Artificialisation et trame verte et bleue : de la protection de la biodiversité à un outil d'aménagement. Le cas de Lille métropole depuis 2002.( Télécharger le fichier original )par Daphné Lecointre Université de Lille II - Master 2015 |
b. La TERUTI-LucasLa première enquête nationale sur l'utilisation du territoire agricole remonte à l'année 1946 avec la mise en place d'une enquête « contrôle de surface » reposant sur l'analyse des plans cadastraux. Avec l'apparition de la photo aérienne à partir de 1982, le Ministère de l'Agriculture se dote également d'un outil d'observation de l'occupation des sols : c'est la carte TERUTI, issue de l'enquête statistique organisée par Agreste, le service statistique du ministère de l'Agriculture26. Depuis 2005, cette carte s'intitule TERUTI-Lucas, le terme « Lucas » a été ajouté car il s'agit de l'adaptation de l'enquête TERUTI au cahier des charges européen « Lucas »27. Les sols artificialisés correspondent aux nomenclatures suivantes : « sols artificialisés non bâtis », « sols bâtis », « zones interdites » et « pelouses d'agrément et superficies en herbe », regroupés dans la catégorie principale « territoires artificialisés ». Concernant la méthodologie, des points, espacés de 300 mètres, sont tirés au hasard sur une trame de points quadrillant l'ensemble du territoire. Pour chaque point, l'enquêteur relève 24 Entretien avec Guillaume Schmitt, géographe, le 2 avril 2015 à Lille 25 Roger Brunet, « Structures et dynamiques du territoire français », L'Espace géographique, 1973 26 « Teruti-Lucas-Enquête sur l'utilisation du territoire », Géoconfluences, 12/03/2013 27 http://www.stats.environnement.developpement-durable.gouv.fr/Eider/view-meta.do?metaCode=OC-LUCAS 20 chaque année l'occupation ainsi que l'utilisation du territoire à partir de photos aériennes. L'objectifs de cette enquête est de disposer de données sur l'occupation et l'évolution des territoires qu'ils soient agricoles ou non. Les données issues de TERUTI peuvent être différentes de celles qui sont observées par d'autres dispositifs, en particulier la CLC, à partir de l'interprétation d'images satellitaires. Les nomenclatures sont différentes et il apparaîtrait que CORINE apprécie surtout le territoire en termes de paysages, alors que TERUTI fait référence à une nomenclature physique d'occupation des sols28. De plus, si la tendance à l'artificialisation des sols est montrée dans tous les cas, de fortes variations peuvent être observées selon la source d'information utilisée. « Le zonage de l'Insee détecte dix fois plus de surfaces artificialisées que l'enquête TERUTI, qui, elle-même, en détecte plus de cinq fois que CLC. Ces différences ne sont pas surprenantes car les finalités de ces bases de données sont très différentes. »29 Cela s'explique également par la position du Ministère de l'Agriculture, qui s'inquiète du « gaspillage » des terres agricoles30. La Loi de modernisation agricole de 2010 vise notamment à « mettre en oeuvre une véritable politique de préservation du foncier agricole en France »31 et préconise de « réduire de moitié »32 le rythme de consommation des terres agricoles d'ici 2020. Il apparaît donc, d'après l'orientation de l'enquête TERUTI et de la carte qui en découle que « l'artificialisation des sols agricoles correspond aux flux de terres agricoles vers ces usages ni agricoles ni forestiers : sols bâtis, infrastructures de transports, chantiers, cimetières, terrains vagues, carrières, décharges, jardin d'agrément et pelouses »33. |
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