2.1 Les méthodes de valorisation des biens
environnementaux
Il existe plusieurs méthodes de valorisation de biens
environnementaux dont les méthodes indirectes et les méthodes
directes. Nous présenterons ces différentes méthodes avec
leurs avantages et limites.
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AITCHEDJI 13
Analyse des déterminants du consentement
à payer : cas des ordures ménagères à
Cotonou ? Les méthodes indirectes
Les méthodes indirectes sont essentiellement la
méthode des couts de transport et la méthode des prix
hédonistes.
? La méthode des prix hédonistes
(MPH)
Cette méthode consiste à chercher un
marché de substitution sur lequel sont vendus et achetés des
biens et services dont les avantages et les couts environnementaux
représentent des attributs ou des caractéristiques,
c'est-à-dire un marché ou l'environnement influence les prix. Il
s'agit alors de donner une valeur aux bénéfices et aux
coûts environnementaux aux travers d'un marché de substitution.
En effet les biens environnementaux sont des biens
non-marchand, ils n'ont donc aucun prix. Pourtant, on peut facilement imaginer
que ces mêmes biens peuvent avoir une influence sur le prix des biens
marchands. C'est sur ce postulat que s'appuie la MPH. Si influence il y a,
l'agent exprimera un consentement à payer pour le bien marchand fonction
du CAP pour le bien environnemental. Il convient alors de se demander quel sera
le marché de substitution en question. Il s'agit en fait du
marché de l'immobilier (dans la grande majorité des cas). La
question que l'on se pose est ainsi de savoir à quel niveau peut-on
observer la présence d'une externalité environnementale
influençant les valeurs immobilières. L'avantage de cette
méthode est qu'elle s'appuie sur des comportements réels, sur des
données observables et mesurables. L'un des problèmes majeurs de
cette méthode est que le travail de recherche nécessaire est
très fastidieux. En effet, il est nécessaires, pour avoir une
vision justes des choses, de recueillir un très grand nombre de
données, notamment en ce qui concerne les caractéristiques du
bien immobilier. Certaines zones d'habitation sont plus
défavorisées que d'autres. Ainsi, une application trop
localisée de cette méthode revendrait à sous-estimer
l'importance du rôle joué par l'environnement dans les prix du
bien immobilier. Il sera donc préférable d'appliquer un prix
moyen aux biens immobiliers.
? La méthode des couts de transport
(MCT)
Cette méthode est principalement utilisée pour
estimer les bénéfices liés à l'usage
récréatif des biens environnementaux. Elle relève, tout
comme la méthode des prix hédonistes, des marchés de
substitution.
En effet, l'idée de départ est qu'un individu
pour se rendre sur un site supporte des coûts en termes de
déplacements et de temps. Chaque individu supporte donc un coût
individuel pour
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Analyse des déterminants du consentement
à payer : cas des ordures ménagères à
Cotonou aller sur tel ou tel site. Ce sont ses coûts qui seront pris
en compte pour estimer la valeur de ses sites récréatifs et
l'évolution de leur qualité, et notamment l'évolution de
la qualité environnementale.
Cette méthode consiste ainsi à estimer le CAP
des agents, reflétant leur demande d'usage du site
récréatif, d'après le montant de monnaie et le temps
qu'ils ont consacrés à se rendre sur le site. L'avantage
principal est tout comme pour la méthode des prix hédonistes,
elle repose sur l'observation de comportements réels des individus. La
variable pris en compte est le nombre de visite effectuée. Pourtant,
cette variable peut ne pas être pertinente. En effet, certains visiteurs
peuvent, durant une période donnée effectuer plusieurs visites
sur un même site, c'est le problème des visites multiples qui
biaisent les résultats.
De même, le variable « nombre de visite » peut
ne pas sembler judicieuse lorsque la durée de la visite dure plus d'un
jour. Il conviendrait alors de pondérer le nombre de visites par la
durée de séjour. La mesure du coût du trajet se fait par
l'examen des dépenses en matière d'essence, de péage
etc... c'est-à-dire par l'examen des coûts variables. Pourtant,
d'autres coûts peuvent être pris en compte, tels que les
coûts fixes. Ceux-ci sont cependant peu pris en compte car ils sont
rarement (voir jamais) disponibles. Cette méthode ne prend en effet pas
en compte les « loisirs institutionnalisés », tels que les
congés payés. Si ceux-ci étaient pris en compte, ils
réduiraient le coût de temps passé pour se rendre sur le
site.
? Les méthodes directes
? La méthode d'évaluation contingente
(MEC)
La MEC consiste en la réalisation d'une enquête
au cours de laquelle on cherche à apprécier le montant que chacun
serait prêt à payer, ce que l'on appelle le consentement à
payer (CAP), pour la préservation ou la réservation d'un bien
environnemental.
Etant donné que l'on construit, avec cette
méthode un marché hypothétique, il n'est pas
nécessaire de faire usage du bien environnemental pour répondre
au questionnaire. Ainsi, la MEC peut être utilisé pour tout type
de biens, qu'ils aient une valeur d'usage ou non. Cette méthode est de
loin la plus utilisées de toutes. Ceci nous permet donc de disposer de
nombreux textes de fiabilité et de validité.
Le marché présenté dans le questionnaire
est un marché hypothétique et donc ni réel ni observable.
Les résultats obtenus, ce qui est déclaré par les
répondants ne sont pas à
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Analyse des déterminants du consentement
à payer : cas des ordures ménagères à
Cotonou proprement parler des consentements à payer mais
plutôt des intentions de payer. Il n'y a donc aucune certitude quant
à la véracité de leurs réponses.
Les résultats obtenus ne sont pas des actions qui sont
observés mais plutôt des discours qui sont tenus. Comme nous
l'avons déjà précisé, le scénario
proposé doit contenir toutes les informations essentielles pour le
répondant. Toutes fois, ces informations, ces explications, pourront
varier d'une enquête à une autre. Là encore, les
résultats seront susceptibles de se modifier selon les explications
fournies.
Nous évoquons ici le problème du « free
rider » ou passager clandestin. En effet les agents peuvent se comporter
de façon opportuniste. Ils peuvent ne pas avoir intérêt
à révéler leurs préférences réelles
si le fait de les cacher leur donne un avantage supérieur.
Les répondants n'ont pas l'habitude de ce genre de
questionnaire, ou il est demandé de donner des évaluations de
leur CAP. Ceci va peser sur les résultats. Les résultats se
modifieront si l'on parle de droit d'accès, d'impôts directs ou
encore de don volontaire.
La MEC rend marchand un bien qui ne l'était pas
auparavant. Donc, rien ne garantit que les consommateurs se cantonnent à
leur intérêt privé comme nous le dit la théorie du
consommateur. Les biens environnementaux sont en effet bien souvent
perçu comme des biens « d'intérêt public ». Cet
intérêt public peut conduire à ce que les jugements des
individus ne relèvent plus de la sphère privée,
c'est-à-dire de l'intérêt personnel. Pourtant, le fait que
ces mêmes jugements relèvent de l'intérêt personnel
est une condition essentielle et nécessaire pour interpréter les
réponses comme des CAP.
Ainsi, quand il s'agit d'attribuer une valeur à un bien
environnemental, l'individu aura plutôt tendance à parler au nom
de la collectivité. C'est d'ailleurs une des raisons
évoquées pour expliquer les non-réponses ou les
réponses de protestation.
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