2.2.4- La production agricole dans les PED
Les récentes fluctuations vertigineuses des prix des
produits alimentaires ont des causes structurelles durables moins
évidentes mais tout aussi importantes, et qui ont bel et bien
contribué aux graves problèmes de disponibilités
alimentaires. Ces facteurs structurels affectent surtout l'offre ; ce qui
constitue un frein pour de nombreux PED dans l'accroissement de la production
agricole afin de répondre à la demande supplémentaire de
produits alimentaires tant au plan national qu'international. Les facteurs
à l'origine de cette crise de la production ont de profondes incidences
sur la sécurité alimentaire et la pauvreté) dans les PED.
Le problème de l'offre en particulier au cours des deux
(2) dernières décenniestient fondamentalement au fait que la
productivité agricole a été relativement faible dans les
PED, voire en recul dans beaucoup de PMA - un signe du peu
d'intérêt qu'on a longtemps porté au secteur agricole. En
moyenne, la productivité agricole annuelle dans les PMA entre1961 et
2003 n'a évolué que de 0,1 %, contre 0,6 % environ dans les PED
dans leur ensemble (Shenggen, 2008). Dans les PMA et en
particulier ceux d'Afrique, ces faibles taux de croissance agricoles ont
été très préjudiciables pour la croissance
économique et la réduction de la pauvreté. Mêmedans
des grands PED à croissance rapide comme l'Inde, bon nombre
d'agriculteurs parviennenttout juste à assurer leur subsistance.De plus,
la rareté des investissements dans R&D dans la plupart des PED ne
permet pas d'espérer beaucoup plus du coté de l'offre.
C'est dire donc le secteur économique le plus sensible
sur le plan politique, économique et social reçoit un soutien des
moindres au niveau des pays (Christiaensen, 2009). Plus particulièrement
dans les PED, ce soutien est largement insuffisant et limité en termes
de ressources intérieures, même si elle contribue respectivement
à plus de 40 et 60% au PIB réel et à l'emploi. Et c'est
à juste titre qu'en ce qui concerne l'Afrique, la session des Chefs
d'Etats et de Gouvernements de l'UA tenue en 2008 à Maputo,
recommanda chaque Etat membre d'allouer au moins 10% de leur budget pour
l'épanouissement et le développement du secteur agricole.
2.2.5- Cas particulier du
Togo
Au vu de la littérature existante sur les sources et
déterminants de l'instabilité des prix alimentaires, une
variation positive et récurrente des prix des denrées
alimentaires au Togo, est en partie due aux facteurs de sources
exogènes.
En effet, le Togo est un pays tropical ;
bénéficiant ainsi d'un bon climat propice pour la production
agricole. Les pires périodes sont celles des graves inondations et
sécheresses, qui heureusement arrivent rarement. Les besoins en produits
vivriers locaux sont largement assurés par la production locale,
à l'exception du riz. Cependant, la nature de la production locale, ne
permet pas de couvrir tous les besoins alimentaires de la population
togolaise ; d'où le recours à l'extérieur pour
compenser le déficit. Dès lors, et sur la base de toutes ces
affirmations et en faisant abstraction des effets indirects,
l'instabilité des prix alimentaires au Togo, est de sources
importés (l'environnement internationale) ou aléatoires (les
aléas climatiques). En d'autres termes, elle est due aux facteurs de
l'offre et de la demande des principales denrées alimentaires
d'importations (blé et composantes, sucre, huile végétale
industrielle, riz, viande, etc.).
Les sources importées sont essentiellement imputable
à des problèmes de disponibilités de ces
différentes denrées d'importation sur le marché mondial,
qui s'expliquent à la fois par des facteurs structurels et
conjoncturels. Et au titre des facteurs structurels, on pourrait mentionner
l'augmentation croissante de la demande, en particulier dans les pays
émergents où la hausse substantielle des revenus des
ménages sur les ménages s'est accompagnée d'une
modification des habitudes alimentaires ; et l'utilisation accrue de
certains produits alimentaires pour la fabrication de biocarburants. En outre,
les facteurs conjoncturels sont essentiellement liés aux facteurs
climatiques observés au cours de cette dernière décennie
induisant une baisse de récoltes dans les principaux pays exportateurs,
accompagnées au cas échéant de mesures de restrictions aux
exportations ; et au dépôt des fonds spéculatifs sur
les marchés mondiaux des matières agricoles de base dans un
contexte de crise sur les marchés financiers.
Enfin, on pourrait également mentionner le
renchérissement des coûts de production et de l'énergie en
réponse aux flambées des cours du baril de pétrole. En
effet, les tensions observées sur les cours du pétrole brut
depuis le début du troisième millénaire se sont
accentuées voire exacerbées tout au long de cette dernière
décennie, et même atteignant un niveau historique de 147 $US en
Juillet 2008.
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