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L'application par le Cameroun des instruments juridiques internationaux de lutte contre les changements climatiques.

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par Dieudonné MEVONO MVOGO
Limoges, France - Master II Droit International et Comparé de là¢â‚¬â„¢Environnement ( DICE) 2016
  

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B. Le contrôle juridictionnel national

Le contrôle juridictionnel de l'application des normes internationales se fait également devant les juridictions des Etats parties. Au Cameroun, ce contrôle est possible en matière environnementale en général ; il peut aussi en être en matière d'application des instruments juridiques internationaux de lutte contre les changements climatiques. En somme, la lutte contre les changements climatiques fait partie de la protection de l'environnement. Les contrôles que peuvent effectuer les juridictions nationales portent soit sur le contrôle des actes d'application, soit sur les manquements qu'on pourrait observer à l'application.

Quant au contrôle de conformité des actes d'application, il est question de répondre à la question de savoir si les actes juridiques pris dans le cadre de l'application des instruments juridiques internationaux sont en conformité avec les normes supérieures. Cela donne lieu à au moins deux contrôles : le contrôle de constitutionnalité qui se fait a priori et par voie d'action en droit camerounais. L'initiative de ce contrôle est au demeurant l'apanage d'autorités limitativement énumérées dans l'article 47, alinéa 2 de la constitution. Ainsi, avant l'entrée en vigueur d'un traité ou d'une loi, un contrôle de sa conformité est possible68. L'autre contrôle est celui de légalité. Celui-ci relève essentiellement de la compétence de la juridiction administrative. A ce niveau, il s'agit en réalité de vérifier la conformité des règlements à la loi ou tout simplement à un autre qui lui est supérieur. Dans ce domaine particulier du contrôle de l'application des instruments juridiques de lutte contre les changements climatiques au Cameroun, la saisine des juridictions par les particuliers est faible. Cela serait en partie dû à la rareté des textes juridiques d'application des instruments de lutte contre les changements climatiques. Toutes choses qu'il convient de déplorer, ce d'autant plus que les traités climatiques sont des conventions-cadres, c'est-à-dire des textes foncièrement programmatoires et donc non précis et non détaillés, ce qui les rend de ce fait non self-executing. Cependant, les tribunaux statuent sur de nombreux litiges portant sur l'exploitation illégale de la forêt69.

Mais l'on pourra ranger cette carence dans les conséquences de l'ignorance et du désintérêt qui caractérisent une franche de la population camerounaise en matière environnementale et notamment de changement climatique. En effet, si l'action des ONG est louable dans ce domaine, il faut tout de même relever qu'il est rare que les individus intentent collectivement une action en justice contre l'Etat ou toute autre personne publique pour engager leurs responsabilités en matière climatique comme ce fut le cas au Pays Bas. Or c'est une aubaine ouverte dans le système judiciaire camerounais. En fait, les parties ont le droit d'ester en justice pour engager la responsabilité de leur Etat lorsque celui-ci a failli à son

68 Confer article 74 alinéa 1 et 2.

69 Selon le Communiqué n°_0121_/C/MINFOF/CAB/BNC du _28 juillet 2016_, il y a en instance plusieurs affaires pendantes pour le compte du deuxième trimestre 2016 : certaines en cours d'exécution, d'autres faisant l'objet de voie de recours. Globalement, c'est l'exploitation forestière non autorisée en violation de la 94/01 du 20 janvier 1994 sus évoquée dont il est question dans ce document (exemple : CCJA d'Abidjan, Etat du Cameroun (MINFOF) c/ Sté HAZIM et Cie. Cette a été jugée le 14 juillet 2016). Il s'agit d'un arrêt de rejet pour irrecevabilité du recours en révision formé contre l'Arrêt rendu par la Cour de céans le 04/02/ 2014.

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obligation d'appliquer un instrument international. Ainsi, une absence d'une mesure d'application ou encore l'adoption de mesures inadéquates peut engager la responsabilité d'un Etat.

Le contrôle juridictionnel opéré au niveau national et international est renforcé par le contrôle non juridictionnel.

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