2.2.2- Spéculation et restrictions à
l'exportation sur le marché des denrées alimentaires
La spéculation sur les contrats à terme des
marchandises entraîne - t - elle une augmentation de la volatilité
des prix sur les marchés alimentaires ? Certains économistes
répondent que non, suggérant plutôt que les marchés
à terme ont un effet stabilisateur, puisque les commerçants se
contentent de réagir aux signaux donnés par les prix qui
dépendent des fondamentaux du marché. De cette façon, la
spéculation pourrait même accélérer le processus de
découverte d'un prix d'équilibre (Friedman, 1953 ; De Jasay,
2008).Cette théorie ne fonctionne cependant pas en présence
d'investisseurs qui suivent la tendance ou d'investisseurs qui ont un pouvoir
de marché élevé. Par exemple, à court terme,
uninvestisseur pourrait être attiré par les possibilités
offertes par la tendance à la hausse des prix des produits bien que
cette augmentation ne puisse être fondée sur aucune donnée
fondamentale. Ces idées spéculatives pourraient renforcer la
tendance et faire augmenter le prix à terme plus haut que son
véritable cours d'équilibre, surtout si de nombreux investisseurs
suivent la même tendance («effet de mimétisme»)
ou si ceux qui investissent ont suffisamment de fonds pour influencer le
marché (Lieberman, 2008).
L'afflux de capitaux spéculatifs dans le secteur des
produits de base (y compris les denrées alimentaires) sur un
marché mondial de plus en plus interconnecté est un autre
facteur. Il apparaît de plus en plus probable que l'envolée
mondiale des prix des produits alimentaires est liée à
l'instabilité et aux turbulences récentes constatées sur
les marchés financiers, hypothécaires et immobiliers de la
plupart des pays développés. Les spéculateurs à la
recherche d'actifs promoteurs, ont réorienté leurs portefeuilles
vers les biens alimentaires (contrats d'arbitrage sur indices, contrats
à terme et contrats d'option sur les produits de base).Cette situation
incita certains pays à entreprendre la limitation d'une manière
directe ou indirecte leurs exportations de produits alimentaires,
afind'accumuler des stocks nécessaires devant permettre de
répondre temporairement aux besoins du marché intérieur
(Christiaensen, 2009).Malheureusement, l'adoption de ces politiques ont
exacerbé plus encore les marchés régionaux et mondiaux des
produits alimentaires, et réduire l'offre mondiale de ces
produits.Raisonnant dans la même logique, l'agenceIFPRI trouve que
l'accroissement de la production de biocarburants et du prix de pétrole,
la dépréciation du dollar américain, les restrictions
à l'exportation, et les achats de panique, sont identifiés comme
facteurs majeurs concourant à faire varier les prix. Une autre
étude de Joe Glauber (Economiste en chef de l'USDA, 2008) sur le
rôle joué par des restrictions à l'exportation lors de la
crise alimentaire de 2007/2008, trouve que celles - ci ont contribué
à hauteur de 20% à l'envolée des prix du blé.
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