INTRODUCTION
Le choix du régime de change fait partie des
décisions de politiques économiques les plus importantes d'un
pays ou d'un ensemble de pays. Ce débat a pris de l'ampleur vers le
milieu du 20è siècle. En effet, au début du 20è
siècle, le système étalon-or a eu du succès.
Cependant, il se trouve que ce système a montré une
instabilité entre 1914 et 1945, qui marquent respectivement le
début de la première guerre mondiale et la fin de la seconde
guerre mondiale. En 1944, est adopté le système d'étalon
de change or qui donne naissance aux institutions de Bretton Woods. Ce
système impose une liberté des changes, des mouvements des
capitaux et une stabilité des changes par le maintien des parités
fixes. La sortie de la deuxième guerre mondiale a rendu difficile la
mise en place de ce système qui ne devint effective qu'à partir
de 1955. Dès 1959, l'on constate encore un fonctionnement difficile du
système de Bretton Woods. Le Dollar et la Livre Sterling s'affaiblissent
tandis que les autres monnaies, notamment européennes deviennent fortes.
A la suite de la crise monétaire qui a eu lieu entre 1969 et 1971, on
assiste à l'effondrement du système monétaire de Bretton
Woods. L'on passe alors du régime de change fixe au régime de
change flottant.
Cette problématique du choix du régime de change
a plusieurs fois été abordée, notamment par Daly (2007) et
Diop et Fall (2011). Daly (2007) a étudié le choix du
régime de change pour les économies émergentes, quand Diop
et Fall (2011) se sont intéressés au choix du régime de
change dans les pays de la Communauté Economique Des Etats d'Afrique de
l'Ouest (CEDEAO). Pour les pays de la CEDEAO, les auteurs ont
préconisé un taux de change intermédiaire tandis que pour
les économies émergentes, ils ont préconisé une
plus grande flexibilité du taux de change au fur et à mesure que
le compte du capital est libéralisé afin de préserver un
certain degré d'indépendance monétaire.
La question du choix du régime de change se pose
également pour les pays de l'Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA). Ces pays ont toujours été régis par un
régime de change fixe entre le Franc CFA et le Franc Français
puis l'Euro à partir de 1999. La coopération monétaire
existante entre la France et ces pays consiste pour ces derniers à
verser 50% de leurs avoirs extérieurs, c'est-à-dire de leurs
réserves de change dans un compte appelé compte
d'opération détenus par le trésor Français
afin de garantir la parité fixe et la
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convertibilité illimitée du Franc CFA. Cela
oblige la Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) à
privilégier l'objectif de stabilité des prix afin d'assurer
à long terme la soutenabilité du taux de change et la
compétitivité des économies de l'UEMOA. C'est dans cette
optique que la BCEAO a une cible d'inflation de 2%. Ce taux d'inflation cible
apparaît trop restrictif pour certains auteurs dont Nubukpo (2007), pour
des pays qui recherchent une forte croissance économique, notamment de
7% comme le prescrivent les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD).
Le débat sur l'existence ou non de la courbe de
Phillips reste prépondérant pour les pays de l'UEMOA. Des
études empiriques répondent à cette préoccupation
en montrant qu'il y a un effet non linéaire de l'inflation sur la
croissance économique dans la zone UEMOA. Les études de Sarel
(1996) sur les pays développés et les pays en
développement montrent qu'en dessous du seuil de 8%, l'inflation a un
impact positif sur la croissance économique mais au-delà de ce
seuil, l'effet devient nuisible. De même, Khan et Senhadji (2001) ont par
ailleurs trouvé que le niveau d'inflation acceptable se situe entre 1%
et 3% pour les pays développés et entre 11% et 12% pour les pays
en développement.
Lorsqu'on constate, à travers Nubukpo (2007), que
l'inflation dans les pays de la zone UEMOA n'est pas seulement un
phénomène monétaire mais provient principalement des
aléas climatiques, et devant l'objectif principal de la BCEAO de lutter
contre cette inflation, il serait judicieux de réviser le régime
de change de l'UEMOA.
Dès lors, la question fondamentale de notre recherche
est de savoir, quel régime de change serait optimal pour la zone UEMOA.
Plus précisément, quel est l'impact du taux de change réel
Euro/CFA sur la croissance économique des pays de l'UEMOA ? Quel est le
taux de change réel qui a un impact positif sur la croissance
économique des pays de l'UEMOA ?
L'objectif général de cette étude est
d'examiner le lien entre le taux de change et la croissance économique
dans l'UEMOA.
De façon plus spécifique, l'étude vise
à :
- mesurer l'impact du taux de change réel Euro/CFA sur
la croissance économique des pays de l'UEMOA ;
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- déterminer le taux de change réel optimal qui
assure une croissance économique positive aux pays de la zone UEMOA.
Pour ce faire, nous supposons que :
- Le taux de change réel est négativement
lié à la croissance économique pour les pays de la zone
UEMOA ;
- La flexibilité du régime de change est
positivement liée à la croissance économique des pays de
la zone UEMOA.
Pour répondre à ces différentes
questions, notre travail s'articulera autour de deux principaux axes : le
premier exposera les fondements théoriques du régime de change
tandis que le deuxième traitera les analyses empiriques. La
première partie comporte deux chapitres dont le premier traite des
déterminants du choix du régime de change et le deuxième
aborde la revue de la littérature. La deuxième partie comporte
aussi deux chapitres dont le premier expose la méthodologie
d'étude, tandis le deuxième chapitre donne les résultats
et interprétations des études empiriques menées.
Le choix du régime de change par un pays ou un ensemble
de pays passe par plusieurs critères. Nous allons analyser dans cette
partie ce qui peut donc motiver le choix d'un régime de change. Puis,
nous allons aborder les différentes théories du taux de change
réel d'équilibre et parcourir la littérature concernant le
régime de change optimal. Concernant la zone UEMOA, nous allons
étudier les réalités auxquelles est confrontée
cette zone dans la mise en place de la politique monétaire et de la
politique budgétaire de chaque Etat.
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