b. L'ingénierie de l'environnement et ses
limites
Le développement des données sur
l'artificialisation et ses conséquences permet également de faire
émerger des préconisations à propos de politiques qui
permettraient de freiner l'érosion de la biodiversité. Le
processus d'identification des continuités écologiques de la
Trame verte et bleue donne une place importante à la mobilisation des
connaissances.
Dans le cadre de l'artificialisation des sols,
différentes méthodes privilégiant des approches relevant
de l'écologie du paysage permettent d'identifier les habitats naturels,
et notamment les corridors écologiques. Les Conservatoires botaniques
établissent des inventaires faunistiques et floristiques, et les
organismes devant les préserver mettent en place des méthodes
pour assurer leur suivi. Sont identifiés à travers des cartes
plus précises d'occupation des sols les potentialités des milieux
et les possibles réservoirs de biodiversité. Afin de mesurer les
conséquences de l'artificialisation des sols et notamment
l'érosion de la biodiversité, l'expertise environnementale est
donc indispensable.
Le développement des connaissances permettant la prise
en compte des enjeux environnementaux et la modélisation d'une Trame
verte et bleue qui rétablirait les continuités écologiques
met sur le devant de la scène les experts. Toutefois, ces experts de la
biodiversité ne sont pas forcément entendus ni compris par les
autres acteurs du territoire. L'expertise écologique peut
s'avérer trop complexe, car elle doit rendre compte de la
complexité de la matrice urbaine, mais Alphandéry remarque la
« simplification des fonds cartographiques »164.
De plus, bien que les cartes soient plus précises car s'appliquant
à une échelle de plus en plus grandes, elles ne peuvent
être parfaitement exhaustives, et, d'après certains experts
locaux, « les bases de données
géoréférencées utilisées, par exemple,
laisseraient de côté des éléments locaux voire
micro-locaux essentiels à la détermination et à la
hiérarchisation des continuités écologiques
»165.
164 Pierre Alphandéry, Agnès Fortier et Anne
Sourdril, « Les données entre normalisation et territoire : la
construction de la trame verte et bleue »,
Développement durable & territoires, Vol. 3, n°2,
juillet 2012
165 Ibid.
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Ainsi, les cartes de déplacements des espèces,
les inventaires faunistiques et floristiques sont indispensables pour mesurer
la fragmentation des habitats naturels et mettre en place des mesures de
correction. Mais le développement de l'expertise locale est sujet
à des insuffisances. « Les cartes produites, essentiellement
alimentées par des données pouvant être
intégrées au SIG, n'ont pas permis une appréhension des
continuités dans toute leur complexité, à l'échelle
locale »166. Des données produites par les experts
de la biodiversité découlent des orientations impulsées
par la région pour, d'une part, limiter l'artificialisation, et pour
mettre en place la Trame verte et bleue afin de limiter les menaces sur les
écosystèmes.
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