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La justice n'est pas dans les textes mais l'à¢me du magistrat

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par Chris Mukala Kamuanya
Université de Kinshasa - Graduat 2014
  

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SECTION II : DE L'EFFECTIVITE DE LA PROTECTION JUDICIAIRE DE L'ENFANT EN CONFLIT AVEC LA LOI

L'ECL est un fléau qui ronge le monde actuel et freine son développement.

En RDC, le phénomène n'est pas aussi d'une moindre importance. Il suscite des réactions de partout, et interpelle la conscience de tout un chacun de nous. De ce point de vue, des nombreuses initiatives ont été prises et continuent d'être prises pour lutter tant soit peu contre le fléau pour, si pas son élimination, son atténuation. C'est dans ce contexte que le législateur congolais de la troisième République a senti le besoin pressant de prendre la loi que nous venons de présenter dans la section précédente

En RDC en général, et dans la ville de Kinshasa en particulier, la vie quotidienne de l'enfant dans cette dernière décennie n'a pas été

1 Art. 142 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009, op.cit

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satisfaisante. Accusé de sorcellerie, abandonné, rejeté, exposé à la négligence, au vagabondage, à la mendici, exploité économiquement ou sexuellement, etc. Tous ces traitements ont conduit l'enfant à embrasser la rue, et doit désormais conter que sur soit même pour survivre. Cette nouvelle forme de vie l'oblige à commettre des faits délictueux et à entrer en conflit avec la société et avec la loi.

Pour palier à cette situation, le législateur congolais de la troisième République a, dans la nouvelle loi sur l'enfance, initié une protection spéciale pour des enfants considérés comme en situation difficile. Cette protection spéciale devait se réaliser à travers les mécanismes de tutelle de l'Etat tels que prévus par la présente loi, le placement social et autres mécanismes de prise en charge appropriés conformément aux dispositions des articles 63 et suivants de la loi précitée. La mise en oeuvre de toutes ses recommandations devrait permettre de réduire le taux de la criminalité juvénile car, les acteurs de cette activité délictueuse ne sont rien d'autres que ces enfants énumérés par l'article 62 de la loi sous examen. Ces derniers, constituent sans doute une criminalité potentielle pour l'avenir.

Cependant, il ne suffit plus seulement de prendre des lois, des initiatives, mais de les mettre en mouvement ou de les exécuter. Car, « vaut mieux un petit geste qu'un long discours » disait VOLTAIRE.

Peut-on parler actuellement en termes d'avancés, de régression ou de constance ? A cet effet, il faut poser la question de savoir, qu'est ce qui a été fait ? Où en sommes -- nous avec la situation de l'enfant de la rue, appelé autrement chégué ou faseur. La prise en charge de celui-ci devrait avoir des conséquences positives dans l'évolution de la criminalité juvénile ; quelle est la température actuelle de la criminalité des jeunes dans la ville de Kinshasa ? Puisque la justice n'est pas dans les textes mais plutôt dans l'âme du magistrat, disait

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HENRI-PASCAL. Quel a été le travail du magistrat, son rôle dans l'action judiciaire contre l'enfant.

Pour y parvenir, nous allons envisager l'aspect quantitatif de cette criminalité (§1), son aspect qualitatif (§2) avant de dégager le constat (§3) de cette évolution.

§ 1. Aspect quantitatif de l'enfant en conflit avec la loi

La loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant a institué des tribunaux pour enfants en lieu et place des tripaix qui exerçaient ces attributions dans notre législation jadis.

A ce jour, seul le tribunal pour enfants de N'djili est compétent pour connaitre les affaires pour lesquels les enfants sont impliqués et ce, pour tous les ressorts de Parquets de la ville de Kinshasa. Nous y référons pour mesurer l'évolution de cette criminalité dans la ville de Kinshasa. Il faut toutefois signaler que cette juridiction n'a été installée et a fonctionné que vers le mois de mai 2011. C'est ainsi que, vu cette réali, nous baserons-nous aux données statistiques produites par cette juridiction depuis son installation.

Nous y verrons les statistiques judiciaires (A) et celles policières (B), avant de passer à l'aspect qualitatif de cette criminali.

A. Les statistiques judiciaires

Comme nous venons de l'énoncer, actuellement tous les ressorts des Parquets de la ville de Kinshasa sont regroupés en un seul ressort du tribunal pour enfants de N'djili qui connait en premier et second ressort les affaires pour lesquels se trouve impliquer l'enfant en conflit avec la loi.

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Ainsi, nous baserons - nous sur cet organe juridictionnel pour se rendre compte de la quantité des actes que posent les jeunes (enfants).

Tableau n° 1 : Statistiques judiciaires de manquements des enfants en conflit avec la loi

Année

Effectif

Effectif relatif (%)

2011

955

53,01

2012

917

48,98

Total

1872

100

Source : le greffe du tribunal pour enfants de Kinshasa

En 2011, alors que le tribunal était installé que vers le mois de mai comme l'indique les renseignements fournis ci-haut, cette juridiction a enregistré dans l'ensemble 955 cas de manquements commis par les enfants. En d'autres termes, ces données ne représentent que les huit mois sur douze que compte l'année.

En 2012, nous n'avons pu recueillir que les données pour les mois de janvier à septembre qui ont fait état de 917 cas de manquements pour lesquels le juge a été saisi. Car, c'est cette période qui a coïncidé avec la rédaction de notre mémoire, l'année n'étant pas arrivée à son terme.

B. Les statistiques de la police

Parmi les modes de saisine du tribunal pour enfants, nous retrouvons les P.V. des OPJ. C'est ainsi qu'avons-nous recouru également aux données de quelques postes de commissariats de police de la capitale pour se rendre compte de la quantité de crimes que commettent les jeunes.

Tableau n° 2 : Renseignements obtenus auprès de quelques postes de commissariats de police de la ville de Kinshasa

Manquements

Désignation du commissariat de police et nombre
des cas / an

KALAMU

MATETE

MASINA

KINTAMBO

2011

2012

2011

2012

2011

2012

2011

2012

Vol simple

170

197

210

205

179

182

200

201

Vol qualifié

81

96

87

62

25

72

70

61

Coups et
blessures

148

190

191

215

177

190

154

132

viol

0

1

2

1

0

2

0

0

Chanvre à
fumé

57

51

42

35

71

82

43

25

60

Source : les registres d'OPJ des commissariats de Kalamu, Matete, Masina et Kintambo.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote