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L'optimalité du régime de change dans la zone UEMOA.

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par AYA MARIE ESTELLE AMANI epse KONAN
université Félix Houphouet Boigny de Cocody/Abidjan - DEA/MASTER NPTCI option macroéconomie appliquée 2012
  

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2.3. Les approches théoriques du taux de change et de la croissance dans la zone UEMOA.

S'il est vrai que la théorie économique nous donne les avantages et les inconvénients de chaque régime de change, il faut cependant noter qu'aucun consensus n'existe sur le régime de change à adopter selon le type d'économie puisque certains résultats se sont révélés contradictoires. En effet, selon la théorie, les régimes de change fixe favorisent une inflation faible sans porter atteinte à la croissance économique (Dornbusch ; 2001) tandis qu'ils peuvent, au contraire, contribuer à l'accélération de l'inflation en offrant au gouvernement un environnement où il serait facile pour lui de « tricher » vu que la manifestation des coûts inflationnistes est retardée dans le temps. Ainsi, si les régimes de taux de change fixes peuvent améliorer la croissance économique en amplifiant les échanges commerciaux, en réduisant le risque de change et en facilitant l'intégration économique et financière des pays, ils peuvent au contraire entamer la compétitivité externe d'un pays puisqu'ils sont souvent sujet à des mésalignements très coûteux et avoir des effets dévastateurs sur l'économie dans son ensemble du fait de leur vulnérabilité inéluctable aux attaques spéculatives, (Obstfeld et Rogoff ; 1995). Dans ce chapitre, nous allons donc voir la relation inflation-croissance dans la zone UEMOA, la politique budgétaire des pays de la zone, et l'impact de la dévaluation de 1994 du franc CFA sur la balance commerciale et la production des pays de la zone.

2.3.1. La relation inflation-croissance dans la zone UEMOA

Dans le choix du régime de change, les autorités monétaires tiennent compte de l'impact du régime de change sur l'inflation, la croissance économique, la volatilité macroéconomique et la probabilité de survenance des crises. Mais l'accent est le plus mis sur l'inflation et la croissance qui sont des fondamentaux très importants dans l'économie d'un pays. Chaque banque centrale fixe son objectif principal en fonction du régime de change et de ses priorités pour le pays ou l'ensemble de pays.

Concernant la zone UEMOA, le principal objectif de la politique monétaire de la BCEAO est la stabilité des prix et la sauvegarde de la valeur interne et externe du franc CFA à travers une couverture appropriée de l'émission monétaire par les réserves de change. Cet objectif est rendu

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public et expliqué dans les publications de la BCEAO notamment le rapport annuel et, depuis juin 1998, sur le site Internet de l'Institut d'émission. Ces objectifs et le cadre institutionnel de la politique monétaire de la BCEAO sont clairement définis dans le Traité du 14 novembre 1973 instituant l'Union Monétaire Ouest Africaine et dans les Statuts de la Banque Centrale. La coopération monétaire existante entre les pays de l'UEMOA et la France, est illustrée par l'existence du mécanisme dit du « compte d'opérations » qui contribue à garantir une parité fixe entre le Franc CFA et le Franc français, puis l'Euro à partir de 1999. Dans ce cadre, la recherche de la stabilité des prix est présentée comme un objectif susceptible d'assurer la soutenabilité à long terme du taux de change et la compétitivité des économies de l'UEMOA.

De ce fait, la BCEAO a opté pour une cible d'inflation de 2%, identique à celle de la banque centrale Européenne. En effet, dans un régime de change fixe l'inflation contribue, du fait de la perte de compétitivité qu'elle engendre, à la détérioration progressive des comptes extérieurs et à la surévaluation du taux de change, fragilisant ainsi la parité entre les monnaies. Cependant, il faut noter que l'inflation dans la zone n'est pas d'ordre monétaire, mais est plutôt due à des chocs d'offre exogènes tels que les aléas climatiques, les variations des cours des matières premières, (Nubukpo ; 2007). Selon cet auteur, une telle cible d'inflation 2% semble faible pour des pays qui souhaitent atteindre en 2015, un taux de croissance économique de 7% par an afin de répondre aux objectifs des OMD dont l'un des plus importants est la réduction de moitié de la pauvreté à l'horizon 2015. Cela conduit à un arbitrage entre inflation et croissance économique (courbe de Phillips).

De plus, il est admis qu'un faible niveau d'inflation est non seulement source de distorsions dans l'activité économique, mais également accentue le risque de déflation. Le rapport 2005 de la zone Franc indique le montant record des réserves détenues par les banques centrales de la zone Franc auprès du Trésor français : 6 300 milliards de FCFA. Pour la seule BCEAO, les réserves représentent plus de 3 000 milliards de FCFA, soit un taux de couverture de l'émission monétaire supérieur à 110 % alors que les conventions du « compte d'opérations » exigent un taux de couverture de 20%, Nubukpo (2007).

Dans la littérature empirique récente, les travaux de Ghosh et Phillips (1998) portant sur un vaste échantillon dont les pays de l'OCDE et quelques pays en développement, montrent que le seuil

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d'inflation optimal se situe entre 2% et 8% pour les pays de l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) et de 5% à 10% pour les pays en développement. Sarel (1996) a, par ailleurs, fait remarquer à partir d'un échantillon de pays développés et de pays en développement qu'en dessous du seuil de 8%, l'inflation a un impact positif sur la croissance économique et qu'au-delà du seuil, l'effet devient nuisible. De même, Khan et Senhadji (2001) ont par ailleurs trouvé que le niveau d'inflation acceptable est de l'ordre de 1% à 3% pour les pays développés et de 11 à 12% pour les pays en développement. Enfin, Combey et Nubukpo (2010) à partir d'un modèle de panel dynamique à effets de seuil, montrent que le seuil optimal d'inflation dans la zone UEMOA est de 8,08%. C'est au-delà de ce seuil que l'inflation devient nuisible.

Les graphiques 1 et 2 nous retracent l'évolution du taux de croissance et du taux d'inflation entre 1987 et 2010 dans la zone UEMOA. Cela nous montre que dans l'ensemble, le taux de croissance du PIB réel par habitant et le taux d'inflation de la zone UEMOA suivent la même évolution. Lorsque le taux d'inflation est faible, le taux de croissance économique aussi est faible. Par contre, lorsque le taux d'inflation augmente, le taux de croissance économique aussi augmente.

Graphe 1 : Evolution du taux d'inflation de la zone UEMOA

1985 1990 1995 2000 2005 2010

annee

Source: Auteur à partir des données de la Banque Mondiale

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Graphe 2: Evolution du taux de croissance de la zone UEMOA

1985 1990 1995 2000 2005 2010

annee

Source: Auteur à partir des données de la Banque Mondiale

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