3.3.5. Le test du dessin d'un bonhomme de Royer
Pour approcher le niveau intellectuel, la structuration de
l'image corporelle et la vie affective de l'enfant autiste nous avons choisi
comme outil principal le test du dessin d'un bonhomme de Royer. D'après
Moore (2000), seul le dessin permet de contourner les défenses et
d'atteindre les couches les plus profondes de la personnalité. Il est
généralement utilisé par les cliniciens pour une
compréhension des conflits intérieurs, les peurs infantiles, les
perceptions de soi-même ou des autres.
· Présentation générale et
pertinence du test
Le test du dessin d'un bonhomme de Royer (1984) est une
révision du test du dessin d'un bonhomme de Goodenough applicable
à des enfants âgés de 3 ans et demi à 12 ans et demi
(individuellement ou collectivement). L'objectif de cette révision
était de permettre l'étude de l'affectivité à
travers le test.
Une première révision du test du dessin d'un
bonhomme de Goodenough a été effectuée par Harris en 1963.
Cette révision a permis de rendre les items plus objectifs et leur
nombre augmenta de 51 à 73. Le dessin d'une personne de sexe
féminin comportant 71 items a également été
ajouté. En 1986, Sattler considère le test du dessin d'un
bonhomme commeun instrument pertinent pour mesurer les habiletés
cognitives non-verbales des enfants de 5 à 12 ans (Bissonnette, 2003).Ce
test est reconnu comme un test d'efficience intellectuelle papier-crayon
(évalue l'âge mental) et un test de personnalité à
travers l'étude de la symétrie, du vêtement et des
caractéristiques graphiques (tracé, couleur, espace, etc.).
· Qualités psychométriques
La corrélation entre le test du dessin d'un bonhomme et
certains tests évaluant le quotient intellectuel (QI) a
été établie.En 1926, Goodenough a trouvé une
corrélation élevée (.86) entre le test du dessin d'un
bonhomme et le QI obtenu par des enfants de 5 ans et moins au Stanford-Binet.
En 1967, Dunn a trouvé une corrélation de .64 avec le WISC (p
<.01) et une corrélation de .78 avec le Stanford-Binet chez des
enfants normaux de 6 à 10 ans.
En 1977, Abraham a remarqué une constance des dessins
effectués par les mêmes sujets sur une période de un
à deux ans. Elle a constaté que le contenu du dessin changeait
lorsqu'il y avait un évènement perturbateur dans la vie du
dessinateur. En 1981, Scoot remarque une fidélité de .74 du test
du dessin du bonhomme de Goodenough (Moore, 2000).Pour Royer (1984), le dessin
du bonhomme à l'instar des autres épreuves projectives est
capable de refléter les changements qui interviennent au niveau de la
personnalité lors d'une psychothérapie et permet de distinguer
la personnalité normale et pathologique.
Toutefois, la validité optimale du dessin n'est obtenue
que pendant la situation de test et non lors d'une production
spontanée. En 1996, Trevisan a postulé que la validité et
la fidélité du test du dessin du bonhomme ne peuvent être
obtenues qu'en utilisant une grille de cotation objective pour toute analyse
(Moore, 2000).
· Administration, cotation et interprétation
Cet outil a été choisi pour plusieurs
raisons :
- il nécessite peu de temps (au maximum 20
minutes) ;
- il peut être exécuté individuellement ou
collectivement ;
- il s'agit d'une épreuve non-verbale, valide et facile
à faire passer ;
- il nécessite très peu de
matériel ;
- l'utilisation du langage est limitée permettant
à la fois son application chez des enfants d'autres ethnies (Royer,
1984) ou des enfants autistes qui ont généralement un langage
limité.
Au cours de la passation, on donne à l'enfant une boite
contenant sept (7) crayons de couleur (bleu, vert, rouge, jaune, violet,
marron, noir), un crayon noir, une gomme, une feuille de papier 21*29, 7
présentée verticalement et un taille-crayons. La consigne du test
est : « Sur cette feuille de papier, vous allez dessiner un
bonhomme, aussi beau que possible et, si vous le voulez, vous le
colorierez ». Nous avons reformulé cette consigne dans
l'objectif de la faire comprendre par l'enfant autiste tout en gardant la
neutralité. Nous avons choisi la reformulation suivante :
« Sur cette feuille de papier, tu vas dessiner une personne, la
plus belle que tu peux et, si tu veux, tu pourras colorier ». On
laisse l'enfant dessiner comme il veut, sans lui donner une aide et sans
formuler une critique, une appréciation ou une suggestion. Le temps est
libre et l'examinateur note les commentaires spontanés de l'enfant et la
dynamique de son travail.
Le test évalue le niveau de maturité à
partir d'une échelle totale pour la représentation de la
tête (23 points), pour le schéma corporel (33 points), pour le
vêtement (14 points) et pour l'utilisation de la couleur (11 points).
Ces notes partielles permettent d'obtenir une note totale à partir de
laquelle le Quotient Intellectuel (Q.I) approximatif est déduit.
Ce test présente toutefois des limites parce-que la
qualité du bonhomme peut être influencée par certains
troubles affectifs (Moore, 2000).
Tableau 8: Extrait de la fiche
de cotation du test du dessin du bonhomme de Royer
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