CHAPITRE 3 : EVALUATION
ECONOMETRIQUE DE L'EFFET DES HAUSSES DE PRIX DES PRODUITS ALIMENTAIRES SUR LA
CONSOMMATION AU TOGO
L'objectif de ce travail est d'appréhender l'importance
de la hausse de prix des denrées alimentaires sur la consommation des
ménages au Togo. L'évaluation de cet impact se fera à
l'aide d'un modèle économétrique. A cet effet, il s'agira
alors d'estimer une relation entre l'état de bien - être
économique des ménages et la hausse récurrente des prix
alimentaires constatée au cours de ces deux dernières
décennies.
Et afin de s'affranchir des aléas dus à
l'application des méthodes de régression linéaire
classique sur des données évoluant dans le temps, les
développements récents sur l'économétrie des
séries temporelles seront utilisés.
3.1- Méthodologie
3.1.1- Modèle et
données
Dans la littérature économique, l'approche
traditionnelle et conventionnelle utilisée pour mesurer l'impact des
changements de prix sur le bien - être ou la consommation des
ménages, repose sur l'analyse d'effet de la variation des prix sur le
surplus du consommateur et/ou du surplus du producteur. De plus, du fait de la
nature ambigüe de certains ménages (à la fois producteurs et
consommateurs), un autre concept plus usuel fut développé, le
modèle de la variation compensatoire de Hickstout en intégrant
les extensions de Taylor (voir annexes).Cependant, en raison de
l'indisponibilité et de la difficulté des données
relatives aux différentes variables de cette méthodologie, la
notion de variation compensatoire établie par Hicks ne pourrait
être utilisée dans le cadre de cette étude.
Ainsi, du fait de toutes ces considérations et
del'intérêtdel'étude qui estd'évaluer et d'analyser
l'impact des hausses de prix des denrées alimentaires sur la
consommation des ménages au Togo, nous utiliserons un
modèlestructurel à équations simultanées. Une
relation nous permettra d'identifier les principaux déterminants de la
hausse des prix des denrées alimentaires ; et une
autred'évaluer l'impact de la flambée des prix sur la
consommation des ménages au Togo.La modélisation repose sur
l'hypothèse que l'évolution de la société en
générale et de l'économie en particulier, est
approchée par la description du comportement dynamique.
De manière synthétique, la consommation d'un
ménage, est déterminée par le revenu du ménage, les
prix des biens et services, l'indicateur de préférence pour la
consommation présente ou future, et éventuellement d'autres
variables socio - économiques.
En outre, l'évolution des prix des produits
alimentaires dépend d'un certain nombre de facteurs tels que les
facteursclimatiques (captés ici par la pluviométrie, PLU), les
facteurs conjoncturels (captés par les importations alimentaires,
MA ; et la production alimentaire domestique, PA), et les facteurs
structurels (captés par le PIB réel, PR). Ainsi nous essayerons
de voir l'influence de ces facteursdans l'explication de la hausse des prix des
denrées alimentaires dont l'indicateur est l'indice des prix
alimentaires (IPA), et leur impact sur la consommation (captée par les
dépenses de consommation finale des ménages, DCM).
On a donc :
En remplaçant l'équation [2] dans
l'équation [1],on obtient :
Cependant, en raison des soucis liés à la
stationnarité des variables, les indicateurs des différentes
variables de l'étude sont reconvertis en taux de croissance. Ce qui nous
permet de réécrire notre modèle structurel sous cette
forme :
En principe, une hausse de PLUdevrait entraîner une
variation positive de DCMsuite à de bonnes récoltes (PA) ;
et par conséquent une baisse de prix suivie d'une amélioration du
pouvoir d'achat. De même, une hausse de PR doit a priori
entraînerégalement une variation positive de DCM.Ensuite,
unevariation de la valeur totale des MA suite à un accroissement des
prix mondiaux des produits alimentaires, affecte d'une manière ou d'une
autre la valeur totale des dépenses de consommation des ménages.
Enfin, une production alimentaire nationale (PA) suffisante peut permettre de
faire baisser les prix de ces produits, et ceteris
paribusd'accroître la consommation.
La consommation d'un bien dépend de sa nature (bien
inférieur ou normal) et de sa valeur marchande. Pour un bien normal de
première nécessité (cas des denrées alimentaires),
il existe une relation négative en termes de quantités
consommées entre la valeur marchande et la consommation de ce bien.
Cependant en termes de valeur dépensées ou
déboursées, la relation est un peu mitigée. Tout
dépend de la nature des ménages (consommateurs ou producteurs
purs, pauvres ou riches, urbains ou ruraux, etc.)
Les séries sont disponibles en séries
trimestrielles à l'exception de DCM, PR,MA et PA. Et pour ces
séries, nous avons utilisé la procédure d'interpolation de
données trimestrielles à partir de données annuelles
proposée par Goldstein et Khan (1976).Les estimations sont donc faites
sur séries trimestrielles, couvrant la période allant de Mars
2000 à Septembre 2011.
Le choix des observations trimestrielles plutôt
qu'annuelles s'expliquent par notre souci de faire une analyse d'impact du plus
court terme ; car les délais d'ajustements et les anticipations
dans la consommation des ménages suite aux variations de prix des
produits, sont de courtes périodes (relativement moins d'un an).
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