D- L'évolution vers l'autonomie de l'Église
Évangélique du Cameroun
1) La situation financière critique de la
S.M.É.P. à partir de 1940
À partir de 1940, les problèmes financiers
commencèrent à être brûlants, la S.M.É.P. se
trouvant dans une situation financière particulièrement critique,
en raison de la faiblesse matérielle de ses donateurs. Elle fit alors
appel aux Église s-soeurs pour lui venir en aide. En 1947,
l'Église Évangélique des Frères Tchèques et
l'Église Luthérienne de Slovaquie décidèrent
d'aider la Mission du Cameroun. 84 Vers les années 1950, de
nouvelles circonstances permirent à la S.M.É.P. de continuer
seule, sans encombre, sa tâche missionnaire au Cameroun. La Mission
Protestante Française au Cameroun se vit accréditer
82 R. Melh, Décolonisation et Missions
Protestantes, Paris, 1964, p. 88.
83 Cahiers Eglises Bamoun-Grassfields 1918-1926.
Synodes Régionaux Bamoun-Bamiléké.
84 A.N.Y., A.P.A. 10167, Mission
Évangélique de Paris, 1944-1945.
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d'importantes sommes d'argent par les F.I.D.É.S. (Fonds
d'Investissement pour le Développement Économique et Social des
Territoires d'Outre-Mer). Le problème financier, que l'on sentait
fondamental, échauffa les esprits des Camerounais, au point qu'ils
comprirent la nécessité de la revendication d'une
responsabilité partagée. Mais, il y avait bien d'autres facteurs
encore qui orientaient irrésistiblement les Églises vers leur
autonomie.
2) L'adoption de la constitution de 1949
Depuis la prise du champ de mission du Cameroun par la
S.M.É.P., tous les problèmes de ce champ
d'évangélisation se ramenaient à la question d'autonomie.
Il fallait désormais étudier les questions missionnaires avec un
esprit plus ouvert aux problèmes modernes. En 1947, le Comité
Directeur de la S.M.É.P. proposait d'associer les
délégués des Églises, les laïcs et les
pasteurs aux délibérations des différentes commissions de
la Conférence des Missionnaires. Ce serait un moyen de faire participer
les Camerounais à la direction des différentes branches de
l'oeuvre. Croyant que les Camerounais n'étaient pas capables de porter
des responsabilités majeures, on procéda à
l'élaboration d'une constitution, en 1949. Elle avait pour but de
préparer les Églises lentement et mûrement à leur
autonomie85.
Cette constitution nommée Constitution de
l'Église Évangélique du Cameroun, était de type
synodal. Elle avait pour chapitre :
- 1. l'Église ;
- 2. l'Église Locale ;
- 3. le Consistoire ;
- 4. le Synode Régional ;
- 5. la Commission Synodale Régionale ;
- 6. le Synode Général ;
- 7. la Commission Synodale et son Bureau ;
- 8. la Caisse Centrale et la Commission Financière ;
- 9. les Ministères dans l'Église ;
- 10. dispositions Transitoires.
Elle fut ratifiée par le Synode Général
de janvier 1951. Plusieurs membres de l'Église Évangélique
du Sud réclamaient que l'Église ainsi constituée
reçoive une reconnaissance civile. De ce fait, la personnalité
civile fut accordée à l'É.É.C. par la
décision n° 1627 au 29
85 J. V. Slageren, Les origines de
l'Église
Évangélique, p. 220.
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mars 1951, autorisant la constitution d'un Conseil
d'Administration86. Ainsi, une Église autochtone existait
légalement en tant qu'association autorisée. Il paraissait alors
certain que, les missionnaires ne reconnaissaient pas la forme d'une
Église autonome de laquelle ils pouvaient faire partie
intégrante. La question se posait alors de savoir si la Mission, qui
était essentiellement vue comme le résultat d'une organisation de
la métropole, ne serait pas absorbée et étouffée
par l'Église autochtone, dès qu'on lui donnerait une organisation
lui permettant de vivre sa vie autonome.
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