c. Les principaux résultats des études faites
sur la pratique de l'allaitement maternel exclusif
c. 1. De la fréquence et la durée de
l'allaitement maternel exclusif
Pour connaître la
durée de l'allaitement maternel après le séjour en
maternité, une enquête prospective a été
effectuée sur un groupe de 150 femmes en France par Branger B. et al.
(10) L'objectif de l'étude était d'analyser les facteurs qui
influenceraient la durée de l'allaitement. Les résultats auxquels
a abouti cette enquête ont montré que la durée moyenne de
l'allaitement de ces 150 femmes a été de 10 semaines. Cette
enquête conclue alors que la durée d'allaitement maternel
après le séjour en maternité était en association
d'une part aux facteurs sociologiques dont la catégorie
socioprofessionnelle et le diplôme de la mère. Et d'autre part au
facteur psychologique dont l'allaitement de la mère.
Une autre enquête a été menée au
Québec par Bell L. et al. (6) sur les taux d'allaitement, durant la
période allant de la naissance à six mois ainsi que de
déterminer les facteurs facilitant et contraignant la poursuite de
l'allaitement chez les femmes en Estrie. L'étude a procédé
à l'analyse des dossiers des 374 mères ayant allaité entre
2004 et 2005. Les résultats de cette enquête ont
déterminé un taux d'allaitement de 86,3% à la naissance
et de 75% à la sortie de l'hôpital auprès de toutes les
mères ayant donné naissance à un enfant. Chez
272?mères des taux d'allaitement de 67,3% et 47,4% respectivement
à trois et six mois ont été enregistrés. Les
résultats ont indiqué que 8,9% des enfants recevaient
exclusivement du lait maternel après le troisième mois. Au cours
de la première semaine de vie de l'enfant, 27,9% des mères
avaient cessé d'allaiter. Quant aux facteurs, le soutien du personnel
soignant était considéré comme facteurs facilitant
l'allaitement. Les principaux motifs contraignants évoqués par
les mères pour mettre fin à leur allaitement étaient des
problèmes d'allaitement et la fatigue. En conclusion, l'allaitement
maternel exclusif jusqu'à six mois restait encore une pratique rare au
Canada et les mesures de soutien à l'allaitement à
l'hôpital et dans la communauté donneraient des résultats
satisfaisants.
Une enquête Démographique et de santé
menée au Rwanda par l'Institut National de la Statistique de Kigali en
2006 (12), a montré que la quasi-totalité des enfants de moins de
six mois étaient allaités, et de plus, 97% des enfants de 10
à 11 mois seraient encore au sein. La recommandation d'allaitement
exclusif pour les enfants de moins de six mois était respectée
par près de neuf mères sur dix (88%). La durée
médiane de l'allaitement était de 24,9 mois. En outre,
l'introduction d'autres liquides ou suppléments chez les
nouveau-nés de moins de deux mois était assez rare (5%).
Toutefois, la recommandation relative à l'introduction d'aliments
solides de complément à partir de six mois n'était pas
suffisamment respectée. Seulement 69% des enfants de 6 à 9 mois
recevaient des suppléments de nourriture.
En RDC, les résultats sur l'allaitement maternel et les
pratiques alimentaires tirés de l'enquête EDS-RDC 2007 (5) ont
montré que la pratique de l'allaitement est quasi générale
en RDC, 99% des enfants de 0-5 mois sont allaités. L'allaitement
continuerait également pendant une longue période puisque 89% des
enfants de 12-17 mois seraient allaités et 67% le seraient encore
à 18-23 mois. L'allaitement exclusif n'est pas une pratique courante,
seuls 36% des enfants de moins de 6 mois reçoivent exclusivement le lait
maternel. La pratique de l'allaitement exclusif aurait augmenté
puisqu'elle était estimée à 24% lors de l'enquête
MICS2 de 2001. Pratiquement tous les enfants seraient allaités pendant
leur première année et à 6-9 mois, 82% d'enfants seraient
nourris aux aliments solides de complément en plus du lait maternel.
Dans la province du Katanga à Lubumbashi, plusieursétudes
menées par l'UNICEF ont montré que le taux d'allaitement maternel
exclusif serait encore faible, moins de 20% et l'importance de la
redynamisation des activités de promotion de l'allaitement maternel au
niveau des structures de santé, mais surtout dans les communautés
en recourant à divers canaux de communication était
indispensable.
L'initiative des Communautés Amies des
Bébés, en collaboration avec l'Unicef et le Programme national
de nutrition (PRONANUT), un programme de promotion de l'allaitement maternel a
été mis en oeuvre à Kapolowa, en République
Démocratique du Congo, en juillet 2000 (13). De juin 2001 à juin
2002, la zone de santé a enregistré 710 naissances vivantes dans
les trois aires de santé expérimentales et à
l'hôpital général de référence. Sur ces 710
femmes qui ont accouché, 432 ont accepté d'observer l'allaitement
maternel exclusif jusqu'à 6 mois (soit 60,8% d'acceptabilité).
Parmi les 432 acceptantes, il ya eu 128 qui ont accouché à
l'hôpital; mais seules 67 femmes (52%) ont continué l'allaitement
maternel exclusif à la maison. Par contre les 304 femmes, qui ont
accouché et donné leur accord d'allaiter dans la
communauté, ont réellement continué l'allaitement maternel
exclusif, soit 100% de suivi.
Au Sud Kivu, le milieu de notre étude, selon une
étude de cohorte réalisée par Bisimwa B. et al. (14) dans
la zone de santé de Miti Murhesa, de juillet 2007 à Aout 2009 et
au cours de laquelle ont été admis 215 nourrissons nés des
mères ayant eu des enfants dans un contexte de malnutrition aigüe,
il a été question d'évaluer l'impact de l'introduction
précoce des compléments alimentaires chez des nourrissons dont la
mère a eu un ou plusieurs enfants malnutris précédemment.
La prévalence de l'allaitement maternel à six mois était
de 74,2% et 52,9%, respectivement dans le premier et deuxième groupe.
L'étude a conclu au fait que bien que difficilement accepté par
les mères, la promotion de l'allaitement maternel exclusif
jusqu'à six mois serait possible dans un contexte de malnutrition
endémique.
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