4.2. Discussion des résultats
Nous présentons ici la discussion de tous les
résultats obtenus à partir des quatre cas cliniques que nous
avons étudiés.
4.2.1.Le niveau intellectuel
L'analyse des quatre dessins nous montre des traits communs
qui traduisent le retard dans le développement du graphisme en
référence à leur âge réel (Aupècle,
1955). Il s'agit des multiples disproportions des parties du bonhomme, le
flottement du bonhomme et des autres figures qui lui sont souvent
associées. Les bonshommes de ces enfants n'ont pas beaucoup de
détails et le sexe n'est pas reconnaissable. En outre, il y a
l'utilisation d'une couleur unique, souvent irréaliste sur l'ensemble du
bonhomme. Ces caractéristiques nous ont permis de situer la
majorité de ces enfants autistes dans le stade du réalisme
manqué (3 à 4 ans) de Luquet (1927) et au stade du dessin
éparpillé (4 à 6 ans) de Royer (1984).
Nous constatons à travers le calcul du quotient
intellectuel (QI) que trois (3) enfants sur quatre (4) ont une
déficience intellectuelle selon la classification intellectuelle de
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette déficience est
associée à des troubles du schéma corporel.
Les résultats de Clément nous amènent
à dire que les enfants diagnostiqués autistes ne sont pas tous
des déficients mentaux.
De ce fait, nous pouvons dire que notre première
hypothèse secondaire est partiellement confirmée : le dessin
du bonhomme de l'autiste burkinabè présente très peu de
détails comme il est généralement observé chez la
majorité des autistes européens (Scetbon, 2013).
4.2.2. L'image du corps
L'analyse des dessins nous montre que les enfants autistes
dessinent un corps très primitif. Les bonshommes sont petits par rapport
à l'espace graphique de la feuille (3 dessins sur quatre), nus (3
dessins sur quatre) et deux (2) bonshommes sur quatre (4) sont situés
dans la partie gauche de la feuille. Le corps manque de consistance, de support
et de contenu donc ces enfants sont en proie à des angoisses
corporelles. Les corps flottent dans le vide et créent une angoisse de
chute (inclinaison) chez certains enfants.
Pour faire face à leurs angoisses les enfants ont
recours à l'autostimulation (repassage du crayon au niveau des limites
corporelles), à la rigidification (renforcements, bonhomme robot),
à la régression (bonhomme filet), au retrait (absence ou
petitesse des yeux) ou à l'agressivité (formes pointues). Il n'y
a pas de continuité entre les parties du corps, celles-ci étant,
le plus souvent, maladroitement rattachées au tronc.
Le cou n'apparait pas sur trois (3) dessins. Il y a une
asymétrie autour de l'axe du corps et de grandes préoccupations
avec les membres qui sont, soit absents soit mal représentés.
Au vu de ces éléments, nous pouvons donc
affirmer que notre deuxième hypothèse secondaire est
confirmée : le dessin du bonhomme de l'autiste burkinabè
comparativement au dessin de l'autiste européen reflète les
troubles de l'image du corps (Tustin, 1986 ; Haag, 1989 ; Anzieu,
1995 ;Boutinaud, 2013)
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