SECONDE PARTIE : LES DIFFICULTES D'APPLICATION DES
INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES
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L'application des textes juridiques internationaux relatifs
à la lutte contre les changements climatiques n'est pas aisée,
car il existe de nombreuses difficultés. Ces difficultés sont
observables dans tous les pays quel que soit leur niveau de
développement. La lutte contre les changements climatiques est
considérée comme une préoccupation de trop. Cela
entraîne dès lors une charge de plus. Si les pays
développés ne sont pas épargnés de ces
difficultés, il convient de relever que cet état des choses est
accentué dans les pays en développement tel que le Cameroun. En
effet, le Cameroun comme la plupart des pays en développement fait
encore face de manière, avec difficulté, aux problèmes
existentiels, tels que la réduction de la pauvreté à
travers le développement économique. L'objectif de
réduction de la pauvreté n'ayant pas encore été
atteint, on a du mal à admettre que vienne s'ajouter celui sur les
changements climatiques. L'application des instruments juridiques
internationaux y relatifs se limite-elle à la seule volonté du
Cameroun ? De cette interrogation, l'on retient que le processus d'application
des textes juridiques internationaux fait face à nombreuses
insuffisances (Chapitre III), lesquelles sont accentuées par de nombreux
obstacles (Chapitre IV).
CHAPITRE III : L'INSUFFISANCE DES MOYENS
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On entend par moyen, ce qui sert à parvenir à
une fin. Ainsi, les moyens constituent un élément indispensable
pour atteindre le résultat escompté. Le terme « moyen »
est générique. Dès lors, par moyen on peut retenir les
ressources financières, la technologie, les ressources humaines. Dans le
cadre de l'application par le Cameroun des instruments juridiques
internationaux de lutte contre les changements climatiques, cette acception
large du terme moyen est de mise. En effet, l'application et le contrôle
de l'application de ces textes nécessite beaucoup de moyens dont la
disponibilité n'est pas toujours assurée. L'application de ces
instruments est un véritable chantier. Le Cameroun étant un pays
en développement, les moyens consacrés à l'application des
textes internationaux de lutte contre les changements climatiques sont
insuffisants. Cette insuffisance de moyens peut-elle plomber l'application de
ces textes ? L'insuffisance de moyens devrait-elle être un alibi pour un
Etat de se soustraire à ses engagements internationaux ? Il est certes
vrai que certains traités environnementaux, notamment ceux relatifs
à la lutte contre les changements climatiques, prévoient des
mécanismes d'assistance lorsqu'un Etat se retrouve en difficulté
dans l'application des instruments juridiques de lutte contre les changements
climatiques. Mais il n'en demeure pas moins que la responsabilité de
l'Etat défaillant peut être engagée. Avant toute chose, il
conviendra d'étudier l'ensemble des insuffisances dans l'application par
le Cameroun des instruments juridiques internationaux de lutte contre les
changements climatiques. Ainsi, l'on abordera les insuffisances des moyens
techniques et technologiques (Section I) et l'insuffisance de moyens financiers
(Section II).
SECTION I : L'INSUFFISANCE DES MOYENS TECHNIQUES ET
TECHNOLOGIQUES
Les moyens techniques et technologiques sont
indéniables pour la réalisation des actions aussi importantes que
celles relatives à l'application des instruments juridiques
internationaux de lutte contre les changements climatiques. Cependant, le
Cameroun, comme la plupart des pays en développement, fait face à
l'insuffisance de moyens. Le climat est un domaine complexe à plus d'un
titre. D'abord, le phénomène climatique est naturellement
dynamique, ce qui engendre la discorde entre les chercheurs sur causes
(anthropiques ou naturelles) des variations du climat. En plus, l'étude
des facteurs climatiques requiert beaucoup de moyens techniques et
technologiques. Les conséquences des changements climatiques ont un
champ d'application très large. En effet, les conséquences
climatiques exposent aux vulnérabilités économiques,
écologiques, sociales voire politiques. A titre de rappel, la
stratégie de lutte contre les changements climatiques adoptée
dans les instruments juridiques y afférents s'articule autour de la
réduction des émissions des GES et de l'atténuation des
conséquences climatiques. Ainsi, pour l'application de ces textes, le
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Cameroun lance des plans d'action, des programmes, des
projets. Tout ceci nécessite des moyens techniques et technologiques
dont il ne dispose pas toujours. Pour y remédier, le Cameroun a recours
à l'aide des pays développés et les bailleurs de fonds
internationaux. Cette aide est-elle de nature à combler les
insuffisances du Cameroun dans ce domaine ? Assurément non. Dès
lors, il conviendra d'étudier l'insuffisance des moyens techniques
(Paragraphe I), pour s'appesantir sur l'insuffisance des moyens technologiques
(Paragraphe II).
Paragraphe I : L'insuffisance Des Moyens Techniques
Les moyens techniques sont importants dans le processus
d'application des instruments juridiques internationaux de lutte contre les
changements climatiques, dans la phase opérationnelle. Cependant, les
pays comme le Cameroun font face à une carence de tels moyens.
Conviendra-t-il de ce fait d'étudier les limites portant sur
l'observation du climat (A), en sus l'on abordera les insuffisances dans
l'atténuation et l'adaptation (B).
A. Les moyens limités d'observation de
l'évolution du climat
Pour une bonne application des instruments juridiques
internationaux de lutte contre les changements climatiques, le Cameroun doit
maîtriser les données météorologiques, lesquelles
permettent le suivi de l'évolution du climat. Pour la maîtrise de
ces données, le Cameroun s'est doté d'un service
météorologique. Ce service est logé au Ministère
des Transports, certainement à cause de l'importance qu'il joue dans la
navigation aérienne. Pour compléter l'action du service
météo, l'Observatoire National des Changements Climatiques
(ci-après : «ONACC ») a été
créé en 2009 par décret présidentiel. Cet organisme
autonome recueille et stocke les données du climat. Si l'observation du
climat s'enrichit de nouveaux outils, il convient néanmoins de rappeler
par exemple que ces moyens demeurent insuffisants. Ainsi, l'on pourrait
rappeler par exemple que la couverture du territoire camerounais par les
stations météo est un leurre. En plus, lorsqu'elles existent, le
matériel utilisé n'est toujours pas de pointe. En effet, selon
les responsables du Service météo de la région du
Littoral, la crise économique qui a sévi au Cameroun dans les
années 1980 et 1990 n'a pas épargné le service
météo. En réalité, d'après leurs dires, la
Région du Littoral compte seulement quatre (04) stations
météo, à raison d'une station par département. En
plus de cette insuffisance quantitative, il convient de rappeler, selon leurs
termes, que ces stations sont devenues obsolètes. Certaines stations,
comme celle d'Edéa ont été mises en arrêt à
cause des pannes entre de 2012 à 2014. Néanmoins, des efforts
sont faits pour remédier à cette situation. Ainsi, de nombreuses
stations ont été réhabilitées. De plus, les
stations manuelles sont soit remplacées, soit appuyées par les
stations automatiques. Actuellement, on dénombre vingt (20) stations
automatiques dans tout le Cameroun. Cependant ces efforts demeurent
insuffisants.
Pour ce qui est de l'aspect des ressources humaines, il y a un
véritable problème. En effet, à cause de la crise
économique, les recrutements avaient été suspendus dans
bien des secteurs, y compris dans le secteur de la météorologie.
Selon les responsables du service météorologique du Littoral,
depuis 1985 des recrutements n'ont pas eu lieu, ce jusque dans les
années 2010 où le recrutement des ingénieurs et agents de
météorologique a été effectué. Avant cette
période, même les agents retraités n'auraient pas
été remplacés. Cette insuffisance
d'effectif pourrait être corrigée par la
présence de stations automatiques dont le nombre demeure jusqu'ici
insignifiant. De plus, il y a un souci de qualification des personnels
météo. Cet handicap est de nature à mettre à mal la
volonté du Cameroun à appliquer les instruments juridiques
internationaux de lutte contre les changements climatiques. Car pour atteindre
ses objectifs de réduction des émissions de GES, le Cameroun doit
pouvoir observer ses données météorologiques. Les moyens
d'observation étant limités, ce qui compromet les actions
d'atténuation des émissions ou encore les actions d'adaptation.
Par ailleurs, lorsque bien même les données
météorologiques sont relevées, leur conservation pose
d'énormes problèmes. En fait, selon les responsables du service
météo du Littoral, il y a un véritable problème
d'archivage. Les données météo continuent d'être
conservées en support physique, ce qui rend difficile leur exploitation.
Il serait judicieux que l'on procède à leur
numérisation.
Si les moyens d'observation sont insuffisants, il en va de
même des moyens d'atténuation des émissions de GES et
d'adaptation aux effets des changements climatiques.
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