CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE
La première partie de ce mémoire a
démontré que les axes prioritaires retenus par les politiques
publiques en matière de l'éducation n'étaient pas
suffisants pour favoriser l'équité dans l'éducation. A
l'issu de ce constat, la seconde partie du mémoire a cherché
à analyser le niveau à travers lequel la Stratégie pour le
développement du sous-secteur de l'EPSP traite les questions des
femmes.
En effet, concernant l'autonomisation de la femme, nous avons
remarqué que cette notion va au-delà de la dimension
économique. Elle prend en compte les composantes cognitives,
psychologiques et politique, et réfère à un processus qui
permet à la femme de renforcer son pouvoir de décision.
Ce processus, pour être durable et soutenable, doit
s'appuyer sur l'éducation. Or, à travers les analyses, nous avons
découvert que l'éducation, telle qu'organisée en RDC, ne
soutient pas véritablement l'autonomisation de la femme.
Car, de l'analyse des efforts engagés par le
gouvernement dans ce secteur et des indicateurs de l'éducation ressort
la conclusion que la Stratégie pour le développement du
sous-secteur de l'EPSP ne se focalise que sur l'accès des filles et des
garçons à l'école. Le niveau de conscience sur les
problèmes des femmes reste faible. Il en est de même pour la
participation dans la conception, la mise en oeuvre et le contrôle de la
politique éducative. Cette conclusion permet ainsi de confirmer la
seconde hypothèse du présent travail, selon lequel, la
stratégie précitée traite les problèmes des femmes
de manière neutre
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RECOMMANDATIONS
Pour lutter efficacement contre les iniquités et
permettre à l'éducation d'être un moyen pour
l'autonomisation de la femme, nous estimons que le gouvernement congolais
devrait :
? Renforcer la démocratisation de l'enseignement en
faisant respecter la loi et luttant contre toute forme de discrimination dans
tous les établissements scolaires (par exemple interdire formellement
l'exclusion des filles qui sont rendues grosses et leur donner la
possibilité de revenir à l'école après
l'accouchement).
? Adopter une politique temporaire de discrimination positive
en faveur des filles des milieux ruraux. Il s'agirait par exemple de l'octroi
des bourses d'étude à toutes les étudiantes inscrites dans
des filières techniques à partir de la 4ème
année secondaire et au supérieur.
Notre travail a démontré que les filles des
milieux ruraux sont doublement victimes de discrimination indirecte. Certaines
pratiques locales freinent l'éducation des filles et les ressources
matérielles et humaines sont inégalement réparties entre
les milieux ruraux et urbains. Ces inégalités justifient le
recours à une discrimination en faveur des filles des milieux ruraux tel
qu'établi par la Convention sur l'élimination de toutes les
formes de discrimination à l'égard de la femme. Ceci permettra de
réduire l'écart entre filles et garçons, et filles des
milieux ruraux et celles des milieux urbains en termes de rétention
à l'école et de l'achèvement des études.
? Mettre en place une politique de lutte contre les abus et
les harcèlements sexuels commis sur les élèves, peu
importe leurs âges ou le statut de l'auteur.
Le harcèlement sexuel, auquel des milliers des filles
font face à l'école, ne conduit pas uniquement à la
déperdition scolaire. Il perpétue également les
préjugés sur la prétendue incapacité et les
idées de la soumission féminine. En fin, il réduit, chez
les filles, l'estime de soi et la confiance à leurs propres
capacités. Pour ce faire, le pouvoir public doit édicter des
mesures fortes et claires contre tout harcèlement sexuel sur les
élèves et renforcer la célérité des actions
disciplinaires et judiciaires à l'encontre des auteurs de ces
violations.
? Rendre obligatoire la formation continue de tous les
enseignants sur l'analyse de genre et insérer, dans les programmes de
formations de ceux-ci, le module sur le genre et l'éducation.
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Il a été constaté que la majorité
des enseignants sont moins conscientisés sur les relations
inégalitaires entre hommes et femmes et leurs effets sur le
développement du pays. Rare sont ceux qui sont conscients du fait qu'ils
transmettent une culture d'inégalité aux élèves.
D'où la nécessité de renforcer leur connaissance
théoriques et compétence pratique sur le genre.
? Initier une enquête/analyse sur le types de formations
techniques et professionnels qui attirent les filles, d'analyser leurs
respectives propensions à contribuer à la
réintégration économique, et, en fin, d'évaluer le
positionnement géographique de ces filières afin de savoir si les
enfants des milieux ruraux ont les mêmes chances d'accès aux
formations professionnelles et techniques que ceux des centres urbains. Cela
permettra de réorienter le positionnement des écoles et des
sections compte tenu des gaps, des ressources et des besoins locaux.
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