III. RECENSEMENT ET TYPOGRAPHIE.
a. Analyse des oeuvres anonymes.
Dispersées sur l'ensemble du territoire de Provence et
du Dauphiné du XVIIème, les Assomption demeurant anonymes sont
aujourd'hui nombreuses : elles constituent la moitié de notre catalogue
complet. Si ces oeuvres n'ont été affectées à aucun
nom de peintre connu, l'analyse de leur iconographie révèle
parfois des indices précieux sur l'origine de la commande.
L'actuel département du Var en compte le plus grand
nombre : l'Assomption du Luc que nous étudierons dans la partie
suivante de cette étude, celle d'Aups, Grimaud et Ollioules.
L'Assomption
(Fig.12)198 d'Ollioules est
conservée au sein de l'église Saint-Laurent, cependant nous
allons voir que son iconographie nous révèle, si ce n'est le
peintre, sa provenance. De plus, au premier abord, la composition relativement
élaborée de cette oeuvre attire l'attention. La toile est
divisée selon les deux registres habituels, dans la partie
supérieure la Vierge est à demi- assise accompagnée de
cinq anges, dont la plupart sont à moitié dissimulés par
le nuage sur lequel les personnages reposent. Elle est vêtue d'une robe
brodée d'or dont les tons sont quasi similaires à ceux
utilisés pour la masse nuageuse, le mouvement ascendant y est
suggéré par l'air qui agite les drapés. Remarquons que la
Vierge est très rarement représentée sans sa
traditionnelle robe bleue. Il ne faut cependant pas oublier de souligner que
cette toile est assombrie par le vieillissement du verni, et qu'elle a
probablement subi plusieurs repeints.
La partie intermédiaire qui sépare les deux
registres présente un agencement original, dans lequel nous pourrions
déceler un peintre au certain talent. En effet, le bas du nuage forme
une sorte de pointe qui vient scinder la partie médiane du tableau. D'un
côté est représenté dans
198Anonyme, Assomption, 380 x 200 cm,
17e siècle, église Saint-Laurent, Ollioules.
63
l'ombre un groupe compact de sept des apôtres, et de
l'autre le peintre fait figurer un paysage avec deux arbres cachant en partie
une montagne peinte dans des tons de bleu grisonnant. Le ciel qui se profile au
loin au-dessus de cette ligne de paysage, révèle des
dégradés de bleu-orangé. De tels coloris nous rapprochent
d'une peinture sans doute provençale.
Le registre inférieur est divisé en deux plans,
séparés par le tombeau199 vide de la Vierge. Au second
plan nous retrouvons quatre des douze apôtres, parmi lesquels nous
pouvons reconnaitre saint Jean, au visage jeune et aux cheveux longs,
vêtu d'une tunique dans les tons de violet.
Au tout premier plan figurent trois personnages, facilement
reconnaissables à leurs attributs et dont deux d'entre eux nous
fournissent de valables indices quant à la provenance de l'oeuvre. Au
centre saint Pierre est l'apôtre le plus en valeur dans toute la
composition : il est représenté de trois-quarts, un genou
à terre, les bras légèrement levés vers le ciel. Le
peintre donne à saint Pierre ses attributs iconographiques traditionnels
: la clé que l'on peut voir à côté de lui,
posée sur le livre. Moins fréquent, la crosse d'argent aux pieds
de Pierre, symbolise son statut de premier pape de Rome. Cet
élément rajouté aux attributs habituels démontre
certainement la bonne connaissance des écrits religieux par le
peintre.
De chaque côté de l'apôtre se trouvent donc
deux saints, extérieurs à l'épisode de l'Assomption telle
que le décrivent les textes. Il s'agit de saint François d'Assise
et de sainte Claire200. Nous avons vu précédemment que
l'ajout de personnages à la scène est toujours le fait des
commanditaires. Si nous considérons que c'est également le cas
pour cette oeuvre et que l'artiste à répondu à des
exigences iconographiques précises, ces deux personnages nous
199 Notons que le tombeau est ici sculpté de strigiles,
sorte de cannelures ondulées, particulièrement utilisées
dans la confection des tombeaux sous l'Antiquité.
200 Aussi appelée Claire d'Assise.
64
renvoient alors à l'Ordre des frères
mineurs201. Saint François en est le fondateur au
début du XIIIème siècle à Assise en Italie. Le
peintre le figure à genoux avec ses attributs, les stigmates que le
saint reçoit du Christ et le froc202 marron porté avec
une corde en guise de ceinture à la taille. À droite, sainte
Claire est également agenouillée, elle tient de ses deux mains un
ostensoir d'argent, son attribut distinctif. C'est avec celui-ci qu'elle aurait
chassé d'Assise les Sarrasins, mais surtout sainte Claire est à
l'origine de la fondation de l'ordre des Clarisses à Assise, le pendant
féminin des frères franciscains. Or, dans la première
moitié du XVIIème, en 1634, les soeurs Clarisses s'installent
dans un couvent d'Ollioules. Nous pouvons supposer qu'elles sont à
l'origine de la commande de cette Assomption, où sainte Claire est
figurée en bonne place. Cette hypothèse parait assez plausible
puisque cette toile a été datée du XVIIème
siècle, et l'établissement de l'ordre à Ollioules parait
être une occasion privilégiée pour passer commande d'une
oeuvre.
L'Assomption aurait donc était
déplacée au moment de la fermeture de l'ordre des Clarisses sous
Louis XV, au milieu du XVIIIème siècle, pour se trouver depuis
dans l'église paroissiale Saint-Laurent.
Si nous considérons cette hypothèse comme
vraisemblable, les soeurs ont fait appel à un peintre très
probablement originaire de la région, relativement doué et qui
possédait néanmoins une solide culture religieuse. Saint
François et sainte Claire semblent être les personnages qui ont le
plus souffert de repeints, cependant nous décelons dans les autres
protagonistes un grand soin apporté aux mains et aux visages, notamment
pour saint Pierre et la Vierge. Les broderies d'or qui ornent sa robe sont
également réalisées avec une grande finesse.
201 Les membres des frères mineurs sont
communément appelés les Franciscains, nous les connaissons
d'ailleurs plus sous cette appellation.
202 Habit usuel des moines, qui comprend une capuche et tombe sur
les pieds.
65
Cependant l'iconographie ne nous renseigne pas toujours sur
une provenance éventuelle, ni même à l'appartenance
possible à un peintre.
C'est le cas de l'Assomption
(Fig.13)203 d'Aups204,
dans l'actuel département du Var, qui présente une composition
tout à fait intéressante et singulière. Si les deux
registres sont présents, le peintre ne les sépare pas par une
bande de ciel ou de paysage, qui est le type qui se retrouve le plus
fréquemment dans l'iconographie traditionnelle. Au bas nous retrouvons
les apôtres, cinq d'entre eux sont au premier plan, mais tous forment un
cercle autour du tombeau, qui est à peine visible. L'ensemble des
représentations de l'Assomption fait certes figurer les apôtres,
mais ils sont en général attroupés, formant une foule
souvent compacte de part et d'autre de la sépulture. Cette disposition
circulaire des apôtres est donc inhabituelle, et dénote un souci
de composition de la part du peintre. Leurs regards se portent essentiellement
vers la Vierge, qui ne semble pas les avoir encore entièrement
quittés. En effet, le tombeau au centre du cercle des apôtres est
partiellement recouvert du nuage qui porte les anges et Marie. Le peintre donne
à la masse nuageuse trois sortes de « paliers » : sur le
premier, presque posé sur le tombeau, deux anges regardent en direction
du spectateur. Juste au-dessus la Vierge apparaît dans un halo de
lumière, les bras ouverts, un genou posé sur le nuage, l'autre
jambe légèrement dépliée. Un ange est appuyé
juste à côté, un bras dans les airs et la regarde avec
tendresse. Au dernier niveau, sur un petit nuage, deux angelots tournent eux
aussi leurs regards vers la Vierge. À droite du groupe, le peintre fait
figurer derrière l'imposant nuage, une petite parcelle de paysage et de
ciel bleu, mais ce n'est de toute évidence pas l'élément
privilégié par l'artiste. L'attention est portée à
la composition pyramidale dont la Vierge est le point culminant. Notons
également la présence de deux têtes de putti dans le coin
gauche de
203 Anonyme, Assomption, 17ème
siècle, 370 x 280 cm, église Saint Pancrace, Aups.
L'oeuvre a été restaurée en 1994,
après être tombée dans le choeur de l'église.
204ACHARD, Claude-François, Description
historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages
et hameaux de la Provence ancienne et moderne et du comtat
Vénaissin, Tome 1er, Aix, 1787, p.266.
66
l'oeuvre. Outre l'arrangement original des personnages, les
coloris vifs des vêtements des apôtres et de la Vierge indiquent
vraisemblablement la palette d'un peintre provençal.
Nous pouvons reconnaître dans cette Assomption
une oeuvre de qualité, dont l'iconographie, qui dénote des
compositions habituelles révèle une peinture
réfléchie et de bonne fracture.
Toujours dans le Var, l'Assomption
(Fig.14)205 de Grimaud,
présente, elle, une composition traditionnelle, en deux registres. Les
apôtres sont représentés derrière et de chaque
côté du tombeau. Il y a cependant peu de place laissé au
ciel qui vient ici séparer les deux parties. Au-dessus la Vierge est
assise sur un nuage, elle est accompagnée de deux anges et à ses
pieds se trouvent trois têtes de putti. Sa position est assez statique,
bien qu'elle ait les bras ouverts et la tête levée vers le ciel.
L'oeuvre est probablement en place dans la chapelle Notre-Dame de la Queste
depuis sa réalisation. En effet l'édifice dont la construction
remonte au XIème siècle, a été agrandi au
XVIème siècle tant la fréquentation était
importante, notamment lors de la fête mariale du 15 août. La
commande d'une Assomption pour la décoration de la chapelle
parait envisageable, si l'on prend en compte l'importance de cette fête
au sein du village. Outre les offices prononcés en ce jour, et les
processions, Grimaud accueillait aussi pour le 15 août une foire aux
bestiaux. L'aspect populaire de cette fête semble être
marqué en Provence.
Nous retrouvons des oeuvres anonymes dispersées sur
tout le territoire provençal : l'Assomption
(Fig.15)206 de Salon-de-Provence,
dont on ne sait rien, mérite tout de même d'être
signalée. Elle fait en effet partie d'un ensemble de quinze oeuvres
représentant les quinze mystères du Rosaire207,
disposées très en hauteur, au-dessus du narthex de
l'église
205 Anonyme, Assomption, 17ème
siècle, 700 x 600, chapelle Notre-Dame de la Queste, Grimaud.
206Anonyme, Assomption,
17èmesiècle, église Saint-Laurent,
Salon-de-Provence.
207Les quinze mystères du Rosaire sont: la
Résurrection de Jésus, l'Ascension de Jésus, la Descente
du Saint Esprit sur les apôtres, l'Assomption de la Sainte Vierge Marie,
le Couronnement de la Sainte Vierge au ciel, l'Agonie de Jésus au jardin
des oliviers, la Flagellation de Jésus, le Couronnement d'épines,
le Portement de la croix, le Crucifiement et la mort de Jésus sur la
croix, l'Annonciation de l'Ange à Marie, la Visitation de Marie à
sa cousine Elisabeth, la Naissance de Jésus, la Présentation de
Jésus au temple et le Recouvrement de Jésus au temple.
67
Saint-Laurent. Est-ce le résultat d'un travail
d'atelier ou est-ce que toutes ces oeuvres sont de la main du même
peintre ? Nous ne pouvons le dire, tout comme la photographie de
l'Assomption, l'éloignement et le manque cruel
d'éclairage ne nous permettent pas de distinguer une éventuelle
unité stylistique ou même les détails de la composition.
Cependant, nous pouvons remarquer que dans cette oeuvre seul le registre
céleste est représenté. La Vierge se tient debout les bras
écartée, elle est vêtue d'une robe blanche, symbole de
pureté, et de son manteau bleu, plusieurs anges semblent la porter.
L'Assomption faisant partie de la rangée d'oeuvres la plus en
haut208, le peintre à peut être pris en compte la
distance qu'il y aurait avec le spectateur. Aussi, nous pourrions penser que la
scène a été simplifiée afin qu'elle soit
reconnaissable même vue de très loin.
Une autre Assomption
(Fig.16)209, conservée au sein
de l'église Saint-Véran à Cavaillon, faisait à
l'origine partie d'un ensemble de six tableaux. Cette oeuvre anonyme a la
particularité d'être de forme circulaire. La Vierge apparaît
au centre portée par deux anges, l'un vêtu de jaune, l'autre de
rouge. Ils sont eux même soulevés par une nuée d'angelots,
dont certains n'ont que la tête de représentée. Les coloris
sont assez chauds mais la tonalité de l'ensemble de la toile reste assez
sombre. De plus, les visages des personnages, tout en rondeur, font
plutôt penser à un peintre provençal, qu'à une
école du nord.
Il convient de préciser que le cadre210 de
l'oeuvre a été attribué au sculpteur Barthélemy
Grangier, originaire de Cavaillon. Il aurait été
réalisé dans la deuxième moitié du XVIIème
siècle. De forme carrée à l'extérieur, le cadre est
circulaire à l'intérieur. Cependant nous
208 Les quinze oeuvres sont disposées de la façon
suivante ; trois rangées de cinq oeuvres superposées.
L'iconographie de chaque oeuvre est mentionnée dans l'ordre (en partant
du haut, de gauche à droite) dans la note 207.
209Anonyme, Assomption, XVIIe siècle,
diam. 165 cm, cathédrale Saint-Véran, Cavaillon.
210 Le cadre est fait en bois doré, il est
décoré en haut-relief de torsade de feuilles de laurier et de
rosaces de feuilles d'acanthe aux quatre angles.
68
remarquons un détail en bas à gauche de la
composition, qui est coupé par le cadre, nous indique que celui-ci est
très probablement postérieur à l'oeuvre. D'après
l'Inventaire général du patrimoine culturel, cet
élément à peine visible serait le Blason211de
la famille Gaudemaris, établie à Beaumes-de-Venise au
début du XVIIème. Cependant aucun élément existant
dans les archives ne vient confirmer qu'un membre des Gaudemaris pourrait
être le commanditaire.
À l'inverse nous connaissons la provenance et la date
de l'Assomption (Fig.17)212
suivante, conservée au sein de la chapelle des Pénitents de
Guillestre, aujourd'hui dans le département des Hautes-Alpes, le village
faisait partie du Dauphiné au XVIIème siècle. L'oeuvre
présente une composition traditionnelle en deux registres, avec
néanmoins plusieurs particularités iconographiques. Dans le
registre supérieur, la Vierge est emmenée dans les airs par une
nuée d'angelots qui soutiennent le nuage sur lequel elle est à
moitié assise. Les drapés de sa robe et de son voile marquent
nettement le mouvement ascensionnel de la scène. Le peintre la
représente légèrement de trois-quarts, les bras à
peine écartés, elle porte une auréole de lumière de
laquelle partent de larges rayons, tout autour les nuages portent plusieurs
angelots dont deux têtes de putti ailées.
Le bas de la composition nous livre plusieurs
éléments, le commanditaire et la date. Le registre terrestre est
lui-même composé de deux parties. À gauche, quatre des
apôtres sont représentés, au premier plan l'un lève
les bras au ciel, l'autre se penche vers le tombeau qui est face à lui.
À droite, le tombeau rempli de fleurs occupe la largeur de l'espace,
derrière lui sont placés les autres apôtres. Nous
reconnaissons saint Jean, qui a la main posée dessus, par la jeunesse de
visage et ses cheveux longs. Devant le tombeau, au premier plan à
droite, un personnage est figuré agenouillé en position de
prière : il s'agit de Guillaume d'Hugues,
211 Le Blason représente un écu d'or, avec au
centre un coq de sable crêté de gueules, au chef cousu d'azur
chargé de trois étoiles d'or.
Inventaire général du patrimoine religieux, dossier
n° IM84001206.
212Anonyme, Assomption, 1638, 247 x 198 cm,
chapelle des pénitents, Guillestre.
69
archevêque d'Embrun de 1612 à 1648.
D'après l'Inventaire général du patrimoine culturel,
l'archevêque est le commanditaire de l'oeuvre. Il l'aurait offerte en
1638 à l'église paroissiale
Notre-Dame-de-l'Assomption213. Nous retrouvons en effet les
armoiries de l'archevêque d'Embrun en bas de l'oeuvre au centre. Sur un
phylactère214 sont inscrits 1638, la date de
réalisation, et les initiales D.D., probablement celles du peintre qui
n'ont pas encore pu être identifiées. Cette Assomption ne semble
cependant pas être de la main d'un « maître »
provençal, nous pouvons le remarquer au traitement
élémentaire des visages et des drapés.
L'Assomption
(Fig.18)215 de la Salle-les-Alpes, au
nord de Briançon216, toujours dans le Dauphiné, est de
date et de peintre inconnus. Cependant au vu de l'iconographie nous pouvons
penser que cette oeuvre n'a pas quitté l'édifice pour lequel elle
fut destinée. Conservée au sein de l'église paroissiale
Saint-Marcellin217 datant du XVème siècle,
l'Assomption reprend l'iconographie relative au vocable. La toile
très abimée ne nous permet pas de rendre compte de tous les
détails, cependant nous distinguons l'iconographie
générale. En bas au premier plan un seul apôtre est
représenté agenouillé, avec un autre personnage
extérieur à la scène lui aussi agenouillé. Il
s'agit de saint Marcellin à droite et de saint Barthélemy
à gauche. L'église paroissiale est dédiée à
saint Marcellin218, 29ème pape, qui mourut en
martyr au début du IVème siècle. Le peintre le
représente en habit de pape, le rendant reconnaissable. Saint
Barthélemy, seul apôtre présent, porte l'attribut de son
martyr,
213 Dite Notre-Dame-d'Aquilon.
GIORDANENGO, Gérard, L'église paroissiale de
Notre-Dame-de-l'Aquilon à Guillestre, Congrès
archéologique de France, Paris, 1974, p.90.
214 Un phylactère désigne en histoire de l'art une
banderole, souvent aux extrémités enroulées, sur laquelle
est inscrite la légende du sujet d'un détail iconographique ou de
l'oeuvre entière. Le phylactère peut également porter les
paroles du personnage représenté. Ce procédé est
particulièrement utilisé au Moyen-âge et durant la
Renaissance.
215Anonyme, Assomption, 4e
quart 17e siècle, 172 x 163 cm, église paroissiale
Saint-Marcelin, La Salle-les-Alpes.
216 Dans l'actuel département des Hautes-Alpes.
217Ministère de l'instruction publique,
Inventaire général des richesses d'art de la France.
Province, monuments religieux : Tome premier, éditeur Plon-Nourrit,
Paris, 1886.
218GUÉRIN, Paul, Les petits Bollandistes :
vies des saints, Tome 5, Blound et Barral, Paris, 1876, p.30.
70
le couteau, avec lequel il aurait été
écorché vif219. La présence de ces deux saints
dans cette toile souligne une fois de plus la prédominance de ce culte
caractéristique de la Provence mais aussi du Dauphiné. La Vierge
apparait entourée de lumière, elle regarde vers le haut, les
mains jointes. Autour du halo lumineux sont placées six têtes de
putti. Datée par l'Inventaire général du patrimoine
culturel du quatrième quart du XVIIème siècle, cette
Assomption présente les caractéristiques d'une croyance
provençale issue du XVème siècle, que nous retrouvons dans
son iconographie.
La dernière oeuvre anonyme de notre catalogue se trouve
à quelques kilomètres au nord de la Salle-les-Alpes, dans
l'église paroissiale Notre-Dame-de-l'Assomption de
Monêtier-les-Bains. Cette Assomption
(Fig.19)220 n'a été
attribuée à aucun peintre cependant la date de réalisation
apparaît sur l'oeuvre en bas à gauche, difficilement lisible : il
s'agit de 1630 ou 1650. Le registre inférieur montre les apôtres
autour du tombeau vide : au premier plan ils apparaissent plus dispersés
qu'à l'habitude. Un livre ouvert, probablement un livre de
prières, se trouve aux pieds de l'un des apôtres, qui montrent
dans l'ensemble de l'étonnement et une dévotion exacerbée,
notamment pour saint Jean à droite, représenté les mains
croisées sur la poitrine et le regard levé au ciel.
Dans le registre céleste la Vierge est
auréolée de lumière comme dans l'oeuvre
précédente de la Salle-les-Alpes. Elle est
représentée les bras largement écartés, un genou
posé sur le nuage, qui est peuplé sur les côtés de
plusieurs angelots. Malgré le mauvais état de la toile, la
composition traditionnelle de l'oeuvre révèle cependant un
registre inférieur où la disposition des apôtres est assez
inhabituelle, probablement de la main d'un artiste de la région.
219 Le responsable de son martyr serait le frère de
Polème, roi d'une contrée en Inde que saint Barthélemy
aurait converti avec toute sa famille au christianisme.
GIORGI, Rosa, Les saints, Hazan, Paris, 2003, p. 50.
220Anonyme, Assomption, 1630 ou 1650, 250 x
180 cm, église paroissiale Notre-Dame-de-l'Assomption, Le
Monêtier-les-Bains.
71
|