PREMIERE PARTIE : LES FONDEMENTS
THEORIQUES DU REGIME DE CHANGE OPTIMAL
AMANI Aya Marie Estelle, DEA/MASTER NPTCI 4ème promotion
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CHAPITRE 1 : LES DETERMINANTS DU CHOIX D'UN REGIME DE
CHANGE
La recherche quant au choix d'un régime de change et
aux conditions requises pour que des pays entrent en union monétaire a
mis l'accent sur des critères structurels à caractère
réel. Il s'agit essentiellement du degré d'asymétrie dans
la distribution des chocs que subissent les économies, de la
disparité de leurs réactions face à des chocs communs, de
la mobilité des facteurs et de l'efficacité des mécanismes
d'ajustements alternatifs. A cela, il faut ajouter l'intégration
financière, l'influence des groupes d'intérêts. Les
déterminants du choix du régime de change vont donc s'analyser en
trois approches à savoir l'approche en terme de stabilisation
macroéconomique, l'approche de la crédibilité de la
politique économique et l'approche de l'influence des variables
politiques. A ces trois approches, il faut ajouter les critères de la
théorie des zones monétaires optimales qui constituent aussi des
déterminants du régime de change.
1.1. L'approche en termes de stabilisation
macroéconomique
Cette approche permet de distinguer pour chaque type de choc
affectant l'économie, le régime de change adéquat. Trois
principaux arguments sont défendus par la théorie
économique. En premier lieu, la flexibilité est
préférable si les chocs dominants sont des chocs externes
nominaux ou réels. En second lieu, la fixité est
préférable si les chocs dominants sont des chocs domestiques
nominaux. Enfin, la flexibilité est préférable si les
chocs dominants sont des chocs domestiques réels.
Selon Calvo et Mishkin (2003), la théorie standard
considère qu'en cas d'un choc nominal, le régime de change fixe
est le plus approprié. Il offre un mécanisme permettant un
changement dans l'offre et la demande de monnaie alors qu'un taux de change
flexible dans cette configuration entraînerait une
dépréciation importante et une transmission dans
l'économie réelle. Notons que le choc nominal se traduit par une
augmentation de l'offre ou de la demande de monnaie et par un choc lié
à la dépense principalement dû à la modification de
la consommation, de l'investissement et des dépenses publiques.
A la suite d'un choc monétaire par exemple, une hausse
de la détention de la monnaie pousse à la hausse le taux
d'intérêt qui à son tour décourage les
investissements et réduit par la suite le produit national.
L'amélioration du compte des opérations en capital du fait des
entrées de
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capitaux et l'amélioration du compte courant du fait de
la réduction de la dépense intérieure et de la demande des
biens importés consolident la balance globale du pays et le taux de
change tend à s'apprécier. L'intervention de la banque centrale
afin d'éviter une telle appréciation par la vente de la monnaie
nationale permet d'accroître la masse monétaire, de combler
l'excédent de la demande et de faire baisser les taux
d'intérêt à leur niveau initial.
En cas de choc réel au contraire, selon Calvo et
Mishkin (2003), le régime de change flexible serait toujours, selon la
théorie standard, le mieux à même de répondre par
une modification des prix d'équilibre relatifs. La même situation
avec un régime de change fixe entraînerait une chute de la demande
de monnaie nationale que la banque centrale devrait absorber par la cession de
réserves en devises étrangères conduisant par
là-même une fuite de ces devises et une hausse des taux
d'intérêt. La crise serait alors accentuée. Notons que le
choc réel se traduit par les chocs liés aux termes des
échanges qui sont principalement dus aux changements qui affectent le
compte courant du pays qui sont à leur tour dus à une
modification des importations ou des exportations et les chocs liés aux
mouvements internationaux de capitaux dus aux changements non anticipés
dans le compte des opérations financières comme les fuites ou les
entrées massives de capitaux.
A la suite d'un choc réel sur les termes des
échanges, par exemple, une baisse dans la demande
étrangère pour les biens exportables nationaux tend à
dégrader le solde du compte courant et à détériorer
la balance globale des paiements. Sous un régime de change fixe
l'intervention de la banque centrale, par la vente de monnaie nationale, est
indispensable pour défendre la parité du taux de change, elle
permet toutefois, en même temps, de contracter la masse monétaire
en circulation et amplifie la baisse initiale de la demande de produits dans le
pays. Avec un taux de change flottant, l'ajustement se fait de manière
systématique. Avec un déficit courant, la monnaie nationale tend
à se déprécier et l'amélioration de la
compétitivité prix accroît la demande des produits
nationaux et contrecarre la tendance initiale.
Concernant la zone UEMOA, plusieurs analyses empiriques
confirment la forte divergence des conjonctures et émettent un doute sur
la pertinence économique d'une monnaie commune. Fielding et Shields
(2001) ont montré avec la technique du Vecteur Auto Régressif
structurel qu'au sein de l'UEMOA, les chocs de produit ne sont pas
corrélés. De même, Benassy-Quéré et
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Coupet (2005) et Tsangarides et Qureshi (2006)
démontrent avec la méthode de la classification par grappes que
les chocs des Etats ouest-africains sont fortement divergents. Ainsi selon ces
études, la divergence des chocs constitue le principal coût d'une
union monétaire ouest-africaine. Les économies de la
région ne disposent pas d'institutions solides et suffisamment
développées pour faire face aux chocs asymétriques.
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