c. Le projet du SCOT
L'Agence de Développement et d'Urbanisme de Lille porte
aujourd'hui le projet de renouvellement du SCOT qui date de 2008, afin
d'obtenir une nouvelle version qui serait adoptée fin 2015 et applicable
dès 2016. Les membres de l'Agence soulignent les évolutions par
rapport au Schéma Directeur de 2002. En effet, la «
métropole lilloise est très agricole, 50% du territoire est
occupé par des terres agricoles »71 et «
l'évolution s'accélère dans la manière de
prendre en compte le foncier agricole. On le pensait avant comme un
réservoir des terres urbaines ».72 Il existe
désormais un partenariat avec la Chambre d'Agriculture, initiée
par le géocatalogue de Lille qui engage le dialogue avec plus de 600
exploitations sur les 640 du territoire de la métropole. Cela permet des
« échanges dans le cadre de l'élaboration du PLU, pour
trouver les endroits les plus opportuns pour l'urbanisation
»73.
L'objet du SCOT est d'organiser au mieux la question des
extensions, qui « coûtent en termes d'investissement et
d'environnement »74, et de révéler le
potentiel de certains territoires, ceux qui sont les mieux desservis
étant ceux qui ont la capacité à être
urbanisés la plus forte. Il y a un mécanisme spontané
allant vers l'extension, et l'un des grands enjeux du SCOT est « la
répartition et le phasage, c'est-à-dire ce qu'on ouvre à
l'urbanisation »75. Toutefois, « il y a une
balance à trouver entre ce qu'on ferme et ce qu'on ouvre, il ne faut
pas
69 Ibid.
70 Ibid.
71 Entretien avec Emma Raudin, responsable du SCOT
à l'Agence de Développement et d'Urbanisme de Lille, le 20
février 2015 à Lille
72 Ibid.
73 Entretien avec Benoît Masson, membre du
géocatalogue de Lille, le 25 février 2015 à Lille
74 Entretien avec Emma Raudin, responsable du SCOT
à l'Agence de Développement et d'Urbanisme de Lille, le 20
février 2015 à Lille
75 Ibid.
31
trop fermer non plus »76. Il s'agit
donc de la capacité du document d'urbanisme à «
évaluer un potentiel et à maîtriser la consommation
foncière »77.
Pour Emma Raudin, « le Schéma directeur de
2002 était outrancier dans le schéma de consommation foncier,
avec 2 500 hectares ouverts à l'urbanisation. C'est une enveloppe
très très large »78. Aujourd'hui,
Marc-Philippe Daubresse, premier vice-président de Lille
Métropole Communauté urbaine (LMCU), chargé de
l'aménagement urbain président de l'Agence de
Développement et d'Urbanisme, présente un projet d'extension de 2
000 hectares à négocier pour l'horizon 2030. D'après Emma
Raudin, « on a franchi un cap dans la manière de penser la
question foncière. Avant, il fallait prouver qu'un espace était
remarquable. Aujourd'hui, il faut montrer qu'on ne peut pas faire autrement que
grignoter. (...) L'arsenal législatif s'est renforcé, on a
changé d'angle d'attaque : il y a des exigences normatives
»79.
La priorité reste la même, celle du
renouvellement urbain, le « remplissage de petites poches sans
renoncer à l'urbanisation »80. Toutefois, l'ADU
doit procéder au cas par cas, certains élus veulent garder ces
« poches » de verdure, comme l'illustre le cas de
Marquette-les-Lille, village organisé autour d'un champ, et dont le
maire ne veut pas changer la physionomie. De même, certains espaces
symboliques restent sujets à des incertitudes, « le site des
Moulins, entre Villeneuve d'Ascq et Lille, faut-il l'urbaniser ou
l'intégrer dans la trame verte ? »81.
Les documents d'urbanisme s'attachent donc à limiter
l'artificialisation du territoire et à densifier la ville sur
elle-même. Le Schéma Directeur de 2002, tout comme le prochain
Schéma de Cohérence Territoriale, développe l'idée
d'un renouvellement de la ville sur elle-même pour limiter la
consommation foncière. On peut souligner une évolution dans la
prise en compte des territoires agricoles, qui ne sont plus désormais
simplement perçus comme une réserve foncière. Si l'Agence
de Développement et d'Urbanisme souhaite limiter l'artificialisation, il
faut qu'en retour elle ouvre des territoires à l'urbanisation.
76 Ibid.
77 Ibid.
78 Ibid.
79 Ibid.
80 Ibid.
81 Entretien avec Rodastina Ivanova, responsable
Structure territoriale à l'Agence de Développement et d'Urbanisme
de Lille, le 19 mars 2015 à Lille
32
|