1.2-Contexte Général
Trouver l'eau nécessaire pour nourrir une population en
augmentation galopante est le véritable défi concernant cette
ressource vitale. La croissance du nombre d'habitants, principalement en Asie,
va très vite rendre les besoins en eau de ce continent supérieurs
aux
ressources locales. Incapable d'assurer son autosuffisance
alimentaire, il ne pourra s'alimenter qu'en important massivement de la
nourriture, qu'on appelle de « l'eau virtuelle », ou en laissant sa
population émigrer. (Rapport Annuel de 2006 International Water
Management Institute). L'Afrique risquera donc d'accueillir en plus de ses
enfants, une nombreuse population venant d'ailleurs !
En 2050, la population mondiale pourrait être de 9
milliards d'individus, selon l'estimation courante des démographes.
Après cette date, la population devrait cesser de croître (sauf en
Afrique) et même commencer à décroître. En prenant
comme hypothèse 9 milliards d'individus consommant chacun 250 l/j, la
quantité totale d'eau nécessaire pour satisfaire les besoins
domestiques représenterait 825 km3 d'eau par an (1
km3 est égal à 1 milliard de m3 et 1
m3 équivaut à 1 000 litres), soit 0,7 % de la pluie
qui tombe chaque année sur les continents, ou encore 6 % de la fraction
de l'eau dite récupérable qui s'écoule dans les
rivières et dans les nappes souterraines. Mais cette eau ainsi «
utilisée » ne disparaît pas puisqu'elle est, pour
l'essentiel, rejetée dans le milieu naturel, et peut
éventuellement être réutilisée plus en aval.
Clairement, la planète ne manquera jamais d'eau « domestique
», comme l'affirme Ghislain de MARSILY(2010).
L'enjeu autour du phénomène de
l'approvisionnement en eau potable porterait sur les effets des changements
climatiques (la pénurie d'eau dans la zone méditerranéenne
et celle de l'hémisphère sud du lac Tchad), la distribution
effective dans les ménages d'une eau de qualité et les risques
environnementaux. Une bonne ingénierie de l'aménagement devrait
donc être mise sur pied comme un des moyens ultimes de régulation
afin de respecter et de
conserver les écosystèmes naturels ;
gérer de manière cohérente et patrimoniale
les ressources en eaux ; réduire le risque lié au
problème de santé humaine (maladies hydriques)... si les moyens
matériels nécessaires y sont consacrés à temps.
En effet, si l'eau est une ressource vitale et rare dans
certaines parties du globe terrestre depuis plusieurs décennies, la
nécessité de gérer l'environnement où cette
ressource provient est toute aussi importante car le risque devient capital
pour l'espace et la ressource.
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La gestion des risques serait donc une approche large,
intégrée et structurée. Son objectif premier est la
protection de la santé humaine. Les risques environnementaux deviennent
alors un facteur déterminant dans les espaces où cette eau est
produite. Dans la perspective de garantir sa potabilité pour
préserver la santé humaine et la qualité des
écosystèmes en général, il est indispensable de
déterminer des stratégies de gestion des risques environnementaux
spécifiques au système d'approvisionnement en eau potable
à l'échelle mondiale (BOLDUC, 2003).
Le management des risques liés à
l'énergie, l'eau et l'environnement devient pour ce millénaire un
des aspects à donner une importance capitale pour assurer un
développement durable et un équilibre mondial. Car ils se hissent
en tête de liste des facteurs handicapants tout développement
socio-économique. Les pays du nord l'ont déjà compris et
intégré dans leurs plans d'action. En France par exemple,
à l'issue du sommet de Rio, la notion de précaution
comme fondement pour le développement durable est
associée à la Charte de l'Environnement de 2005 et donne à
la gestion de l'environnement une place première notamment quand elle
est liée aux ressources en eau dans une interaction non limitée
et dynamique, surtout quand l'homme est au centre de ce système. La
notion de précaution suppose un niveau de confort matériel
déjà relativement élevé. C'est par exemple le cas
de la France où elle a été choisie pour encadrer
l'utilisation de l'eau. A Douala au Cameroun, compte tenu du niveau de
développement encore relativement bas, nous préférons
utiliser la notion de « prudence » qui nous
imposerait moins de contrainte par rapport à la notion de
précaution qui suppose beaucoup plus de moyen et un contexte
économique et budgétaire plus rigoureux.
La ville de Douala au Cameroun, pays de la sous- région
CEMAC, notre espace d'étude, ressort d'un contexte plus ou moins
particulier en Afrique Sub-Saharien. En effet, généralement
caractérisé par un climat équatorial humide, son littoral
met en exergue de grands espaces marécageux où les mangroves et
autres milieux végétaux sont vivement abattus pour le besoin de
chauffage et pour en faire des zones d'habitation pour les citoyens à
faible revenu de la métropole économique. Ce
phénomène est donc ici un instigateur du flux de mobilité
dans l'espace territorial (migration des zones rurales pour la zone urbain de
Douala capitale économique du Cameroun). La croissance
démographique serait donc le facteur primordial dans la prise en compte
des ressources naturelles de base dont l'eau potable pour le
développement d'une ville à la dimension de Douala. Il est par
conséquent urgent, dans la politique gouvernementale, de mettre au
premier plan la nécessité de résoudre
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les problèmes de carence en eau potable en milieu
urbain Camerounais. Des projets
structurant comme celui de CAMWATER en sa phase II à
Douala sont donc exécutés pour améliorer
l'accessibilité des populations, notamment les ménages de la
ville à l'eau potable afin de partir de 35% à environ
81.6 % à la fin de la réalisation du projet CAMWATER Phase II
selon le Plan Directeur d'Urbanisme de la ville horizonné à 2025.
Associer à cela une prise en compte lente des risques
socio-écologiques liés au problème d'approvisionnement en
eau potable, le facteur « risque environnemental»
devient pour cette ville en voie d'émergence une
préoccupation particulière des gouvernants.
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