77
Les échecs récurrents des politiques de
développement que connait le Cameroun ont conduit le gouvernement
à intégrer depuis les années 1980 -1990, une approche
managériale de l'espace public où, la société
civile occupe une place stratégique de Co-gestionnaire. Il s'agit d'une
mise en réseau qui voudrait adapter les initiatives de l'Etat aux
besoins des populations. Pour ce faire, la société civile se doit
d'être renforcée techniquement et structurellement. C'est dans
cette mesure, que l'UE dans ses liens de coopération internationale avec
le Cameroun, a financé l'IXème FED le PASOC. Il s'est agi de
manière spécifique de renforcer la société civile,
afin que celle-ci soit effectivement partie prenante dans le cadre de la lutte
contre la pauvreté et le développement socio-économique.
Ce qui nous a conduit à mener une étude portant sur
la coopération internationale et l'appropriation par les OSC
des cadres de concertation avec l'Etat au Cameroun : cas du PASOC dans la ville
de Yaoundé. Laquelle étude a été
soutenue par cette problématique : dans quelle mesure les OSC
s'approprient-elles les facilités mises sur pied par le PASOC afin
d'accroître leur participation dans la mise en oeuvre du
développement social et économique ? De cette
problématique, découle une hypothèse centrale à
savoir : les actions entreprises par le PASOC sur le terrain ont
été effectives mais, l'appropriation par les OSC des
mécanismes de concertation avec l'Etat reste perfectible ; et trois
hypothèses secondaires, a) le faible degré d'appropriation
s'explique par le fait que les activités du PASOC ont été
réalisées sans une prise en compte véritable des
réalités spécifiques des OSC ; b) le faible niveau
d'appropriation des mécanismes de concertation est dû à la
fois de l'inadéquation de la centralité étatique et des
objectifs du Programme sur les attentes véritables des OSC ; c) le
faible degré d'appropriation des mécanismes de concertation par
les OSC s'explique par le fait que les composantes du programme qui leur
étaient transmises dans les régions par les OR n'ont pas
été bien maîtrisées par ceux-ci.
La vérification de ces hypothèses a obéi
à un processus méthodologique allant de la collecte des
données à l'analyse de celles-ci. Les techniques de collecte ont
été la recherche documentaire, l'entretien et l'observation. Les
grilles ayant permis d'analyser les informations ainsi collectées sont
l'analyse stratégique et l'interactionnisme.
De cette analyse, il résulte la confirmation de notre
hypothèse centrale car, si sur le terrain les activités
entreprises par le PASOC ont été effective, il convient de
reconnaître que deux années après la mise en oeuvre du
programme, son appropriation par les OSC quant aux mécanismes de
concertation avec l'Etat pour leurs apports sur développement
socio-économique reste faible. Cela a été perçu par
la confirmation de nos deux premières hypothèses secondaires. La
traduction de cette confirmation est manifeste par des difficultés
78
d'ordre organisationnel, structurel, technique et
opérationnel. On peut ainsi noter, la présence un peu trop
centrale de l'UGP sur le processus décisionnel, le déploiement
des activités malgré le caractère précaire et
néo patrimonial de certains OSC, l'absence d'un comité
d'éveil post-programme sur le dynamisme des OSC. De manière
technique et opérationnelle, il faut souligner la
précarité des outils et instruments de travail au sein des OSC et
surtout la culture de l'Etat providence dans ville de Yaoundé lors des
plaidoyers émis par les OSC. Toutefois, si la troisième
hypothèse secondaire nous a été infirmée du fait
que les OSC ont reconnus avoir été bien encadré sur les
composantes, relevons néanmoins que la limitation des OR aux simples
prestations dans les régions, n'a pas constitué un avantage
probant sur l'appropriation par les OSC des mécanismes de
concertation.
Néanmoins, si les résultats de cette
étude se présentent comme tels, il n'en demeure pas moins que
notre étude a des limites. La principale étant le fait qu'elle
n'a pas été étendue dans toutes les régions or, le
programme se voulait à portée nationale. Ainsi, il convient de
relever que les résultats qui en découlent ne peuvent pas
être extrapolés de manière systématique à
tous les acteurs touchés par le programme. Il se pose alors un
réel problème de représentativité.
Cependant, si le déficit des politiques de
développement au Cameroun peut s'éradiquer par l'implication de
la société civile pour une cogestion des affaires publiques
allant dans le sens du développement socioéconomique, relevons
que l'apport du PASOC pour appuyer les initiatives de la société
civile s'avère très nécessaire. Ainsi, appuyer la
société civile pour qu'elle puisse véritablement
s'approprier des mécanismes de concertation avec l'Etat, implique certes
les activités déployées par le programme, mais
nécessite aussi et davantage des aménagements organisationnels et
techniques. Les aménagements organisationnels dont il question ici se
matérialisent par une approche débouchant sur une
adéquation entre les activités des OSC et leurs subventions, une
approche débouchant sur l'autonomisation financière des OSC ; un
processus d'accompagnement adapté aux spécificités des OSC
dans les régions ; l'instauration d'une gouvernance au sein des OSC et
la maximisation des logiques de capitalisation via la prise en compte des
expériences issues des programmes précédents. Quant aux
aménagements techniques, il est impératif d'accroître les
capacités techniques et financières des acteurs ; appuyer et
encourager les recherches sur la société civile afin de garantir
une banque de données sur les OSC.
79