SECTION III : APPRECIATION CRITIQUE ET SUGGESTIONS
L'enfant, nous
l'avons dit, est un
être faible,
vulnérable et
impuissant vu son niveau
très faible de
maturité, son manque de
discernement et
surtout sa
situation de dépendance ; il
a donc besoin du concours de toute
la communauté pour son
épanouissement.
Ces raisons,
avions - nous
dit, on poussé le
législateur à
prendre, mieux, à
édicter la
loi portant
protection de
l'enfant pour réadapter sa vie aux
exigences des règles
minima de la
vie.
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Ainsi, nous
allons émettre notre
appréciation
critique (§1) et
formuler des différentes
propositions (§2).
§1. Appréciation critique
La protection
judiciaire
de l'ECL aborder ci-dessus,
suscite notre
appréciation
critique qui du reste est
considérable à
double point de vu.
C'est-à-dire
que nous allons aborder les
améliorations de
conditions de vie de l'ECL
(A.), et les
difficultés
relatives à la
mise en oeuvre de cette protection
(B.).
A. Les améliorations
des conditions de vie de
l'enfant en conflit avec la
loi
Déjà, le
fait de remplacer le terme
« enfance délinquante » consacré par
le décret de 1950 par « l'enfance
en conflit avec la
loi », est une
amélioration.
Car, démontre
combien était le
souci du
législateur,
celui de voir
l'enfant être traité dans
les conditions qui
tiennent compte de ses
droits, à
savoir, les droits reconnus
à tout enfant.
Ensuite, la
loi portant protection de
l'enfant institue une
juridiction
spécialisée
dénommée « tribunal pour
enfants », ce qui
soustrait l'enfant du rang des
justiciables
de droit commun, encore une
avancée, car le fait
de placer l'enfant
devant une même
juridiction
que l'adulte,
bien que dans la chambre des
mineurs,
n'était pas
suffisant dans le cadre de sa
protection.
Désormais, le
tribunal pour enfants est le
seul compétent pour connaitre en
premier et second ressort les
affaires pour lesquels se
trouve impliqué
l'enfant en conflit avec la
loi.1
La suppression du
critère de discernement dans
la recherche de la
responsabilité pénale de
l'enfant (sous le décret de
1950), et l'instauration du
principe de
l'irresponsabilité
pénale des mineurs (sous
la nouvelle loi
sur la protection de
l'enfant).
1 Art. 99 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009,
op.cit
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Au niveau des règles
de procédure, il faut reconnaitre
là également des
améliorations
relatives à la
procédure devant le tribunal
pour enfants ;
l'institution des mesures
provisoires à prendre en faveur de
l'enfant et ce, au long de
l'instruction du dossier
; des garanties
procédurales.
Enfin, au
niveau des décisions
à prendre contre l'enfant, on
reconnait également
l'institution des mesures
ajustées aux droits de
l'enfant, et aussi le
mécanisme de
médiation.
B. Les difficultés
relatives à la mise en oeuvre de
la protection de
l'enfant.
La justice n'est pas dans
les textes, mais
plutôt dans l'âme du
magistrat disait
HENRI-PASCAL1.le
magistrat qui est
appelé à dire
le droit, à rendre
justice doit
être mis dans
les conditions
adéquates de la vie
pour ne pas tomber dans la
tentation.
Certes, l'on reconnait
à la loi portant
protection de l'enfant des
innovations en ce qui
concerne la protection de
l'enfant, et dans sa
politique
criminelle.
Mais, le
problème qui suscite
nombre de réactions au sein de
la classe
politique
congolaise, est
celui de la
mise en oeuvre, bref, son
effectivité reste une
lettre morte nous
semble t-il.
L'on devait à ce
jour, compter un pourcentage très
faible d'enfants de
la rue, d'enfants
qui sont
délaissés à
la merci de la
débrouillardise.
L'article 62 de
la loi
susmentionnée
institue une protection
spéciale à
l'encontre des enfants en
situation
difficile,
alors que quand on se promène dans
la ville de
Kinshasa, l'on constate bien
des enfants dans la rue, devenus
mendiants,
vagabonds, se livrant à
la prostitution,
à la débauche. Ces
enfants, avions nous
dit, vont acquérir
des habitudes de vie qui les
rendront incapables
d'accepter les exigences
d'un travail
régulier, ils seront
alors poussés à
s'engager de plus en plus
1 KASONGO MUIDINGE, op.cit,
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profondément dans un style de
vie délinquant pour
l'avenir. Or,
la mise en oeuvre de cette
loi devait permettre
qu'il n'y ait presque pas
d'enfants dans cette
situation, et
diminuer cette
orientation de la
criminalité
juvénile.
Car la
réalisation des
droits de l'enfant, ceux
notamment, de son droit
d'être protégé, suppose
un mouvement d'envergure
nationale.
Désormais, il ne
suffit plus
simplement de
reconnaitre et de comprendre les
devoirs de la communauté envers
l'enfant, mais
d'agir pour traduire ces
convictions en actes.
Les parlements et ses membres peuvent
être les meilleurs
champions de la protection
de l'enfant, mieux,
ils le doivent. Ils
peuvent légiférer,
superviser l'action
du gouvernement, et en tant
qu'autorité
budgétaire allouer des ressources
financières capables de
répondre aux attentes. Comme
responsables nationaux et
notables locaux, ils peuvent
attirer l'attention sur des
questions importantes, et
sensibiliser
l'opinion1.
Cependant,
l'exécution du budget incombe
au pouvoir exécutif.
Car, la
satisfaction des besoins
d'intérêt général
est une mission
dévolue au gouvernement,
celui-ci dans sa
conception
multidimensionnelle.
Que peut-on dire de
la situation
actuelle de l'enfant en
République Démocratique du
Congo en général, et dans la
ville de Kinshasa en
particulier ?
Nous avons reconnu les
innovations adaptées par
la loi sous examen,
en ce qui concerne les
droits de l'enfant,
mais l'on ne dira
pas que tout ceci est une fiction
juridique ?
Puisque la
réalité sur terrain
présente un autre aspect de ce qui
devrait être.
Déjà sur
terrain, l'on rencontre pas mal
de
difficultés
relatives à
l'organisation et au
fonctionnement du tribunal
pour enfants !
L'article 200 de
la loi
dispose qu'ils seront
installés
les tribunaux pour enfants dans
1 O'DONNEL, Dan, op.cit, p. 17
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les deux ans qui
suivent la
promulgation de la
présente loi, or,
actuellement nous avons dépassé
le délai
légal de cette
organisation.
Combien de tribunaux pour enfants
ont été
installés au
jour où nous
parlons.
Le seul tribunal
de Kinshasa / N'djili
installé au mois de
mai 2011, connait de
sérieux problèmes
liés à son
fonctionnement. Le manque des
locaux, le non paiement du
personnel
administratif,
l'absence des frais de
fonctionnement, tant de
problèmes qui
jalonnent cette
juridiction.
Pour l'organisation
des audiences il faut
recourir aux locaux du
Tribunal de Grande Instance
de N'djili.
Au niveau de la
détention, là encore
rien ne marche nous semble t-il
! Selon le rapport
du centre d'appui
au travail social
de la rue (CATR en
sigle),
publié au net, lançant
un cri d'alarme en faveur
des enfants en conflits avec la
loi au pavillon des
mineurs de la prison
centrale de Makala, à
l'issue de la
visite de ses responsables
et partenaires,
visite intervenue
le 14 juillet
dernier, «les enfants
en conflit avec la
loi détenus au
pavillon 10 de cet établissement de
rééducation, sont
nourris deux fois par
semaine (mardi et jeudi)
grâce à une action de
BICE. Cet organisme
leur fournit des gâteaux
le mardi et des plats du
riz le Jeudi. Les autres
jours, les enfants attendent que
la manne tombe du ciel
» comme ils l'ont
témoignés
eux-mêmes à la
délégation du CASTR et
partenaires (IDAY/
SUISSE, IDAY/ RDC, CNB/
BERLGIQUE) conduite par M.
Michel LUKOMBO,
chef de division
représentant le Directeur de
la protection
judiciaire des
enfants au ministère
de la Justice. Même un
éducateur du BICE et des agents de la
prison ont appuyé ces
témoignages et surtout salué
le fait que les membres de
la délégation
ont partagé et mangé des gâteaux avec
les enfants, outre
certains effets leur offerts
(ballons de foot Ball,
arrosoirs, habits,
livres, cahiers,
etc.). Tous les
témoignages sur la sous
alimentation des détenus
mineurs étaient moins
.parlant que leur
état de santé
précaire, pour la
plupart.
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Quant aux dossiers
judiciaires,
ils semblent être au point
mort. Certains enfants ont
profité de l'ambiance
de gaité occasionnée par
la visite du CASTR
et partenaires pour poser
le problème de leurs
dossiers au Juge du tribunal
de paix de KASAVUBU (Assossa) de passage au
pavillon 10 pour une
visite. Parmi
les détenus, beaucoup ont
confié à la
délégation
qu'ils ont passé
plusieurs mois sans
espoir de recouvrer la
liberté. Bien
d'autres affirment que les
parents ne sont pas informés de leur
incarcération.
Selon un agent de la
prison,
plusieurs griefs
sont reprochés aux enfants, notamment
le vol, les coups et
blessures, le viol,
le vagabondage,
l'escroquerie, etc. Il
a, par ailleurs,
épinglé
le manque de
loisirs, de
réchauds et
d'ustensiles de
la cuisine parmi
les
difficultés.
Souvent, les enfants
déchirent leurs vêtements pour
s'en servir et allumer
le feu et cuir de rares denrées que
leur apportent certaines personnes de bonne
volonté.
Pour ce qui est de la
prise en charge des enfants tant en
situation
difficile
qu'en conflit avec la
loi, ceux-ci, aux termes des
dispositions de
l'article 62 et
suivants de la
loi portant
protection de l'enfant,
sont
bénéficiaires
d'une protection
spéciale qui
doit se réaliser à
travers les mécanismes de
tutelle de l'Etat conformément
à l'article 63 de
la loi
susmentionnée.
Mais le
constat amère
démontre qu'à ce
niveau, il y'a encore un
sérieux problème.
Depuis la
promulgation de la
loi, aucune infrastructure
n'a été construite à
cette fin, le seul centre de
garde et de rééducation de
l'Etat de BENSEKE FUTI qui,
à ce jour est en pleine
réhabilitation, ne
sait pas accueillir les
enfants.
A peine quelques
institutions
privées agréées militent
tant soit peu, avec bien
sûr les moyens de bord, à
la prise en charge des enfants tant en
situation
difficile
qu'en conflit avec la
loi. D'autre part,
la mentalité même des enfants tant en
situation
difficile
qu'en conflit avec la
loi pose un sérieux
problème de la mise
en oeuvre de cette protection. Les enfants
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arrêtés et transférés au
juge pour enfants, dès
qu'ils arrivent, posent des
difficultés quant
à leur encadrement.
Puisque l'on ne peut pas trop
les coincer,
alors les uns sautent
les mures de la
clôturai du
tribunal pour
fuir, tandis que
les autres, lors de leur
acheminement vers soit la
prison de Makala,
soit le centre
d'ébergement, menacent pas mal
les agents commis à leur
garde en cours de route et cherchent à
échapper.
L'appréciation
critique faite dans
le point ci haut nous a
permis de formuler une
série de suggestions dans
le point
suivant.
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