5-Promotion du dialogue
Le dialogue reste un domaine important pour les
réfugiés centrafricains et les populations locales des villes de
Ngaoui, Bertoua et Garoua Boulai. En dépit de quelques relations saines
fondées sur les liens culturels et familiaux qui existent entre les
populations locales et les réfugiés de ces trois villes, il faut
noter que de manière générale, les relations qui nouent
ces deux groupes de personne sont dans la quasi-totalité des relations
conflictuelles. La présence des centrafricains dans les villes de Garoua
Boulai, Bertoua et Ngaoui est une réalité ancienne34.
Comme c'était le cas avec les réfugiés congolais qui
entraient en masse dans la ville de Bertoua dans les années 1990, les
réfugiés tchadiens qui ont déferlé à
Kousseri puis dans le Nord Cameroun entre 1979 et 1982, les
réfugiés centrafricains entraient en masse et s'installaient dans
les villes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui. Cette pénétration
ne s'est pas faite sans conséquences. On assiste alors à
l'augmentation des fréquences de vol et le foisonnement, la persistance
des maladies épidémies, les agressions, les prises d'otage et les
conflits agro-pastoraux. D'autre part, on note le refus de soumission des chefs
traditionnels centrafricains aux chefs locaux35, ils
33 Maire de Ngaoui.
34 Y. Zoctizum, 1983, p 30
35 Parmi les réfugiés centrafricains
qui sont installés dans les villes de Ngaoui, Garoua Boulai et Bertoua
figurent des chefs de 1er ou de 2ème degré
qui refusent de se laisser soumettre aux chefs locaux de 3ème
degré qu'ils ont rencontré dans leurs lieux d'installation.
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sont également hostiles aux camerounais qui
fréquentent les établissements construits par le HCR en leur
faveur. Tout ceci ne fera pas bon ménage entre les deux populations. Les
camerounais en retour, vont réagir contre ces actes
démesurés des centrafricains qu'ils considèrent d'ailleurs
comme des êtres vulnérables et inoffensifs. Cette situation va
alors dégénérer des conflits au sein de ces trois villes.
C'est dans cette optique que les communes ont pu jouer un rôle de
médiation entre ces deux populations.
Pour remédier dans la mesure du possible à cette
situation, les trois communes de notre zone d'étude vont user de la
médiation pour promouvoir la coopération entre les
réfugiés et les populations hôtes. En principe, la
médiation est généralement considérée comme
une méthode en dehors des influences juridiques, morales et culturelles
qui a pour objectif de permettre aux parties, accompagnées dans leur
réflexion par le médiateur, de trouver la solution la plus
satisfaisante36. A cet effet, ces trois communes ont souvent
organisé des rencontres pendants lesquelles, elles sensibilisent les
représentants des chefs réfugiés sur les droits et les
devoirs des réfugiés dans un pays. Elles lancent également
un appel à ces derniers sur le respect de l'éthique et de la
déontologie. Aussi, elles interpellent les chefs locaux au travers des
versets bibliques37 et coraniques à la tolérance et
à l'acception de ces peuples étrangers. Elles sensibilisent
également ces populations sur l'importance et la nécessité
d'accueillir les réfugiés centrafricains mais surtout sur les
risques38qu'ils courent s'ils ne le font pas.
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