III- DÉFINITION DES CONCEPTS
Comme le souligne Kangé Éwanè, l'une des
principales exigences de tout travail qui se veut scientifique, surtout dans le
domaine particulier des sciences humaines, réside dans la
définition des termes. Cette exigence constitue comme un
préalable sine qua non de toute recherche historique. Les grands
maîtres de notre discipline l'ont ainsi compris depuis Hallanicos. Et ils
ont fait de l'érudition l'un des deux pôles d'un véritable
travail historique2. C'est dans ce sens, poursuit-il, qu'un Robert
Marichal écrit :
Un historien ne doit jamais aborder l'histoire d'une
idée ou d'une institution sans faire méthodiquement et
exhaustivement l'histoire des mots par lesquels on l'a exprimée ou
désignée, et cela... non pas hâtivement en feuilletant les
lexiques, mais par sondage, naturellement, dans les textes
mêmes3.
C'est dans cette logique nous avons décidé de
définir les concepts majeurs de notre thème.
Le concept d'Église, renvoie, selon les 38
Dictionnaires et Recueils de Correspondances, à une assemblée des
chrétiens, au clergé. L'Église est également
définie par le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009,
comme l'assemblée de tous ceux qui ont la foi en
Jésus-Christ4. Pour le Dictionnaire Larousse 2008, le mot
Église vient du mot grec ekklesia, qui veut dire
assemblée. C'est une société religieuse rassemblée
dans la foi en la personne de Jésus-Christ ; une communauté
chrétienne5. L'Encyclopédie du protestantisme
définit l'Église comme « l'assemblée de tous les
croyants auprès desquels l'Évangile est prêché
purement et les saints sacrements administrés conformément
à l'Évangile. » (Confession d'Augsbourg 1530, art.
7)6.
Examinons l'adjectif ?Évangélique? dans la
dénomination Église Évangélique du Cameroun. Selon
le Dictionnaire Universel, le terme ?évangélique? veut dire ce
qui est relatif, conforme à l'Évangile ou encore de religion
réformée7. Dans le monde protestant, le terme
?évangélique? correspond à des réalités
différentes selon les époques et les lieux. A l'origine, au
XVIè siècle, il est synonyme de protestant. Dans la
seconde moitié du XIXè siècle, et jusqu'en
1945, écrit André Encrevé dans l'Encyclopédie
Protestante, le terme ?évangélique? fut appliqué au
courant doctrinal qui luttait contre les innovations théologiques des
libéraux. Il
2 F. Kangé Éwanè, Semence
et moisson coloniales. Un regard d'africain sur l'histoire de la
colonisation, Yaoundé, éditions CLÉ, 1985, p.87
3 R. Marichal, « La critique des textes
», in l'Histoire et ses méthodes, sous la direction de
Charles Samaran,
Paris, Encyclopédie de la Pléiade, p. 1326
cité par F. Kangé Ewanè dans Semence et moisson
coloniales,
Yaoundé, éditions CLÉ, 1985, p.87.
4Le Nouveau petit Robert de la langue
française 2009, p.828.
5Dictionnaire Larousse 2008, p.353.
6Encyclopédie du protestantisme,
Presse Universitaire de France, 2ème édition, 2006, p.
416.
7Dictionnaire Universel,
4ème édition Hachette ÉDICEF, 2002, p.455.
4
s'agissait alors pour les adeptes d'insister sur la
fidélité de l'évangile8. Depuis 1945, ce terme
désigne les chrétiens fondamentalistes pour qui le seul
critère de la foi et la pratique est la Bible et rien que la Bible.
Voilà brièvement l'histoire du mot ?évangélique?
dans le monde protestant.
Cependant, beaucoup d'églises protestantes recourent
à ce mot ?évangélique? dans leurs dénominations
pour affirmer deux choses : leur propos de s'en tenir à la seule
autorité de l'évangile et se distinguer ainsi de l'Église
Catholique. C'est donc dans ce double sens théologique et
ecclésiastique que l'adjectif ?évangélique? est
employé dans la dénomination Église
Évangélique du Cameroun. Il signifie ce qui se
réfère à l'évangile (ou mieux à la Bible) en
matière théologique, éthique et institutionnelle et qui a
une identité protestante. Évangélique dans la
dénomination Église Évangélique du Cameroun veut
dire, comme c'est le cas de l'adjectif allemand ?evangelisch?, tout
simplement protestant reconnaissant l'autorité souveraine de la
Bible9.
En ce qui concerne son appellation, l'Église
Évangélique du Cameroun a choisi le qualificatif
?évangélique? pour signifier simplement qu'elle est protestante,
tout en marquant sa vocation de fidélité à
l'Évangile, seule base normative de sa foi, en opposition à
l'Église Catholique romaine qui attache autant d'importance à la
tradition et à l'autorité papale10.
Pour ce qui est du mot coopération, selon Le Nouveau
Petit Robert de la langue française 2009, ce terme vient du mot latin
?cooperatio? et signifie action de participer à une oeuvre
commune11. Il est dérivé du verbe
coopérer qui vient du latin ?cooperari?. Le
mot coopération recouvre également plusieurs significations
:
Ainsi, selon le Petit Larousse 2008, le terme
coopération signifie l'action d'agir conjointement, la
collaboration12. En outre, le terme coopération fait
référence à l'action elle-même, sensée
être conduite dans un esprit de collaboration, ou l'institution
chargée de promouvoir cette action. De ce fait, on pourra parler de :
coopération économique, coopération internationale ou
coopération transfrontalière, coopération intercommunale
ou coopération décentralisée, coopération
policière ou judiciaire, etc.
8Encyclopédie du protestantisme, p.
477.
9 E. Tchuindjang, « Les expressions
oecuméniques d'une jeune Église du tiers-monde : l'Église
Évangélique du Cameroun (1957-1997) une vitalité plurielle
? », thèse de Doctorat en Théologie, Faculté de
Théologie Protestante de Yaoundé, 2000, pp. 6-7.
10 J.P. Messina et J. V. Slageren, Histoire du
christianisme au Cameroun, des origines à nos jours,
Paris/ Yaoundé, Karthala/CLÉ, 2005, p. 72.
11Le Nouveau Petit Robert de la langue
française 2009, p. 538.
12Le Petit Larousse 2008, p. 248.
5
La coopération internationale quant à elle est
une collaboration de plusieurs États, plusieurs organismes ou plusieurs
institutions sur un sujet donné. Elle peut s'exercer dans
différents domaines :
- scientifique (harmonisation dans la circulation des
chercheurs et des doctorants, dans
le domaine de la santé, etc.) ;
- politique par les regroupements des États, politique
d'aide aux pays en voie de
développement ;
- diplomatique : traités de paix, médiations ;
- militaire : accord conjoint en cas de conflit, manoeuvres
communes ;
- économique : libre circulation douanière ;
- culturel, etc.
La coopération internationale est
généralement officialisée par un traité, un accord
ou une déclaration. Elle peut aussi être l'expression d'une
amitié entre deux pays, comme c'est le cas de l'aide humanitaire dans
les pays en développement.
La coopération internationale peut être
bilatérale (entre deux États) ou multilatérale (entre
plusieurs États).
Dans le cadre de notre étude, la coopération
internationale renvoie aux échanges, à la collaboration que
l'Église Évangélique du Cameroun (É.É.C.) a
entretenus avec ses partenaires extérieurs, c'est-à-dire, dans le
cadre des organisations inter-ecclésiastiques internationales et avec
les Églises et autres associations de développement se trouvant
hors du Cameroun, durant les cinquante années de son autonomie.
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