Paragraphe II : Les facteurs conjoncturels du
caractère secondaire de la protection de l'environnement dans le
processus d'intégration de la CEMAC
Le rythme de l'intégration de la CEMAC est tributaire
du contexte qui prévaut. En effet, le contexte en Afrique Centrale
influence la place de la protection de l'environnement dans le processus
d'intégration dans la mesure où les actions de la
Communauté subissent les effets des phénomènes,
fussent-ils extérieurs aux politiques communautaires. Ainsi, certains
facteurs structurels ou événementiels sont susceptibles de
contribuer à la marginalisation de la protection de l'environnement, ou
du moins, favoriser à la négliger, voire à la
délaisser. En réalité, le contexte économique n'est
pas de nature à faire de la protection de l'environnement une
priorité dans le processus d'intégration de la CEMAC (A), de
plus, il en est le cas du contexte politique et social (B).
3. soutenir la tenue par les pays africains de leurs
engagements en vertu des conventions environnementales mondiales et
régionales et des autres instruments juridiques dont ils sont parties
;
4. Améliorer les capacités humaines et
institutionnelles des pays africains de relever efficacement les défis
environnementaux posés au continent ;
5. Promouvoir l'intégration des questions
environnementales aux stratégies de réduction de la
pauvreté ;
6. Favoriser la coopération régionale et sous
régionale pour relever les défis environnementaux ;
7. Bâtir un réseau de centres régionaux
d'excellence en science et en gestion environnementale ;
8. Motiver et diriger les communautés scientifiques et
techniques africaines et internationales pour résoudre les
problèmes environnementaux pressants de l'Afrique ;
9. Améliorer la participation efficace des groupes
africains majeurs et leur contribution importante à informer la prise de
décision gouvernementale ;
10. Améliorer le cadre institutionnel de gouvernance
environnementale régionale ;
11. Mobiliser les ressources internationales pour la mise en
oeuvre de l'initiative environnementale du NEPAD ;
12. Fournir un cadre de partenariat entre les pays africains
eux-mêmes et avec leurs partenaires bilatéraux et
plurilatéraux, en particulier les institutions financières
plurilatérales comme le FEM, conformément à l'esprit et
à la lettre de la déclaration du millénaire des Nations
Unies.
32
A. LE CONTEXTE ECONOMIQUE COMME FACTEUR DE LA PRISE EN
COMPTE ACCESSSOIRE DE LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT DANS L'INTEGRATION
CEMAC
L'espace CEMAC se caractérise par la
quasi-uniformité des économies des Etats membres. En effet,
décolonisés pour la plupart dans les années 1960, les
économies des Etats membres de la CEMAC sont toutes à l'entame du
processus d'industrialisation. Aussi, ces pays sont caractérisés
par un sous-développement (1) qui limite leurs moyens (2) pour
protéger l'environnement.
1. Le sous-développement des pays de la
région
Comme la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne, les
Etats membres de la CEMAC sont des pays sous-développés. A ce
effet, ces pays privilégient le développement économique
par l'industrialisation qui, espèrent-ils, contribuera à
réduire la pauvreté. De plus, le sous-développement a de
multiples implications, en effet, dans un contexte de
sous-développement, l'éducation n'est pas la chose la mieux
partagée. Dès lors, par ignorance, les préoccupations
environnementales sont redoutées. Aussi, le facteur culturel n'est pas
à négliger ici, car les leaders communautaires actuels ont
reçu une éducation qui marginalisait les questions
environnementales. Si aujourd'hui des efforts sont constatés quant
à la prise en compte de la protection de l'environnement, il n'en
demeure pas moins que l'on n'est pas près de la situation où
l'environnement serait une question centrale dans une organisation
d'intégration économique comme la CEMAC, comme cela est le cas
dans l'Union Européenne.
2. L'insuffisance de moyens
La protection de l'environnement induit des dépenses
considérables. Au sortir des indépendances, les pays en
développement s'étaient engagés à exploiter leurs
ressources naturelles, pour relever le niveau de vie de leurs populations et
rattraper le retard qu'ils accusent par rapport aux sociétés
occidentales100. Sauf qu'il s'en suivra une exploitation abusive de
ces ressources. Dès lors, au lieu de réduire la pauvreté,
ces exploitations vont plutôt causer plus de tort. Les gouvernements
africains ont pris conscience de cette réalité101,
ainsi ont-ils finalement opté pour le développement durable.
En réalité, cette nouvelle gouvernance implique
que tout développement économique tienne compte des
préoccupations environnementales. La Communauté a adopté
cette pratique dans son arsenal normatif. Néanmoins, la
difficulté se pose au niveau de la mise en oeuvre effective de ses
mesures. Le développement durable signifie qu'en plus des
dépenses nettes
100 Gilles FIEVET, « réflexions sur le concept de
développement durable : prétention économique, principes
stratégiques et protection des droits fondamentaux », Revue
Belges de Droit International, 2001/1-Editions Bruylant, Bruxelles,
pp.129-184 (spéc.129).
101 Nicole Rose SIME, op. cit., p.175.
33
d'un programme ou projet, il doit être prévu des
ressources pour endiguer les impacts environnementaux. Par ailleurs, les
programmes spécifiquement environnementaux nécessitent beaucoup
de moyens. Le but pour nous n'est pas de relever que cette dépense n'est
pas nécessaire, loin de là ; le constat est en
réalité clair, pour des sociétés encore sous
développées, c'est une dépense difficilement supportable.
Car la protection de l'environnement implique des dépenses colossales,
de plus, elle requiert une technologie de pointe, laquelle n'est pas à
la solde du premier venu. On comprend dès lors pourquoi, pour ces pays,
les questions environnementales doivent-elles d'abord laisser de la place aux
préoccupations économiques.
En définitive, le contexte économique a
été présenté comme facteur de la prise en compte
accessoire de la protection de l'environnement dans le processus
d'intégration de la CEMAC, maintenant, il convient d'évoquer le
contexte politique et sécuritaire.
|