1.3. Quelques études
empiriques
Plusieurs études sont réalisées avant la
notre dans la filière ananas au Bénin. Cependant, les aspects de
la commercialisation n'ont pas été suffisamment abordés.
La littérature socioéconomique de l'ananas au Bénin est
très fournieet peut être regroupée en deux centres
d'intérêts : (1) compétitivité de la
filière ananas, (2) la rentabilité économique et
financière des chaînes de valeurs ajoutées de l'ananas.
Tidjani-Serpos (2004) a montré que la production
d'ananas permet au producteur d'accumuler de la richesse. Arouna et
Afomassè (2005) ont analysé la compétitivité de la
filière ananas au Bénin et sont arrivés à la
conclusion que la production d'ananas est rentable sur le plan financier
(c'est-à-dire pour le producteur) et sur le plan économique
(c'est-à-dire pour la nation). Chaffa (2005) a montré que la
production d'ananas dans la Commune de Zè est rentable et que les
facteurs de production sont inefficacement alloués. Il est donc
important de soutenir cette filière en vue de son amélioration.
Agoundoté (2007) ayant travaillé sur la stratégie des
acteurs et à la répartition des valeurs ajoutées produites
dans la filière ananas au Bénin principalement dans la Commune
d'Abomey-Calavi a trouvé que la richesse produite dans la filière
est répartie de façon inéquitable entre les acteurs. Les
travaux de Sissinto (2005) réalisés dans les Commune s d'Allada
et de Toffo, ont montré que les systèmes de production de
l'ananas sont financièrement et économiquement rentables, et que
le Bénin possède un avantage comparatif à produire de
l'ananas. Mieux, l'analyse de la valeur ajoutée dans la filière
ananas révèle qu'elle dégage une richesse de l'ordre de
dizaine de milliards du Franc de la Communauté Française
d'Afrique (FCFA) (Anassidé et Aïvodji, 2009). Bref, toutes les
études s'accordent à reconnaître que la production d'ananas
est rentable aussi bien pour le producteur que pour la nation.
Cependant, toutes ces études se placent beaucoup plus
dans une perspective filière et n'abordent que le volet production dans
la chaîne. Cette manière de procéder ne permet pas
d'orienter les acteurs du développement en fonction des besoins et des
spécificités de chaque catégorie d'acteurs. Par exemple,
Sissinto (2005) puis Arouna et Afomassè (2005) ont effectué des
études dans une perspective filière c'est-à-dire sans une
prise en compte des différentes chaînes de valeurs. L'analyse de
la compétitivité de l'ananas dans une perspective filière
donne la compétitivité moyenne de la filière sans mettre
en exergue les maillons les plus compétitifs et les moins
compétitifs. Ce qui a pour conséquence l'imprécision des
interventions en fonction des besoins spécifiques de chaque
catégorie d'acteurs et suivant les chaînes de valeurs
considérée. Par exemple, l'analyse de la
compétitivité selon les chaînes de valeurs permet
d'identifier les acteurs qui ont besoin plus de protection de la part des
politiques gouvernementales, que ce soit pour le marché des produits
finis que pour le marché des intrants.
Du point de vue économique, il importe aussi de
connaître la répartition faite de la richesse produite par les
différents acteurs au sein des différentes chaînes de
valeurs de l'ananas et d'identifier les difficultés pour une
intervention plus appropriée. Les différents acteurs ne peuvent
suffisamment et durablement profiter des avantages de la filière que
lorsqu'ils sont suffisamment intégrés au système et que
les uns participent effectivement au succès des autres (Sodjinou
etal., 2011).
Les deux études réalisées sur les
chaînes de valeurs de l'ananas sont celles de Sohinto (2008) et Sodjinou
(2011). Sohinto qui a révélé que les chaînes de
valeurs de l'ananas détiennent une forte potentialité à
créer de la valeur ajoutée notamment pour l'exportation de
l'ananas frais pour le marché européen. Sohinto (2008) a
également montré que toutes les chaînes de valeurs de
l'ananas sont rentables. La principale insuffisance de cette étude est
qu'elle n'a abordée ni la compétitivité des
différentes chaînes de valeurs ni, celles des différents
maillons constituant ces chaînes de valeurs.
Sodjinou (2011)a retenu que toutes les chaînes de
valeurs de l'ananas béninois sont rentables aussi bien au plan financier
(c'est-à-dire pour le producteur) qu'économique
(c'est-à-dire pour la nation). Cependant, la chaîne de valeurs
d'exportation d'ananas frais vers les pays européens se présente
comme étant la plus rentable pour la nation. Le développement de
cette chaîne de valeurs se trouve cependant confronté aux
coûts élevés du Fret. La chaîne de valeurs d'ananas
frais exporté vers les pays de la sous-région ouest-africaine
semble être la plus rentable pour la plupart des agents
économiques impliqués. La chaîne de valeurs de production
de jus d'ananas et d'ananas séché est très rentable pour
les producteurs et pour les transformateurs. Les chaînes de valeurs dans
lesquelles on peut concentrer les investissements afin de générer
des revenus aussi bien pour les parties prenantes que pour la nation sont
celles relatives à l'exportation d'ananas frais et de production de jus
d'ananas. La limite principale de cette étude est qu'elle n'a pas tenu
compte des stratégies que ces différents acteurs utilisent pour
se maintenir dans la chaîne. De plus, elle n'a pas discuté de la
répartition des valeurs ajoutées au sein de chaque chaîne
de valeurs ainsi qu'à la distribution de la production sur les
différents marchés.
Cette revue de littérature nous permet de dire que
l'analyse économique de la commercialisation de l'ananas au Bénin
n'est pas encore bien connue. Cette étude contribuera donc à la
connaissance dans ce domaine.
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