3.5- Stratégie de la ville de Douala face à
la problématique de la gestion de l'environnement et l'approvisionnement
en eau potable :
« Agenda 21 Local de la ville de Douala » qui cadre
avec les objectifs du plan de développement de la ville pour 2025
s'appuie sur les objectifs du millénaire et de l'Agenda 21 pour le
développement document mondial produit à la sortie du sommet de
la terre à Rio le 14 juin 1992. En s'inspirant du PROGRAM AGENDA 21
adopté lors de la Conférence des Nations Unies sur
l'environnement et le développement de Rio de Janeiro en son chapitre
28, article 28.3, 3qui prescrit «qu'il faudrait que toutes les
collectivités locales instaurent un dialogue avec les habitants, les
organisations locales et les entreprises privées afin d'adopter
un programme Action 21 à l'échelon de la
collectivité. La concertation et la recherche d'un consensus
permettraient aux collectivités locales de s'instruire au contact des
habitants et des associations locales, civiles, communautaires, commerciales et
industrielles, et d'obtenir l'information nécessaire à
l'élaboration des stratégies les plus appropriées
».
La CUD s'est engagé « dans une démarche de
développement durable motivée par quatre raisons : une conscience
du devoir de faire face à des enjeux internationaux de
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première urgence ; une volonté de
répondre à des enjeux locaux et de satisfaire certaines
aspirations profondes d'un nombre croissant de nos concitoyens ; la
nécessité de répondre aux obligations et incitations de
l'État, en particulier pour les pays et les agglomérations; la
perspective de tirer des bénéfices directs et indirects de la
démarche ».
Plusieurs motifs ont servi d'arguments à la ville de
Douala qui, au niveau de la Communauté Urbaine a décidé de
procéder à l'élaboration d'un tel projet :
? Donner de la cohérence et de la lisibilité
à l'action municipale, en examinant tous les dossiers, en se posant les
questions sur leur pérennité, et sur leur impact en
matière économique, sociale et environnementale ;
? Légitimer, voire institutionnaliser des pratiques
existantes, en particulier au travers des communes, associations, chefferies,
représentants des collectivités... ;
? Fédérer l'action des citoyens de la
métropole de Douala autour d'un projet partagé. Ainsi, les
élus espèrent répondre à la demande exprimée
par la population pour faire face aux problèmes de la pénurie en
eau potable.
Dans le cadre de l'Agenda 21 de la ville de Douala,
l'étude a relevé que pour que l'action soit effective et que la
mise en oeuvre de la démarche pour la gestion des risques
environnementaux au sein du projet soit réalisable , il faudra : la
mobilisation des acteurs ; faire un diagnostic du territoire basé sur le
développement durable ; définir une stratégie locale de
développement durable ; proposer des mesures correctrices ; mettre en
oeuvre des actions ; faire une promotion ; pérenniser et établir
un suivi-évaluation permanent ; Lutter contre les causes et les effets
du changement climatique ; protéger la biodiversité et
préserver les ressources en eau ; agir pour un environnement respectueux
de la santé ; intégrer les populations les plus sensibles et
améliorer leurs conditions de vie ; sensibiliser, informer,
éduquer au développement durable et développer de
nouvelles formes de gouvernance ; développer les coopérations
internationales et la solidarité nord-sud. Tous ces thèmes ont
été abordés dans l'Agenda 21 de la ville de Douala. Ce
document démontre la complexité du système de gestion de
l'environnement à Douala et la nécessité de le rendre
durable « pour les générations futures sans compromettre les
opportunités des générations actuelles ». L'approche
de l'Agenda 21 local de Douala sur les aspects relatifs à la gestion du
risque environnemental et l'eau potable comme ressource naturelle met en
exergue cinq facteurs déterminants susceptibles de contribuer activement
à une gestion durable de l'eau potable et de l'environnement en
général à Douala. Ces facteurs sont :
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? La Réduction de la consommation de l'eau des parcs et
jardins.
? La Réduction de la consommation de l'eau dans les
bâtiments et infrastructures de la
ville.
? La Prévention et réduction du risque
écologique.
? [a Généralisation de l'accès à
l'eau potable.
? [a Réglementation de l'utilisation des puits et
forages.
Afin de réduire la consommation de l'eau des parcs et
jardins, il est question ici avant tout de réduire les
prélèvements d'eau dans les nappes profondes pour que les eaux
destinées à l'arrosage soient plus disponibles. Il est important
d'adopter un mode d'arrosage économe. Les mesures proposées sont
: de mettre en place des bassins au sein des parcs et jardins pour
réduire l'utilisation de l'eau du réseau courant de la CDE ;
créer des points de captage sur les cours d'eau urbains existants
lorsque la qualité de leur eau peut permettre l'arrosage des plantes ou
d'utiliser celle de la nappe phréatique en créant des puits.
Pour ce qui est de la réduction de la consommation
d'eau dans les bâtiments et infrastructure de la ville, il est question
de mettre en place les moyens de détection des fuites d'eau dans les
bâtiments et autres installations publiques ; créer des points de
puisage et les indiquer par une signalétique spécifique et
réduire considérablement la réalisation des forages
profonds pour des besoins de « Car Wash » et d'utilisations autres
que la consommation ménagère et industrielle. La
prévention et la réduction du risque écologique facteur
important à prendre en compte insiste sur le fait que il serait urgent
d'inventorier par cartographie les différentes zones à risque
ainsi que le type de risque à survenir afin de proposer un plan global
de restructuration des zones à risque et des site écologiques
fragiles dans la ville.
La généralisation de l'accès à
l'eau potable pour être effective à Douala devrait prendre en
compte les aspects tels que : l'accompagnement de tous les acteurs dans la
modernisation et l'extension du réseau d'adduction d'eau potable
à l'ensemble de la ville de Douala, la facilitation du processus
d'abonnement en vue du branchement des ménages au réseau
d'adduction d'eau, la réactivation des projets d'accès à
l'eau pour tous à travers la réouverture des bornes fontaines
publiques dans les quartiers populaires et difficiles d'accès. Associer
à l'accès à l'eau potable, la réglementation dans
l'utilisation des puits et forage. Il serait question ici d'appliquer la
règlementation sur la gestion des forges, assurer le suivi de la
redevance liée au prélèvement de l'eau, placer des
compteurs dans les forages des grandes
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industries pour mesurer les prélèvements
à taxer et fixer selon les types d'activités des quotas annuels
ou mensuels de prélèvement au-delà desquels des
pénalités seront fixées.
Elaborée en Décembre 2009, la Stratégie
de Développement de la ville de Douala et de son aire
Métropolitaine comportait certains axes majeurs d'intervention des
municipalités de l'aire métropolitaine, des différents
partenaires- institutionnels de développement, des privés et de
la société civile - visant à : renforcer
l'attractivité et la compétitivité de la ville de Douala ;
à créer les conditions de la croissance d'un pôle
économique sous-régional compétitif, capable d'attirer les
investisseurs et promouvoir de nouvelles activités ; améliorer la
gouvernance urbaine à travers notamment un cadre institutionnel
rénové et adapté au contexte ; améliorer les
conditions de vie des populations pauvres notamment à travers
l'accès aux besoins primaires (eau, électricité,
éducation...).associer à cela la dynamisation du secteur informel
dans le sens d'une augmentation des bénéfices individuels et
collectifs qui peuvent en être tirés par des mesures
d'accompagnement appropriées. Une attention particulière serait
également portée aux dysfonctionnements qui entravent
l'accès des populations à la sécurité
foncière et favorisent en conséquence la précarité
de l'habitat. Pour y'arriver, les axes stratégiques consistaient
à un ensemble d'actions d'amélioration des équipements et
des infrastructures (en intégrant ceux déjà en cours ou
envisagés), des mesures réglementaires et d'amélioration
de la gouvernance. Cette stratégie se situe dans le cadre
général des efforts faits par le Cameroun pour réduire la
pauvreté tel que présentés dans le rapport final de la CUD
faisant le bilan de 2007 à 2012.
Le Rapport final du « Plan Directeur d'Urbanisme de
Douala à l'horizon 2025 » a été préparé
par le Groupe Huit / AS Consultants1 en synergie avec l'équipe de la
Direction des Etudes de la Planification Urbaine et du Développement
Durable (DEPUDD) de la Communauté Urbaine de Douala. Les diagnostics,
orientations et recommandations déroulés dans ce document sont
issues de plusieurs missions sur le terrain (organisées entre novembre
2010 et février 2012) et la revue de nombreuses études : les
Documents Stratégiques du Gouvernement, la Stratégie de
développement de la Ville de Douala et de son aire
métropolitaine, le Schéma directeur d'assainissement, le Plan
directeur des déplacements, l'Etude sur la valorisation du patrimoine
culturel, le Schéma directeur portuaire, le Schéma directeur
ferroviaire, le Schéma d'aménagement et d'urbanisme (1983) ...
L'élaboration du PDU a également bénéficié
des remarques formulées par les Autorités et les
représentants de la population ayant participé aux principales
« réunions de restitution ».
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En définitive, sur le plan global, les cinq
thématiques de la revue de littérature définies par
l'étude pour explorer le modèle de gestion de l'environnement, le
management des risques et l'eau comme ressource naturelle dans une approche
transversale et pluridisciplinaire de la gestion des programmes et projets de
développement en milieu urbain examinés ici de manière
sommaire, reflèteraient la pertinence et l'opportunité de notre
travail. A cet effet, la revue de littérature avait pour objectif de
mettre à vue les politiques et pratiques des acteurs du domaine pour
mieux comprendre à quel type de répercussion le monde, l'Afrique,
le Cameroun et Douala plus particulièrement on doit faire face si le
volet environnement est toujours aussi marginalisé et si des actions
promptes des institutions concernées ne sont pas effectuées afin
de réguler et d'améliorer l'accès à « la vie
par l'eau potable » indispensable pour le bienêtre des citoyens.
Cette approche est circonscrite dans un système de
gestion caractérisé par une forte disparité et
incongruité dans les pratiques des acteurs. C'est la raison pour
laquelle la revue de la documentation des institutions internationales,
nationales et académiques (scientifiques) nous montre combien il serait
urgent de continuer la réflexion à tous les niveaux pour garantir
et sécuriser d'avantage l'approvisionnement des populations en
qualité et quantité d'eau potable par la maitrise du couple
Santé-Environnement indispensable pour la vie.
On peut donc dire qu'il existe bel et bien une base juridique
solide pour la gestion de l'eau au Cameroun et qui est conforme à la
volonté et aux aspirations de la communauté internationale. Mais
est-ce à dire qu'il y a lieu d'affirmer que notre pays applique
rigoureusement toutes ces lois et politiques, notamment en ce qui concerne la
gestion de l'environnement, l'assainissement et la gestion des ressources en
eau, l'hygiène du milieu pour la santé des citadins et la
sécurité des aliments ... ? Il y a lieu d'en douter de par la
prévalence accrue des maladies hydriques dans nos cités, la
persistante des ventes illicites des eaux aux qualités douteuses,
l'augmentation du taux de population qui non pas accès à l'eau
potable, les pratiques à risque dans le cadre de la mise en oeuvre d'un
réseau d'alimentation en eau potable et bien d'autres problèmes
non négligeables. Cependant, on ne peut pas dire que rien n'a
été fait au plan politique pour faire face à la situation
au Cameroun et notamment à Douala. Le projet CAMWATER Phase I et II en
est une preuve audacieuse et convaincante.
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