1.4.2.2.SELON L'ORIGINE
Les origines des situations minoritaires sont très
diverses et donnent lieu aux types caractéristiques
ci-après :
1° Minorités immigrées
Connues sous les vocables de
« diasporas » et de « nouvelles
minorités », elles sont constituées de personnes
étrangères et d'autres ayant acquis la nationalité du pays
d'accueil.En République Démocratique
du Congo, compte dûment tenu des théories
développées plus haut, nous pouvons remarquer que seuls les
Pygmées sont constitutifs d'une véritable minorité, par le
fait pour eux, d'être en marge du monde contemporain, et donc du
processus classique du progrès social.
Ajoutons aussi qu'à notre avis, les Tutsis
congolais (connus sous le nom de Banyamulenge) qui ont tant
défrayé la chronique des médias ne sont,
représentés au parlement et au gouvernement. Ils tiennent des
postes de haut commandement au sein de l'armée, la police, les
entreprises et services publics de l'Etat, bref, ils participent
quotidiennement à la gestion de la cité. Ils constituent une
minorité à proprement parler. Par ailleurs, même si l'on ne
s'en tenait qu'au facteur numérique, les BANYAMULENGE sont de loin
majoritaires par rapport aux BWARI et aux NYINDU (dans le Sud Kivu), aux TEMBO
(dans le Nord Kivu), aux TABWA (dans le Katanga), etc.
Comme l'indique le vocable même de
minorités, les groupes examinés ci-dessus se trouvent en
général dans une position de faiblesse, si ce n'est de
sujétion, par rapport à la majorité et à l'Etat qui
la représente. En vertu de l'adage selon lequel, entre le faible et
le fort, c'est la liberté qui opprime et la loi qui libère,
l'idée d'une protection spécifique des minorités, leur
accordant des droits spéciaux, revêt alors une grande
importance.
2° Minorités par essence
On nomme parfois ainsi des groupes,
généralement de petite dimension, qui ont toujours vécu en
situation minoritaire et se sont eux-mêmes toujours reconnus comme
minoritaires. Tel est le cas des Allemands de Lettonie, des Russes du
Kazakhstan.
3° Minorités par contingence
Il s'agit de groupes qui sont devenus minoritaires du
fait des hasards de l'histoire, le plus souvent un déplacement des
frontières consécutif suite à une guerre ou à un
partage de territoire. A titre d'illustration, les traités
consécutifs à la première guerre mondiale, en morcelant
les empires austro-hongrois et Ottoman, ont ainsi donné naissance
à un grand nombre de telles minorités.
4° Minorités historiques
Les minorités historiques sont installées sur le
territoire de l'Etat dès avant sa constitution. On parle
également de peuples autochtones, désignant en
général des peuples habitant depuis les temps immémoriaux
une certaine région et qui, en raison des circonstances diverses ont
conservé l'essentiel de leur mode de vie traditionnel. Vivant le plus
souvent en petits groupes, ils recourent à des procédés de
subsistance archaïques (cueillette, chasse, ...) et manifestent une
difficulté, sinon une absence de volonté de s'intégrer au
monde « contemporain ».
Les Maoris de Nouvelle
Zélande, les Pygmées d'Afrique Centrale ou les Indiens du
Mato-Grosso brésilien entrent dans cette catégorie.
5° Minorités dispersées
Le terme de minorités dispersées
s'applique à des groupes ethniques, géographiquement
répartis au sein d'un (ou de plusieurs) environnement (s) majoritaire
(s) différents, souvent dotés d'une forte conscience identitaire
mais incapables, du fait de leur dispersion, de réclamer une quelconque
autonomie territoriale.
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