Chapitre 2 : Le domaine alimentaire
1) Le modèle alimentaire en application
Pour reprendre la définition de Jean-Pierre POULAIN,
« Les modèles alimentaires sont des ensembles
sociotechniques et symboliques qui articulent un groupe humain à son
milieu, fondent son identité et assurent la mise en place de processus
de différenciation sociale interne. Ils sont un corps de connaissances
technologiques accumulées de génération en
génération, permettant de sélectionner des ressources dans
un espace naturel, de les préparer pour en faire des aliments, puis des
plats et de les consommer. Mais ils sont en même temps des
systèmes de codes symboliques qui mettent en scène les valeurs
d'un groupe humain participant à la construction des identités
culturelles et aux processus de personnalisation » (POULAIN, 2012).
Comparé aux autres modèles alimentaires, le
modèle alimentaire français se distingue par sa sophistication,
sa valorisation du goût, des pratiques sociales et la structuration des
prises alimentaires. MATHE et al. (2009) l'articule autour de six
spécificités :
- Trois repas principaux par jour, et un goûter, pris
à plusieurs et autour
d'une table, à des heures relativement fixes et communes
à tous ;
- Un temps de préparation et une durée des repas
relativement élevés (plus
que dans d'autres pays européens) ;
- Un repas structuré par au moins 3 composantes prises
dans l'ordre ;
- Une grande importance accordée au goût des
aliments ;
- Une diversité alimentaire importante ;
- Une intervention de savoir-faire transmis par
l'expérience.
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1.1) Trois repas principaux par jour, et un goûter,
pris à plusieurs et autour d'une
table, à des heures relativement fixes et communes
à tous
Parmi les trois repas pris par jours, constitués du
petit-déjeuner, du déjeuner et du dîner, les adolescents
ont tendance à sauter le petit-déjeuner. A 12 ans, 4% d'entre eux
n'en prennent pas, et à 19 ans ils sont 11% (ARENES J. et al, 1998).
Néanmoins ils sont 30% à en prendre un de manière
irrégulière (VOLATIER JL, 2000) et lorsqu'il est pris, les
adolescents font mieux que leurs aînés : il est idéalement
composé pour un jeune sur cinq et correct pour un jeune sur deux (ARENES
J. et al, 1998). Le petit-déjeuner est souvent pris rapidement et de
manière solitaire (en se préparant le matin, sur le trajet de
l'école, juste avant de rentrer dans la classe, ...).
Le déjeuner lui est pris de manière nomade.
C'est l'occasion pour les adolescents de manger « comme ils veulent
», « quand ils veulent » et « où ils veulent ».
Plus d'un quart des adolescents déjeunent hors foyer (ARENE J. et al,
1998).
En revanche, le dîner est le repas qui réunit la
famille et permet de conserver un équilibre alimentaire.
Quant au goûter, qui doit bien être
distingué des grignotages répétitifs qui peuvent survenir
au cours de la journée, est « une collation culturellement admise
» (ALVIN P., 2004, p.191) prise au retour de l'école. Le
goûter et les grignotages représentent 15% de l'AET (Apport
Energétique Total) (PHILLIPE I et al., 1998 ; MICHAUD C. et BAUDIER F.,
1996) mais le goûter représente à lui seul les trois quarts
de cet apport.
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