un
impact considérable sur l'économie de l'Afrique. Le mauvais
état de santé de la population africaine constitue un grave
handicap pour l'emploi et la croissance économique. A 45 ans,
l'espérance de vie en Afrique subsaharienne est parmi les plus faibles
du monde. Sur cent nouveaux nés moins de 30% atteindront l'âge de
40 ans au Swaziland, moins de 56% au Cameroun et plus de 90% en
Algérie.
Selon le rapport annuel du PNUD en 200017, le SIDA
est le problème de santé le plus grave de l'Afrique aujourd'hui,
en raison de ses effets négatifs sur les groupes d'âges à
plus fortes activités. A la fin de 2003, on comptait selon les
estimations 35,5 millions d'adultes (15-45) contaminés par le VIH/SIDA
partout dans le monde, dont 10 millions de jeunes. Encore plus
inquiétant, chaque jour plus de 6000 jeunes contractent le virus au
niveau mondial 18 .Conscientes de cette situation, les communes des
bortherlands camerounais ont alors réalisé de nombreuses actions
dans le domaine sanitaire. Ces actions s'observent par la distribution des
médicaments et les produits alimentaires, la gratuité des frais
de consultation et la construction des forages.
16MotazéAkam, 2009, le social et le
développement en Afrique, l'Harmattan, Etudes Africaines, p.
140.
17 Commission économique pour l'Afrique, mai
2006, Rapport économique sur l'Afrique 2005 : « Relevé le
défi posé par le chômage et la pauvreté en Afrique
», New York, PENUD. P.189.
18 ONUSIDA 2004, Cité par Ousmane Bouba,
2011, « l'appui des organismes internationaux et des programmes
gouvernementaux aux communes de la Bénoué (Nord-Cameroun) :
1960-2011 », Mémoire de Master II, Histoire, Université de
Ngaounderé p. 91.
105
1-La construction et la réhabilitation des
forages
Dans le domaine social, les actions des communes des
bortherlands camerounais sont aussi perceptibles sur le plan
sanitaire. En effet, la recrudescence de l'épidémie du
choléra au Cameroun révèle la précarité dans
laquelle vivent les populations en ce qui concerne l'approvisionnement en eau
potable. Pour reculer considérablement la fréquence des maladies
liées à l'eau, les communes des régions
frontalières du Cameroun en particulier, les communes de Garoua Boulai,
Ngaoui et Bertoua ont entrepris les constructions des forages et leur mise en
disposition aux réfugiés centrafricains et à la population
locale. L'approvisionnement en eau potable constitue un goulet
d'étranglement pour la population de ces trois villes, malgré les
efforts fournis par l'Etat et les organismes humanitaires pour satisfaire les
populations. Une étude réalisée par le ministère de
l'eau et de l'énergie en 2006 révèle que 40% des
réseaux d'eau des zones rurales ne sont pas fonctionnels. D'autre part,
l'afflux des réfugiés centrafricains dans les villes
frontalières a augmenté le nombre de la population au-dessus du
nombre des forages existant. Les problèmes hydrauliques se posent alors
dans ces trois communes avec acuité. L'objectif de ces communes est
d'assurer une couverture suffisante et homogène des quartiers et des
villages en infrastructure d'alimentation et en eau potable. Ces actions des
communes concernent à la fois la réhabilitation d'ouvrages
existants non fonctionnels et la création d'ouvrages d'approvisionnement
en eau potable. La construction des forages et leur mise à la
disposition des deux communautés ont reculé
considérablement dans notre espace d'étude la fréquence
des maladies liées à l'eau.
Du point de vue hydraulique, l'exemple de la commune de Ngaoui
illustre nos propos. En effet, cette commune compte : 59 forages dont 15 non
fonctionnels, 13 points équipés de pompes à
motricité humaine dont 02 non fonctionnels et 03 adductions d'eau. Il
faut noter que seule l'adduction privée est fonctionnelle. Pour
satisfaire les besoins des populations, il faut construire 20 puits et forages
et aménager 20 sources19.
19 Collecte des données santé, DEUC et
DPNV 2011.
106
Photo 15: Un forage construit par la commune à 50m
du site des réfugiés à Garoua Boulai
(c) : Gambo, réalisé le 13 juin
2014 à Garoua Boulai.
La photo 14 présente le forage construit par la commune
de Garoua Boulai tout près du site des réfugiés. Ce forage
comme ceux dont on rencontre dans les deux autres villes de notre zone
d'étude a été construit dans l'optique d'offrir de l'eau
potable aux réfugiés et les populations locales. Au fond de cette
photo, nous observons plusieurs bidons alignés et des jeunes hommes qui
attendent puiser de l'eau à tour de rôle. En effet,
l'approvisionnement en eau se fait par ordre d'arrivée selon les clauses
définies à l'avance à savoir la priorité aux
premiers arrivés. Le nombre des bidons observés traduit aussi la
difficulté d'approvisionnement en eau potable dans ces localités.
In abstracto, le problème hydraulique est de taille dans ces
trois villes et nécessite une intervention.
En plus de cette borne fontaine, la commune de Garoua Boulai a
aussi construit d'autres points importants de forage. Il s'agit entre autre des
forages de Goza, sabal ville, Marché Central et Nandoungué.
107
Dans le même ordre d'idée, la commune de Bertoua
2ème a investi dans l'aménagement de plusieurs bornes
fontaines dont une au quartier Ti Ndamba, deux au quartier Samba
et un au Lycée Bilingue. Cependant, ne perdons pas de vue que les
bénéficiaires de ces investissements en ce qui concerne le volet
d'approvisionnement en eau potable sont les réfugiés et les
populations locales. En particulier, il s'agit des populations du quartier
Samba qui abrite un bon nombre des réfugiés centrafricains. Dans
le même ordre d'idée, la commune de Ngaoui a pu construire plus de
5 forages dans divers lieux. Il s'agit d'un forage chacun au quartier des
réfugiés et au centre de santé, ensuite de 3 autres dans
les villages Alhamdou, Wandé et Ngolo. Au total, les communes de
Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui ont construit et réhabilité
plusieurs forages et points d'eau comme nous pouvons le constater dans le
tableau suivant.
Tableau 8 : Nombre de forage construit par les communes de
Garoua, Bertoua et Ngaoui de 2008 à 2013
Communes
|
Nombres de forages construits
|
Total
|
Garoua Boulai
|
9
|
25
|
Bertoua
|
8
|
Ngaoui
|
8
|
Source : Collecte des données santé, DEUC
et DPNV 2012.
Le tableau 8 nous présente la répartition des
forages construits par les communes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui de
2004-2012. En effet, il faut préciser que la construction d'un forage
demande assez de moyen. Selon YaffoNdoé Esther, un forage coûte
à moyenne 900.000 à 1.500.000 FCFA. Ainsi, on remarque durant ces
douze années d'activité que les communes de ces trois villes ont
réalisé 25 forages pour une moyenne de 2 par an. Toutes ces
réalisations ont vu la contribution de ces trois communes. La
maintenance de ces points d'eau par les communes elles mêmes supposent
qu'il existe non loin des ouvriers spécialisés pour effectuer les
petites réparations sur les pompes et la
108
disponibilité des pièces de rechange. En clair,
il ressort que la construction des forages est un aspect capital dans le
secteur sanitaire car la réalisation de ces actions sous le couvert des
réfugiés centrafricains dans les communes de Garoua Boulai,
Ngaoui et Bertoua est salutaire pour tous. Cette situation a favorisé
depuis quelques années une baisse drastique des maladies liées
à l'eau. Celles-ci avant 2006 étaient les principales causes des
maladies et des décès qu'on enregistrait dans les centres de
santé en zone rurale.
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