1.3. L'approche de l'influence des variables
politiques
L'influence des variables politiques est une approche qui
permet de faire ressortir l'influence des groupes d'intérêt,
l'influence des institutions politiques et l'influence des élections
dans la détermination du régime de change.
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Concernant l'influence des groupes d'intérêt, la
théorie du choix public met l'accent sur les intérêts
individuels de ceux qui gouvernent ; lesquelles intérêts pouvant
ne pas être conformes avec ceux d'utilité collective. Dans cette
idée, Mueller (1989) soutient que ces intérêts individuels,
couplés à l'information imparfaite dont disposent les citoyens,
permettent d'expliquer l'influence des groupes d'intérêts à
la recherche de rente sur les décisions publiques. En effet, lorsqu'on a
un régime de change fixe, la baisse du taux d'intérêt de la
banque centrale entraîne une sortie des capitaux. Ce qui entraîne
une tendance à la dévaluation de la monnaie. Dans ce cas, pour
éviter cette dévaluation, la banque centrale doit avoir beaucoup
de réserves pour racheter sa monnaie.
Certes, la dévaluation est un mécanisme qui rend
plus compétitif mais la théorie de la courbe en J montre que la
dévaluation n'entraîne pas dans l'immédiat l'augmentation
des exportations. C'est pour cela que les producteurs, sachant qu'ils seront
exposés à la concurrence sur les exportations en cas de
dévaluation, vont chercher à empêcher cette
dévaluation. Ces producteurs vont donc faire une coalition pour obliger
les autorités publiques à empêcher cette dévaluation
car lorsque la monnaie est forte ils sont davantage impliqués dans les
échanges internationaux et l'investissement est encouragé.
Si de plus, la banque centrale n'est pas indépendante,
l'action des groupes d'intérêts (les producteurs) sera une
réussite. Les consommateurs étant trop nombreux et ne pouvant pas
s'organiser seront alors les perdants. On constate donc un abandon de
l'intérêt général au profit des
intérêts d'un petit groupe.
Dans le cas du régime de change flexible, lorsque la
monnaie s'apprécie les producteurs produisent des biens non
échangeables car leur situation est défavorable aux exportations.
Mais lorsque le taux de change se déprécie, les producteurs sont
exposés à la concurrence sur les importations.
Ensuite, concernant l'influence des institutions politiques,
nous pouvons constater que le degré d'instabilité politique
à un impact très important dans le choix du régime de
change. En effet, le régime de change fixe est le plus adéquat
pour les pays ayant une forte instabilité politique. Nous pouvons voir
cela dans les pays de l'UEMOA qui sont le plus souvent affectés par des
crises
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politiques. Du fait de la parité fixe existante entre
le franc CFA et l'Euro, le franc CFA ne subie pas d'évolution.
Cependant, il faut noter que le franc CFA suit
l'évolution de l'Euro. Ce qui ne reflète pas le plus souvent le
niveau économique de ces pays, qui ont des économies faibles
contrairement à l'Europe qui a une économie forte. Lorsque l'Euro
s'apprécie, cela entraîne une perte de la
compétitivité des pays de l'UEMOA dont l'économie est
essentiellement basée sur l'exportation de leurs produits agricoles.
Par ailleurs, la nature du système législatif et
la constitution jouent aussi un rôle très important dans la
détermination du régime de change. Par exemple, on constate que
les pays ayant un système législatif et une constitution
subissant très peu de changements, tels que les Etats-Unis, optent pour
un régime de change flexible tandis que ceux dont la constitution et le
système législatif varient de manière continue, tels que
les pays de l'UEMOA, optent pour un régime de change fixe. Ce constat se
vérifie parce que les pays de l'UEMOA, qui connaissent le plus souvent
une instabilité politique, s'ils étaient sous le régime de
change flexible, la sortie des capitaux due à ces crises politiques
allait entraîner une dépréciation de leur monnaie. Ces pays
auraient une monnaie instable.
Enfin, concernant l'influence des élections, Barro
(1973) montre comment la possibilité de réélection peut
conduire un bénéficiaire à agir dans
l'intérêt des votants plutôt que dans ses propres
intérêts. Cela se démontre dans la « démocratie
représentative » adoptée par Grossman et Helpman (1991) qui
concluent que le gouvernement en place peut être influencé par les
groupes de pression au moyen de contributions aux frais électoraux ou
d'avantages divers directs ou indirects qui sont offerts plus ou moins
ouvertement.
En effet, puisque dans l'immédiat la dévaluation
a un effet inflationniste, elle va entraîner une augmentation des taxes.
Ainsi, les agents économiques qui désapprouvent cette inflation,
vont organiser des groupes de pression pour que le gouvernement intervienne et
empêche cette dévaluation. Mais cette tentative des groupes de
pression pourrait échouer si la banque centrale a une grande
indépendance de facto.
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