« La notion de liquidité recèle un
fort degré de contingence, dans la mesure ou` elle dépend du
contexte historique, géographique, économique et financier dans
lequel elle est appréhendée » ACPR. La
liquidité d'une banque est la capacité de disposer des fonds ou
des sources nécessaires pour faire face aux décaissements et aux
remboursements exigés. « Le risque est la
probabilité qu'un événement ou qu'une action puisse avoir
des conséquences néfastes sur l'activité ».
Définition de « l'Institute of Internal Audit» Le
risque de liquidité se définit lorsque la banque ne
pourra plus faire face à des sorties de trésorerie suite à
une asymétrie des flux se rapportant à l'actif et au passif sur
l'ensemble des horizons et ne pourra plus honorer ses obligations
financières quotidiennes sans devoir recourir à des mesures
couteuses. Ce risque peut provenir de la diminution des sources de financement
ou des facteurs extérieurs tel que les risques présents sur
certains marchés.
Le risque de liquidité constitue le risque le plus
complexe pour les raisons suivantes :
Ø Il s'agit d'un risque propre à chaque banque
mais qui peut se transmettre au marché
de par de son caractère systémique.
Ø C'est un risque qui traduit le plus les
fragilités de chaque établissement
Ø C'est un risque à plusieurs facettes :
- Risque de liquidité de financement suite à des
gaps de liquidités
- Risque de liquidité de marché
découlant de l'impossibilité pour une banque de contracter un
financement, de compense ou d'éliminer une position à des
conditions normales de marché
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Plusieurs facteurs constituent le déclencheur de
l'encadrement de la liquidité :
· Le premier facteur est la crise
financière internationale de 2007 connue en tant que la crise
de Subprime ou des prêts hypothécaires qui a clairement permis de
mettre en lumière l'échec et l'inadaptation relative à la
réglementation bancaire. Ainsi, elle a rappelé la
nécessité de soumettre les banques à un dispositif
prudentiel harmonisé et robuste de suivi du risque y afférent. La
crise a fortement touché les marchés financiers et
l'économie mondiale.
Le système bancaire s'est trouvé soumis
à de vives tensions due à :
> La non application de certains principes fondamentaux de
gestion de la liquidité
> Le non prise en compte du volume de liquidité
nécessaire pour satisfaire à leurs engagements éventuels
contractuels.
> L'absence des simulations de crise de
liquidité
> La négligence des plans de financement d'urgence
qui ont amené les banques centrales à intervenir pour assurer le
bon fonctionnement des marchés monétaires.
> En effet, la crise a mis en évidence la
non-adéquation du cadre réglementaire Bâlois aux situations
extrêmes et la faiblesse du système financier.
Les problèmes d'évaluation comptable du «
hors bilan » : la taille parfois très importante des produits
dérivés en hors bilan a rendu l'analyse des risques
correspondants difficile.
> La forte dépendance envers le marché
financier a provoqué une accumulation massive des instruments financiers
comme la titrisation qui consistaient à transformer des créances
risquées en titres négociables. Pourtant assuré d'avoir
des notations AAA , ces instruments se sont vite retrouvé sans valeur
suite à leur attribution à des particuliers insolvables qui
n'arrive plus à rembourser la dette contracté . La crise a
cependant montré qu'une utilisation débridée de la
titrisation pouvait conduire à un désastre car les produits
structurés pouvaient être illiquides et plus risqués que ce
qui était initialement annoncé. La crise des crédits
Subprime a
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2015-2016
touché l'ensemble de l'économie réelle et
a énormément marqué les esprits des financiers à
cause des lourdes conséquences enregistrées sur les trois plus
grande institutions financières : Bear Stearns , Lehmann Brothers et
Nothern rock.
· Le deuxième facteur correspond aux
banques « Too Big to Fail ». Ce concept
émergé au début de la crise financière,
caractérise la situation d'une banque ou d'une institution
financière dont la faillite serait catastrophique pour l'ensemble de
l'économie. Ces banques prennent des risques inconsidérés
et non sécurisé vu qu'elle bénéficie d'une garantie
implicite de l'état. Leur stratégie consiste à obliger les
Autorités d'une façon indirecte à leur renflouement en cas
de crise pour éviter qu'elles aient un effet considérable sur
l'ensemble de l'économie.
On peut prendre l'exemple du sauvetage de l'Americain
International Group en 2008 d'un montant de 182 milliards de dollars
injectés par le gouvernement américain qui a été
effectué sous le prétexte justifié que cette banque aurait
entrainé dans sa chute de très nombreuses banques et
institutions.
En 2015, la justice américaine a affirmé en
juin 2015 que le sauvetage du groupe était illégal. « Rien
ne permettait à la réserve fédérale de prendre le
contrôle d'un groupe
privé ou de conduire des activités comme si le
gouvernement était le propriétaire. C'est une chose d'avoir fait
un prêt de 85 milliards de dollars à des taux exorbitants, mais
c'en est une autre que d'avoir remplacé le dirigeant d'AIG et d'avoir
pris le contrôle des ses opérations, » a affirmé le
juge Thomas Wheeler .
Sans l'aide publique, la conclusion incontournable est qu'AIG
aurait déposé le bilan et la valeur des actions serait
évalués à zéro .
D'un coté, L'absence du risque de faillite en cas de
mauvaise gestion d'une banque bénéficiant d'une taille importante
entraînera une distorsion dans le management des
banques en les poussant à prendre d'avantage de
risques sans se préoccuper de l'ampleur des dégâts sur
l'ensemble de l'économie. Mais, d'un autre coté l'état
concerné ne peut abandonner en cas de crise des établissements
interconnectés et d'importance systémique du fait de leur taille
et de leur importance sur le marché réputée trop important
pour qu'il soit possible de les laisser faire faillite.
« Banks and their creditors knew that if they
were sufficiently important to the economy or the rest of the financial system
, and things went wrong , the goverment would always stand behind them
. » Mervyn King - gouverneur de la banque
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d'Angleterre en 2009.
Afin d'éviter que cette situation ne se reproduise en
suisse, des mesures TBTF ont été édicté rapidement
en 2012 afin de limiter les mesures de sauvetage par l'état des
établissements financiers. Cette réglementation se focalise sur
le niveau exigé des fonds propres pour les banques d'importance
systémiques, sur la résistance de la banque face à un choc
de liquidité, sur le plan d'urgence garantissant en cas
d'insolvabilité la poursuites des prestations d'importance
systémique et l'adoption des moyens juridiques pour permettre
l'assainissement et la liquidation des établissements.
· Le troisième facteur correspond au
risque de transformation qui apparaît dès lors que des
actifs sont financés par des ressources dont la maturité est
différente. Les banques sont exposées au risque de
liquidité compte tenu de leur activité de transformation
découlant de l'asymétrie des échéances entre
emplois et ressources. L'asymétrie structurelle entre la
préférence pour la liquidité chez les déposants et
la préférence pour la maturité chez les emprunteurs, les
banques se trouvent par nature contrainte d'effectuer de la transformation,
laquelle peut conduire à un risque de liquidité, en cas de
retrait massif de ressources.
· Le quatrième facteur est le risque de
contrepartie .La défaillance de l'emprunteur présente un
risque de faillite important et provoque la diminution de la capacité de
la banque de faire face à ses engagements. Ce qui va entrainer le
recours du banquier à puiser dans ses fonds propres ou à se
refinancer auprès de la BCT pour absorber ces pertes inattendues et
à garantir la solvabilité de l'établissement. Le risque de
contrepartie représente le risque de crédit , le risque de
défaut et le risque de défaillance.
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