SECTION II : LES DROITS ET DEVOIRS DE L'ENFANT
L'étude de l'enfant
implique également
la prise en compte de ses
droits (§1) qui
constituent sa
protection, et de ses
devoirs (§2) qui concourent à sa
formation
intégrale.
§1. Les droits de l'enfant
La constitution
élabore des
dispositions
fondamentales auxquelles
doivent se conformer de façon
générale les autres
lois.
L'enfant est aussi
bénéficiaire
au même titre que
l'adulte
congolais de tous les
droits fondamentaux
constitutionnellement
garantis à tous les
citoyens.
Il s'agit
à titre d'exemple du
droit à la vie
(article 16 al. 2) ;
du droit à une
protection égale des
lois
(article 12) ; du
droit à
l'intégrité
physique (article 16
al. 1) etc. Ces
dispositions
reflètent de façon
générale
l'esprit de la
loi n° 09/001 du 10
janvier 2009 portent
protection de l'enfant.
Cependant,
considérant la
crise morale et
économique qui frappe
actuellement les
congolais, parmi
eux « les femmes et les enfants
privilégiés
»,1 la
constitution du 18
février 2006 telle
que révisée à ce jour
insiste de manière
spéciale sur la
protection de la
famille, de la femme et de
l'enfant. Pour ce
dernier, ladite
constitution
garantit, outre les
droits de connaitre les noms
de ses parents ; d'être
protégé par les
pouvoirs publics contre toute
atteinte2.
Encore, la loi
portant protection de l'enfant
insiste de façon
spéciale sur les
droits de l'enfant au
point qu'une
étude analytique de
quelques uns d'entre eux
s'impose. Parmi ces
droits, nous citons
le droit
1 IDZUMBUIR ASSOP (J.), op.cit, p. 45
2 Article 16 de la constitution du 18 février 2006
de la RDC telle que révisée par la loi n° 11/002 du 20
janvier 2011
29
à la vie,
le droit à
l'éducation, le
droit à une
identité dès sa
naissance, le droit au
respect de sa vie privée
etc.
A. Le droit à
la vie
L'article
16 de la constitution du 18
février 2006 telle que
révisée à ce jour
dispose que : « la
personne humaine est sacrée. Le
travail forcé ou
obligatoire est
prohibé, nul
ne peut être tenu en esclavage ni
dans une condition
analogique ou à un
traitement cruel, inhumain
ou dégradant».
C'est sur
la base de cette
disposition que
la peine de mort devra
disparaitre de la
nomenclature des peines et être
remplacée par les
condamnations à
perpétuité1
D'ailleurs,
l'article 9 al. 2
de la loi
n°09/001 du 10
janvier 2009 portant
protection de l'enfant
dispose : « la
peine de mort et la
servitude pénale à
perpétuité ne peuvent être
prononcées pour les
infractions commises par un
enfant »2.
Considérant
l'intérêt supérieur de
l'enfant, la loi
portant protection de l'enfant
vient insister dans son
article 13 sur le
droit à la
vie. Les père et
mère ou l'un d'eux ou
la personne exerçant
l'autorité
parentale ainsi que
l'Etat ont
l'obligation
d'assurer sa survie, sa
protection, son
éducation et son
épanouissement ; les père et
mère ainsi que
celui qui exerce
l'autorité parentale
ont le devoir
d'élever leurs
enfants3.
De tout ce qui précède,
il ressort que l'enfant en tant que
renouvellement de
l'être et de la
vie bénéficie
d'une protection
spéciale de
1 MBATA BATUKUMESU (A.), Education à la
citoyenneté, 1ère éd., GALIMAGE, Kinshasa,
2009, p. 52
2 Article 9 al. 2 de la loi n°09/001 du 10 janvier
2009, op.cit.
3 Article 13 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009,
op.cit
30
1 KWAKWA (F.), Cours de l'éducation à la
citoyenneté, 1er graduat, Faculté de la
communication et médias, Université Révérend Kim,
Kinshasa, 2011-2012, p. 7, inédit
son droit à la
vie, en plus de
la constitution qui
garantit à tous les
citoyens sans
distinction,
l'enfant y compris, la
présente loi en
insiste.
B. Le droit à
l'éducation
« Eduquer, c'est
sortir l'homme de son état
d'animalité pour
l'introduire dans
l'humanité »1.
Disait EMANUEL
Kan.
L'article
43 de la constitution du 18
février 2006 dispose que :
« l'enseignement
primaire est
obligatoire et gratuit dans
les établissements
publics.
L'article
38 de la loi portant
protection de l'enfant
ajoute que « tout enfant a droit
à l'éducation,
les parents ont
l'obligation
d'envoyer leurs enfants à
l'école sans aucune
distinction.
L'Etat garantit le
droit de l'enfant à
l'éducation en rendant
obligatoire et
gratuit l'enseignement
primaire public. Il
organise
l'enseignement des droits
humains en particulier des
droits et devoirs de
l'enfant, ainsi
que
l'initiation
à la vie à tous
les niveaux du
système éducatif.
L'article 39 ajoute
qu' « aucun enfant ne peut, en
matière
d'éducation,
faire l'objet
d'une mesure
discriminatoire,
qu'elle
résulte de la
loi ou d'un acte de
l'exécutif ou du fait
d'un
particulier.
Toutes ces
dispositions
militent en faveur de l'enfant.
La protection de l'enfant passe
avant tout par la promotion de son
droit à
l'éducation car, un
enfant sans éducation est
un risque pour
l'avenir.
C. Le droit à une
identité
L'article
14 de la loi portant
protection de l'enfant
dispose que « tout
enfant a droit à une
identité dès sa
naissance. Sans
préjudice des
dispositions des
articles 56 à 70 du code de
la famille,
l'identité est
31
constituée du nom, du
lieu et de la date de
naissance, du sexe, des noms
des parents et de la
nationalité.
? Du droit au nom
L'enfant porte dans l'acte
de naissance le nom
choisi par ses parents. En
cas de désaccords, le père confère
le nom.1
Si le père de
l'enfant n'est pas connu ou
lors que l'enfant a
été désavoué,
celui-ci porte
le nom choisi par
la mère.2
Lors que la
filiation paternelle est
établie après la
filiation
maternelle, le père pourra
adjoindre un élément
du nom choisi par
lui. Si l'enfant a
plus de quinze ans, son
consentement personnel est
nécessaire.3
L'enfant dont on ne
connait ni le père,
ni la mère a le nom
qui lui est attribué
par l'O.E.C.
dans son acte de naissance (art.60
al.1er du code de la
famille)
? Du droit au lieu et à la date de
naissance.
Tout enfant né, doit
avoir et connaitre son lieu
de naissance. Le lieu de
naissance peut être en RDC ou à
l'étranger, cela ne
pose aucun problème. Le
lieu seul ne suffit pas pour
un enfant, il faut ajouter au
lieu de naissance, la date
de naissance. Car tout
individu a une date de
naissance.
? Du droit à un sexe
C'est évident que
tout enfant né vivant et
viable possède un sexe.
Ainsi, tout enfant
doit avoir un sexe.
1 Art. 59 al. 1er de la loi n° 87-010 du 1er
aout 1987 portant code de la famille, in JOZ, n°
spécial, 1er 1987
2 Art. 59 al. 2, Idem
3 Art. 59 al. 3 du même texte
32
? Du droit aux noms des parents
Conformément à
l'article 41 de
la constitution du 18
février 2006 de la RDC,
tout enfant mineur a
le droit de connaitre
les noms de ses père et
mère.
? Du droit à la nationalité
La nationalité au
sens juridique est
un lien
d'appartenance
juridique d'une personne
à la population
constitutive d'un
Etat1. C'est la
qualité d'une personne en
raison des liens
politiques et
juridiques qui
l'unissent à un Etat
dont elle est un des
éléments
constitutifs.
Le droit
congolais
distingue la
nationalité
d'origine de
la nationalité
dérivée. La
première est celle
qu'on a dès sa naissance.
Le droit congolais
distingue à cet
effet le jus soli et
le jus sanguinis ;
la seconde, est celle
qu'on a après sa naissance.
En dépit de toutes ces
distinctions,
l'enfant doit avoir une
nationalité2.
D. Le droit à un environnement
sain
La constitution du 18
février 2006 telle que
révisée à ce jour
dispose en son article 53
que « tout individu a
le droit à un
environnement sain et
propice au
développement.
Puisqu'il
s'agit ici
des droits de l'enfant,
l'article 44 de la
loi portant protection de
l'enfant vient le renforcer
en disposant que « l'enfant a
droit à un environnement
sain et propice
à son épanouissement
intégral ; il a notamment
droit aux activités
sportives,
culturelles,
manuelles, et
récréatives.
L'Etat garantit la
jouissance de ce droit par
l'aménagement, la
promotion et la protection
des espaces appropriés.
1 KAPETA et MWANZO, op.cit, p 20.
2 Article 10 de la constitution du 18 février 2006,
op.cit
33
Tous ces droits promus par
la présente loi ne
peuvent être réellement mis en
mouvement que dans un environnement sain et
propice. On ne sait pas
éduquer ou former l'enfant dans un
environnement
malsain,
malpropre et corrompu.
L'enfant n'a pas que des
droits à réclamer,
mais il a
également des devoirs
vis-vis des
parents et de
l'Etat. C'est
ainsi qu'après
avoir analysé les
droits de l'enfant, il
importe à présent
d'analyser également
ses devoirs vis-à vis
de la communauté.
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