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Fréquence et prise en charge de la schizophrénie à  Lubumbashi

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par RIchard NDAMBO MBUYI
Université de Lubumbashi - Docteur en medecine 2015
  

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VI. LA PRISE EN CHARGE DE LA SCHIZOPHRENIE

Depuis le XVIIIème siècle, diverses méthodes ont été envisagées dans le traitement des maladies mentales, dont le traitement moral, ancêtre des psychothérapies, techniques hydrothérapiques, physiothérapie en passant par des techniques de médications diverses. Dès que la maladie schizophrénique a été identifiée en tant que telle, les premiers traitements spécifiques sont apparus comme la cure de sommeil, la convulsivothérapie, l'insulinothérapie (encore appelée cure de Sakel). C'est en fait par la découverte par les chercheurs français de l'effet des neuroleptiques sur la production délirante, le mécanisme hallucinatoire et les troubles du comportement, que l'ère des traitements des maladies mentales, et plus particulièrement ceux de la schizophrénie a réellement commencé. L'efficacité de cette thérapeutique pharmacologique malgré les effets secondaires parfois très invalidants, a permis une véritable révolution dans la prise en charge des patients et a été à l'origine d'un déplacement du pôle thérapeutique de l'hôpital vers la communauté (12, 16).

Les nouvelles molécules qui associent une efficacité identique sur la symptomatologie positive et surtout une activité sur les symptômes négatives ainsi qu'une meilleure tolérance sont maintenant mieux acceptées par les patients. Parallèlement, les traitements psychothérapiques individuels ou de groupe constituent un complément thérapeutique indispensable pour le patient lui-même et/ou sa famille, tout en renforçant l'alliance thérapeutique (9, 12).

Le diagnostic doit être posé le plus précisément et le plus rapidement possible afin de limiter les difficultés et les problèmes de compliance dans les traitements qui seront instaurés par la suite. Le traitement doit être initié lui aussi le plus tôt possible surtout s'il s'agit d'un premier épisode psychotique, d'autant que le pronostic est contingent de la précocité de la prise en charge. Par ailleurs, les rechutes ouvrent le risque d'une réponse moindre aux réajustements thérapeutiques (9, 12, 13).

Les retentissements multiples de cette pathologie, sur le patient lui-même et son entourage incitent à intervenir tôt et à poursuivre à long terme une prise en charge adaptée. Les antipsychotiques qui permettent le traitement de l'accès aigu et limitent, par la stabilisation obtenue, les rechutes, doivent être maintenus au long cours. La qualité de l'observance reste le facteur essentiel. Bref la prise en charge d'un patient schizophrène doit être à long court et à triple dimension (biologique, psychologique et social) (9, 12).

1. LES NEUROLEPTIQUES

Jusqu'à la découverte de l'effet neuroleptique de la chlorpromazine par Delay et Deniker en 1952, la schizophrénie connaissait pour seul traitement biologique les électrochocs et l'hypoglycémie insulinique, la célèbre cure de Sakel, à l'efficacité douteuse. S'ensuivit la découverte de l'haloperidol inaugurant ainsi l'ère des neuroleptiques dits classiques aptes à exercer une action antipsychotique efficace auprès des patients schizophrènes. Ces molécules s'avèreront malheureusement pourvues de nombreux effets secondaires parmi lesquels les extrapyramidaux induits par un blocage excessif des récepteurs dopaminergiques D2 : les dyskinésies aiguës lors de l'installation du traitement, le syndrome parkinsonien dit aussi parkinsonisme ou camisole chimique, l'akathisie et enfin les dyskinésies tardives le plus souvent irréversibles (16, 23).

Afin de contrecarrer les effets extra-pyramidaux, l'ajout d'anticholinergiques dits correcteurs était de mise. Malheureusement, ceux-ci entraînaient une diminution de l'efficacité antipsychotique, une altération des fonctions mnésiques et l'induction, chez certains patients, d'une utilisation abusive et addictive. On dispose actuellement des neuroleptiques de seconde génération, une classe s'enrichissant progressivement jusqu'à constituer l'essentiel de la stratégie thérapeutique actuelle pour traiter les patients schizophrènes. Ils sont qualifiés d'atypiques de par la rareté de leurs effets secondaires extra-pyramidaux. On observe ainsi une meilleure compliance ainsi qu'une nette diminution du risque de dyskinésie tardive (9, 12).

S'ils font preuve d'une efficacité égale aux classiques sur les symptômes positifs, la supériorité de leur efficacité sur les symptômes négatifs et sur les troubles cognitifs paraît évidente. Si les neuroleptiques représentent le traitement de fond incontournable de la schizophrénie, d'autres molécules aussi font partie prenante de la panoplie thérapeutique (9, 12, 23).

a. Neuroleptiques classiques de la première génération

La disponibilité, depuis les années 1950, des « neuroleptiques classiques » a révolutionné la prise en charge et l'évolution de la psychose et plus particulièrement de la schizophrénie en améliorant l'état clinique des patients et en réduisant les taux de rechute. A partir de 1952, date de la première utilisation thérapeutique de la chlorpromazine (Largactil®), les neuroleptiques se sont rapidement diversifiés en plusieurs familles (12). On retient (9,12):

ü Les phénothiazines, parmi lesquelles la chlorpromazine, reconnue pour ses effet sédatifs et globalement antipsychotiques.

ü Les butyrophénones, comme l'halopéridol, neuroleptique polyvalent anti-hallucinatoire, anti-délirant et sédatif puissant, le chef de file de la famille chimique.

Les molécules dites de première génération entrainent lors de leur utilisation de nombreux effets secondaires. A l'inverse, les molécules dites atypiques entrainent peu ou pas d'effets secondaires neurologiques car elles possèdent une activité anti serotoninergiques. L'utilisation des neuroleptiques classiques tend actuellement à décroître, d'autant plus que toutes les recommandations thérapeutiques internationales récentes préconisent d'utiliser les antipsychotiques atypiques en première intention. Néanmoins, les neuroleptiques classiques ne doivent pas être totalement abandonnés puisque certains d'entre eux présentent un intérêt dans le cadre de l'urgence (neuroleptiques dits sédatifs) comme le Tercian® ou dans le cadre du traitement d'entretien, surtout dans le cas d'une mauvaise observance thérapeutique (neuroleptiques classiques à action prolongée) comme l'Haldol Décanoas® (9, 12).

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote