2) Les habitudes de consommation des jeunes
A l'adolescence, les jeunes ont des besoins nutritionnels
accrus. La ration énergétique augmente et on constate surtout une
augmentation de la part des glucides simples et des lipides, de quoi alarmer
les professionnels de santé : « Alors que globalement nous mangeons
plus équilibré qu'auparavant, les jeunes en revanche se gavent de
plus en plus de pâtisseries, de boissons sucrées et de confiseries
» (MONCEAU C et al, 2002).
Dans L'Homnivore, Claude FISCHLER (2001) nous dresse une liste
des aliments les plus appréciés par les adolescents, basée
sur une étude américaine. Il cite « les glaces, les dindes
rôties, les petits pains, le poulet frit, le steak, une série de
desserts, les pommes-frites et le lait ». Il en ressort d'une étude
française de nombreuses similitudes, avec en tête de liste les
aliments sucrés, le poulet, la viande, les pommes-frites et les fruits.
La comparaison des deux études permet de mettre en évidence aussi
des différences culturelles quant à l'attrait des adolescents
pour certains aliments. Le lait, par exemple, est apprécié par
92% des adolescents américains contre 55 à 60% chez les
français.
On peut également mentionner les hamburgers, les
milkshakes, les bonbons et les barres chocolatées13. Ainsi
que les produits nomades tels que les pasta box (pâtes en boîte),
les kebabs, les sandwichs et les pizzas, qui sont appréciés, au
même titre que les fast-food, pour des « déambulations
urbaines au déjeuner entre copains » (MONCEAU C et al, 2002) et
pour leurs aspects froid, sec, cru, piquant et à manipuler sans couvert
(finger food).
Pour autant, les jeunes considèrent les fast-foods et
les produits industriels comme des marqueurs générationnels. Les
adolescents gardent à l'esprit qu'il s'agit de produits peu sains qui ne
constituent pas à eux seuls leur univers alimentaire.
13 Le parisien, Les français mangent plus
équilibrés qu'avant, 15 mai 2002
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C'est un plaisir que l'on peut s'accorder de temps en temps
mais à modérer avec une alimentation plus saine et
légère. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser,
ils sont une minorité à boire des sodas quotidiennement. Ils sont
consommés ponctuellement au déjeuner et plutôt par les
garçons.
Du côté des aversions alimentaires, selon une
étude qui portait sur les aliments goutés et finis en premiers
dans l'assiette, Claude Fischler (2001) désigne les navets, les
aubergines, le foie, le chou, les betteraves et les tomates cuites. On constate
que les légumes sont les moins appréciés. Les aliments
à goût fort comme la vinaigrette, les cornichons, le poivre,
l'ail, l'olive noire, les oignons, la moutarde ou le pamplemousse sont
également difficilement acceptés par les adolescents. Cependant
ces derniers que l'on caractérise d'« aliments adultes »
tendent à devenir plus facilement tolérés avec
l'âge. L'auteur introduit la notion d'aliments sensibles à la
variable âge, conduits par un dégoût cognitif et cible
surtout les aliments d'origine animale : abats, cervelle, foie, lait ; et les
aliments à fort goût comme le fromage. De plus en plus aversifs
avec l'âge mais à différents degrés selon le
sexe.
En effet, la variable du genre interagit sur
l'évolution des goûts. Les rejets d'aliments sont plus
répandus chez les filles que chez les garçons, exceptés
pour le groupe des fruits et légumes, qui pourraient s'expliquer par une
sensibilité plus importante des filles à la pression, aux
préoccupations diététiques et aux
stéréotypes sociaux. Les garçons doivent faire preuve de
courage alors que les filles n'hésitent pas à clamer leurs
aversions et dégoûts. De même, la consommation de beurre
reste la même chez les garçons de l'enfance à
l'adolescence, alors que chez les filles, elle diminue. Par contre, la viande
est préférée par les garçons (41% chez les filles
vs 52% chez les garçons).
Ainsi, les choix alimentaires des jeunes contribuent
progressivement à la création de leur identité sexuelle.
D'une manière générale, la consommation des
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garçons est représentée par un
éventail d'aliments à haute valeur calorique, en opposition avec
celle des filles. Les adolescents peuvent se retrouver tiraillés entre
le paradoxe du « bon » gustativement parlant et le « bon »
diététiquement parlant, mais ce n'est pas ce qui façonne
prioritairement leur comportement alimentaire. Il est également
nécessaire de tenir compte des influences socioculturelles.
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