Introduction Générale
1.
Problématique
L'agriculture constitue le socle du développement
économique et social du Bénin. En effet, le potentiel de
croissance économique du Bénin dépend largement du secteur
agricole qui constitue aujourd'hui près de 36% du PIB, 88% des recettes
d'exportations et emploie 75% de la population active (CNDLP, 2010).Toutefois,
le secteur agricole reste largement dominé par la culture du coton qui
représente environ 40% des exportations du Bénin (CNDLP, 2010).
Au cours des dernières années,le sous-secteur cotonnier a
enregistré des contre-performances liées d'une part à
l'inorganisation des différents chaînes de valeurs de la
filière et d'autre part à la baisse de sa production, ce qui a
contribué à la baisse de la croissance économique, dont le
taux est passé de 6,6% en 2002 à seulement 3% en 2005 et à
peine 2,5% en 2010, avec des conséquences négatives sur les
finances publiques, compromettant ainsi les efforts engagés pour lutter
contre la pauvreté. Ces crises du sous-secteur cotonnier n'offrent pas
de perspectives de croissance durable de l'économie nationale, eu
égard à la baisse tendancielle des cours sur le marché
international, incontrôlable par le pays.
Face à cette situation, le gouvernement a adopté
en 2001 le Schéma Directeur de Développement Agricole et Rural
(SDDAR), qui fixe la diversification des productions agricoles comme une de ses
priorités. Cette diversification, doublée de l'objectif
d'accroissement de la productivité agricole et de l'amélioration
de la compétitivité du secteur agricole, constitue un instrument
important de réduction de la pauvreté (FAO, 2010). Elle a pour
fondement le Plan Stratégique pour la Relance du Secteur Agricole
(PSRSA) pour lesquelles les Orientations Stratégiques de
Développement (2006-2011), et la Stratégie de Croissance pour la
Réduction de la Pauvreté (SCRP 2009-2011) s'inscrivent
parfaitement dans les initiatives de développement auxquelles le
Bénin a adhéré aux plans mondial et régional.
Sélectionné parmi les filières agricoles
prioritaires, la culture de l'ananas est actuellement d'une importance capitale
aussi bien pour l'Etat que pour les producteurs. L'objectif visé et
exprimé dans le Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole
(PSRSA) est d'accroître de façon substantielle la production de
l'ananas de qualité et d'améliorer la mise en marché du
fruit frais et de ses dérivés en vue de contribuer à la
diversification des exportations (MAEP, 2010). L'ananas est une culture
d'exportation à l'image du coton et de l'anacarde au Bénin dont
la production en pleine expansion, est essentiellement concentrée dans
le département de l'Atlantique. Sa production de plus de 375.600 tonnes
en 2012 (MAEP, 2013) est principalement destinée aux marchés
régional et international. Cette production nationale d'ananas frais,
selon Sohinto (2008) est répartie comme suit : environ 50% vendus
sur le marché national (35% pour l'autoconsommation 15% pour la
transformation) et le reste est exporté dont 2% vers l'Union
Européenne (UE), 8% en ananas séché exportés et, 40
% vers le Nigéria, le Niger, le Burkina Faso, le Mali etc.
Malgré cette forte production,seulement 2% de l'ananas
fraissont exportés vers l'Europe et principalement vers le marché
de Rungis en France. La grande partie de cette production est consommée
dans la sous-région (Nigéria et les pays de l'hinterland) et au
niveau national. Ce commerce sous-régional est essentiellement informel
et il n'existe pas des statistiques officielles (Arinloyé, 2013).
Comment s'opère t-il ? De 2002 à 2005, les exportations
d'ananas vers l'UE sont passées de 0,27% à environ 0,31% de la
valeur totale des exportations (Sohinto, 2008). Ainsi, l'ananas, malgré
son potentiel à contribuer à la réduction du
déficit commercial à travers l'exportation est loin d'atteindre
ses objectifs. Pourtant, la production ne cesse de croître d'une
année à l'autre. A titre d'exemple, la superficie cultivée
a connu un accroissement de 385% au cours de ces dix dernières
années, passant de 1.350 ha durant la campagne agricole 2000-2001
à 6.548 ha en 2011-2012. La production quant à elle est
passée de 57.126tonnes à 375.635tonnes au cours de la même
période, soit une augmentation de 557,55% (MAEP, 2013). Pourtant, ce
produit exporté en faible quantité est fortement recherché
sur le marché européen dont la demande est toujours croissante.
Quels sont les obstacles à l'exportation européenne de l'ananas
béninois ?
Ainsi, l'objectif visé peine à se
réaliser et le pays continue de dépendre des exportations du
coton. Il devient impérieux de maîtriser les divers circuits de
commercialisation de ce fruit. Cette maîtrise passe par l'identification
des acteurs de la filière et l'estimation des quantités d'ananas
commercialisé vers chaque région du monde et les quantités
transformées ainsi que leurs rentabilités. Des études
récentes ont montré que toutes les chaînes de valeurs de
l'ananas béninois sont financièrement et économiquement
rentables (Agoundoté, 2007 ; Sohinto, 2008 ; Sodjinou et
al., 2011). Mais ces études ne permettent pas de fixer les
meilleurs circuits. A cet effet, plusieurs questions méritent
d'être aborder:
ü Quels sont les acteurs impliqués et leurs
stratégies de commercialisation ?
ü Quelle est la part de la production
commercialisée au niveau local, sous-régional et
international ?
ü Quelle est le degré de rentabilité de la
commercialisation de l'ananas frais au niveau local, régional,
international?
ü Quels sont les problèmes ou contraintes
liés à la commercialisation de l'ananas et surtout à son
exportation vers l'Europe ?
C'est dans ce cadre que nous nous intéressons à
l'analyse économique de la commercialisation de l'ananas au
Bénin, afin d'en connaître les contraintes et d'éclairer
les agents économiques qui s'y intéressent et les politiques.
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