3- LA REVUE DE LITTERATURE
Cet exercice de documentation nous a ouvert l'esprit et permis
à partir des expériences développés au niveau de la
communauté internationale et dans certains pays, d'appréhender
les problèmes de gestion de l'environnement, la gestion des risques plus
particulièrement leurs rapports avec l'adduction d'eau potable. Ainsi,
nous passeront tour à tour en revue :
? La vision de la communauté internationale : les
questions de gestion environnementale
et l'eau potable comme ressource naturelle
? Les orientations évolutives de la gestion des risques de
l'environnement
? Les expériences Euro-Africaines dans la
réalisation des projets d'adduction d'eau.
? La démarche Camerounaise dans la mise en oeuvre d'une
stratégie Santé-
Environnement pour le Programme de développement des zones
urbaines.
? La stratégie de la ville de Douala face à la
problématique de la gestion de
l'environnement et l'approvisionnement en eau potable.
3.1- La Vision de la Communauté International : les
questions de Gestion
Environnementale et l'Eau Potable comme Resource Naturelle
:
L'Union Mondiale pour la Nature IUNC (2000) relève
l'importance du volet « environnement et écosystèmes »
de la Vision mondiale de l'eau. Le document insiste sur la
nécessité de changements fondamentaux dans l'attitude et le
comportement des êtres humains envers l'eau douce et les
écosystèmes qui en dépendent, si l'on veut arriver
à garantir une sécurité environnementale, sociale et
économique. La « Vision » présente le cadre
théorique des interactions-clés entre les êtres humains et
la nature et propose un plan d'action composé de six objectifs
principaux allant de la gestion durable des ressources naturelles aux
questions
de gestion publique, de la communication et du savoir-faire.
Il s'agit ici d'un document stratégique particulièrement
important pour la mise en symbiose des activités humaines en vue du
respect et de la conservation de la nature notamment les ressources en eau. La
préservation du fleuve Moungo d'où est captée et
traitée l'eau potable du projet CAMWATER Phase II devrait donc tenir
compte de ses recommandations.
Stephan Rist (Helvetas 2001) estime que: « if this
drinking water system fails, then the whole community is a failure ». Son
étude relève que si les formes de gestion de nouvelles
infrastructures pour l'eau potable, comme par exemple des « comités
de l'eau » mis en place par l'aide internationale, ne correspondent pas
à la structure de gestion du village, l'infrastructure ne peut pas
être durable. L'étude propose un système de gestion
adapté au mode de fonctionnement local : des bureaux communaux,
représentés par des personnes
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connues et appréciées de la population sont mis
en place. Les chefs de cantons associés à la médiation
sociale pour la sensibilisation et la résolution des conflits avec la
population de Douala dans le cadre du projet CAMWATER Phase II devraient
s'inspirer de ces propositions de Stephan Rist. Car même en milieu
urbain si les populations ne s'impliquent pas, les infrastructures comme le
pont-tuyau de Bonaberi, les différents châteaux d'eau de Nyala,
Koumassi ou encore Logbessou ...ne peuvent pas durer.
Guerquin François et al, (Conseil
Mondial de l'Eau 2003) : Préparé à l'occasion du 3e Forum
Mondial de l'Eau, ce rapport présente l'inventaire des efforts de la
communauté internationale pour convertir la « Vision Mondiale de
l'Eau » en actions. Il s'appuie sur quelques 3000 actions (disponibles
sous forme de base de données sur Internet), conçues pour
améliorer la gestion de l'eau au niveau local, régional, national
ou international. Ces actions sont issues d'exemples de bonnes pratiques, de
projets de recherche appliquée, d'études, de campagnes de
sensibilisation, de politiques ou de réformes institutionnelles et
législatives. Il s'agit d'un complément au « Rapport Mondial
sur la mise en valeur de l'eau dans le monde » et à la «
Boîte à outils pour la gestion intégrée des
ressources en eau ».
Le Conseil Mondial de l'Eau (CME ,2003) explique qu'en ce qui
concerne les problèmes de financement, il s'agit de dépenses
lourdes suivant les types d'utilisation de l'eau. Par exemple, la collecte et
le traitement des eaux usées, l'irrigation, les eaux industrielles, les
eaux domestiques ainsi que les questions connexes de gestion des ressources, de
prévention des crues, de sauvegarde de l'environnement etc. S'agissant
particulièrement des pays en développement, le CME estime qu'un
doublement du volume financier est nécessaire pour atteindre les
objectifs du millénaire relatifs à l'eau et l'assainissement. La
situation financière serait encore plus difficile pour les pays
Africains comme le Cameroun qui était coincé à
l'époque par les plans d'ajustement structurel imposés par le FMI
et la Banque Mondiale. Le pays ne pouvait entreprendre aucun projet majeur,
même dans le domaine vital de l'eau potable.
D'après le document « LA VILLE, ACTEUR DE
DEVELOPPEMENT » issue des actes du séminaire international de la
Coopération Technique Belge à Bruxelles du 18-19 Décembre
2007 mettant en grandes lignes l'exposé de David Satterthwaite de
l'International Institute for Environment and Development (IIED), Royaume-Uni.
L'exposant dans ces travaux insiste sur le fait que « La
nécessité de se concentrer davantage sur les services de base en
milieu urbain est incontestable pour deux raisons. La première est
l'ampleur et la rapidité de la croissance de la pauvreté en
milieu urbain - en particulier en Afrique et en
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Asie. La seconde raison, directement liée à la
première, est l'ampleur et la rapidité du retard engrangé
par la fourniture de ces services dans les zones urbaines - notamment la
distribution d'eau, l'assainissement, le drainage, les soins de santé et
l'existence d'écoles. Bien souvent, la moitié, voire plus, de la
population des centres urbains n'a pas accès à ces services
». C'est bien le cas de l'eau potable à Douala qui a motivé
la mise en oeuvre du projet CAMWATER Phase II. Il existe donc une
cohésion parfaite entre notre étude de cas et l'idée
illustrée par David Satterthwaite dans son exposé à
Bruxelles dans le cadre des activités de la Coopération Technique
Belge (CTB).
Au canada, Le Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu,
institution Québécoise met sur pied une politique adoptée
le 19 février 2008 par son conseil d'administration. Cette politique est
plutard publiée dans un document intitulé Politique
relative à l'environnement et au développement durable.
Il définit des objectifs fondamentaux dans la mise en oeuvre du
respect de l'environnement et l'application du développement durable.
Ici on peut souligner: la création des formations et l'animation des
activités de sensibilisation à la protection de l'environnement
et au développement durable, encourager dans la mesure du possible la
concertation et les partenariats avec les organismes municipaux,
régionaux et nationaux pour le développement des actions visant
la protection de l'environnement. Elle a également initié
l'instauration de pratiques de gestion environnementale notamment la
réduction de la consommation de l'eau tout en respectant les besoins des
utilisateurs et en prévenant la contamination pour en protéger la
qualité, améliorer constamment les pratiques de gestion et
d'utilisation des matières dangereuses de façon à
éliminer ou à contrôler les risques pour la santé
humaine et l'environnement. Ces éléments sont pour notre
étude une base vitale dans la compréhension de la
thématique définie. Car ils démontrent l'enjeu d'une
gestion environnementale et son apport pour le développement d'une
communauté comme celle du Cégep au Canada et de la ville de
Douala au Cameroun.
La Banque Africaine de Développement (BAD) dans sa
démarche de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau
(GIRE) en 2010 souligne le fait que, le secteur de l'eau est scensé
subvenir à des besoins sociaux, environnementaux et économiques.
Devant la pénurie croissante de l'eau exacerbée par l'explosion
démographique et l'urbanisation, la mauvaise affectation des ressources,
la dégradation de l'environnement et la mauvaise gestion des ressources
en eau, le Groupe de la Banque et ses pays membres régionaux (PMR) font
face à de nouveaux défis qui requièrent une nouvelle
approche de la gestion des ressources en eau.
Pour le Groupe de la Banque Africaine de Développement
(BAD) :
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? L'eau doit être considérée comme un bien
économique, social et environnemental ;
? les politiques et options guidant la gestion des ressources en
eau doivent être
analysées dans un cadre global ; elles visent
essentiellement à promouvoir un développement efficace,
équitable et durable à travers une gestion intégrée
des ressources en eau.
Le Conseil d'administration du Programme des Nations Unies
pour l'Environnement
(PNUE) lors de sa douzième session extraordinaire
à Nairobi, du 20-22 février 2012 rend compte des progrès
réalisés dans la mise en oeuvre de la politique et
stratégie du Programme des Nations Unies pour l'environnement dans le
domaine de l'eau pour la période 2007-2012 adoptée par le Conseil
d'administration dans sa décision 24/16 A du 9 février 2007. Il
fournit des informations sur les activités menées
conformément à la politique et stratégie depuis la
vingt-cinquième session du Conseil d'administration, et les
enseignements tirés de sa mise en oeuvre.
Utilisant la politique et la stratégie dans le domaine
de l'eau, le PNUE a mené de nombreuses activités en vue de
promouvoir l'adoption de la démarche
éco-systémique pour la gestion de l'eau afin
d'améliorer la sécurité hydrique et les conditions de vie
des êtres humains. Ici nous pouvons noter certains principaux
résultats atteints au cours de la période 2009-2011. Ils sont
présentés ci-après conformément aux volets de la
stratégie : évaluation, gestion et coopération.
En ce qui concerne les objectifs du volet
évaluation de la politique et de la stratégie
dans le domaine de l'eau, il a été recommandé de : fournir
une base de connaissances permettant d'élaborer, de gérer, de
suivre et d'évaluer les programmes relatifs aux ressources en eau et
d'encourager l'intégration de la gestion durable des ressources en eau
dans les politiques et processus de ces développements ; renforcer la
sensibilisation et informer les parties prenantes (y compris le public) sur les
questions et préoccupations relatives à l'eau comme étant
une ressource ; évaluer les menaces, les tendances et les
problèmes émergents qui pourront exiger que des mesures soient
prises à l'avenir.
En définitive, à travers le PNUE, le PNUD et la
BAD, associés aux autres institutions internationales, nous constatons
que la communauté internationale affiche une préoccupation
constante pour les problèmes de l'eau d'une part et de l'environnement
d'autre part. Elle n'a pas encore mis en exergue un plan cadre
bien défini en ce qui concerne la gestion du risque
environnemental lors de la mise en oeuvre des projets d'adduction d'eau. Elle
énonce
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cependant les orientations et laisse les choix politique et
stratégique au niveau de la responsabilité de chaque Etat.
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