1.4.2. TYPES DES MINORITES
Maints efforts ont été fournis, en dépit
des difficultés, autour de la définition des minorités.
Ils ont débouché sur la typologisation de ces dernières
soit selon leur nature, soit selon leur origine.
1.4.2.1.SELON LA
NATURE
Les caractéristiques objectives retenues dans la
définition des minorités ont aidé à regrouper
les types minoritaires sous les étiquettes suivantes :
1° Minorités religieuses
Ce sont évidemment à priori les plus faciles
à définir. En Italie, les protestants constituent ainsi une
minorité religieuse comme les chrétiens le sont au Liban ou les
Bouddhistes en France. Ceci étant, cette simplicité n'est
qu'apparente et de nombreuses nuances viennent compliquer l'analyse. Ainsi, en
Hongrie, les Juifs refusent par exemple d'être considérés
comme une minorité, alors que leurs homologues de la toute proche
Ukraine subcarpathique revendiquent au contraire cette qualité.
(PLASSERAUD Y., 1978 : 1).
2° Minorités culturelles
Les spécialistes ont forgé le terme de
« minorité culturelle », dans les années
mille neuf cent, pour combler un vide dans la terminologie existante. Il
apparaissait en effet difficile d'identifier un groupe comme les Juifs qui
vivent en diaspora (si l'on fait abstraction de l'Etat d'Israël), n'ont
pas de langue commune et sont évidemment loin de se réclamer tous
d'une appartenance religieuse. Et pourtant, ils existent et ont une conscience
communautaire.
3° Minorités linguistiques
Comme les minorités religieuses, les minorités
linguistiques sont à priori faciles à définir. Il s'agit
de groupes parlant une langue différente de celle de la majorité.
Les Galiciens en Espagne, les Assyro-Chaldéens en Irak, les
Karaïmes en Lituanie ou les Berbères en Algérie sont des
minorités linguistiques.
Cependant, dès que
l'on y regarde de plus près, la situation se complique. Qu'en est-il par
exemple dans les cas fréquents de diglossie où la langue de
référence est en voie d'érosion sous l'effet d'une
politique assimilatrice de l'Etat dominant ? Ceux qui perdent
progressivement l'usage de la langue cessent-ils d'appartenir au groupe ?
Les Karaïmes en voie de lituanisation avancée appartiennent-ils
encore à la minorité linguistique karaïme ? Telles sont
les questions proposées par Yves PLASSERAUD(consulté le
22 fevrier 2016) pour conclure à la complexité de la
situation et pense que cette langue mérite
une protection.
4° Minorités ethniques
Une minorité ethnique est une entité
sociétale de niveau sub-étatique vivant au sein d'un Etat. Il
existe deux catégories de minorités ethniques :
a) Minorités nationales
Selon A.L. SANGUIN(1982 :4) la
minorité nationale est une collectivité vivant à
l'intérieur des frontières d'un Etat, mais dont l'ethnie, la
langue, les coutumes relèvent d'un autre Etat, en général
voisin. Quant à Guy
HERAUD(1978 :34) dont la définition est
aujourd'hui largement reçue, la minorité nationale est une
collectivité vivant au sein d'un autre Etat que l'Etat éponyme et
dont les membres sont « conscientisés »,
c'est-à-dire, ont le « sentiment d'appartenir à
une nation qui n'est pas la nation support de l'Etat ».
Le « minoritaire national » se
sentirait ainsi étranger dans l'Etat où il vit et son
aspiration profonde serait la sécession soit pour constituer son propre
Etat, soit pour rejoindre un Etat homo-ethnique. Le cas échéant,
cette minorité se contentera temporairement de l'autonomie. Les exemples
des Esquimaux du Groenland, les Albanais de Macédoine, des Autrichiens
du Sud-Tyrol ou des Suédois de Finlande en sont des illustrations.
b) Ethnie
sans Etat
Il s'agit, selon l'heureuse formule d'A.L. SANGUIN
(1982b :43) d'une collectivité en forme d'isolant devant
défendre seule une langue parlée nulle part ailleurs, sans statut
d'Etat souverain et ne pouvant s'appuyer sur une nation-mère voisine.
C'est le cas, en Europe Occidentale, des Lapons, Féroïens, Frisons,
Corses, Catalans, Basques.
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