b. La fragmentation des habitats naturels
L'artificialisation du territoire génère la
fragmentation des habitats naturels. D'après le Ministère du
développement durable, « la fragmentation des milieux naturels
peut être défavorables à de nombreuses espèces,
d'une part à cause de la faiblesse des surfaces accessibles et d'autre
part par l'isolement, le cloisonnement des différents espaces naturels
»138. Ainsi, l'artificialisation réduit les
habitats naturels, et provoque également des barrières
infranchissables pour certaines espèces. L'accroissement des surfaces
bâties, que ce soit pour des infrastructures telles que des autoroutes,
ou pour des lotissement, conduit donc à la fragmentation des habitats
naturels, et menacent la biodiversité nationale.
135 Guillaume Sainteny, « L'étalement urbain
», Annales des Mines - Responsabilité et Environnement,
n° 49, 2008, pp. 7-15
136 Ibid.
137 Philippe Chéry, Alexandre Lee, Loïc Commagnac,
Anne-Laure Thomas-Chery, Stéphanie Jalabert and Marie-Françoise
Slak, « Impact de l'artificialisation sur les ressources en sol et les
milieux en France métropolitaine », Cybergeo : European Journal
of Geography, 2014
138 Commissariat général au développement
durable - Service de l'observation et des statistiques, « Conservation
et gestion durable de la biodiversité et des ressources
naturelles », Etudes & documents, n°57, novembre 2011
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L'étalement urbain est un puissant facteur de
fragmentation paysagère ; l'urbanisation met en place des structures
anthropiques permanentes qui provoquent de profondes modifications du paysage
et des changements d'occupation du sol « généralement
irréversibles »139. L'artificialisation est
également responsable de la minéralisation et de la pollution et
de leurs conséquences sur la biodiversité. Il ne s'agit pas
seulement d'une fragmentation des habitats naturels, mais de pressions plus ou
moins directes exercées sur les écosystèmes.
Philippe Clergeau souligne également l'étalement
et l'uniformisation du modèle urbain, sous-tendu par l'artificialisation
des sols. Peu à peu, les villes se développent, et elles adoptent
la même structure, ce qui est un danger pour la biodiversité
régionale et locale. En effet, l'uniformisation des paysages urbains
conduit à un « processus d'homogénéisation
taxonomique des communautés en milieu urbain »140
et favorise l'introduction d'espèces exotiques qui sont un danger pour
la conservation de la biodiversité locale. « La ville
détruit la nature soit directement par la destruction des habitats
naturels, soit indirectement, par la fragmentation et l'isolement des sites
naturels »141. Quand cette nature est présente,
elle est résiduelle dans quelques espaces qui lui sont
dédiés. Les préoccupations actuelles en termes de
conservation de la biodiversité urbaine, voire de restauration des
milieux, intéressent tous les territoires et se pose aujourd'hui
concrètement en ville.
L'étude de l'artificialisation et de ces
conséquences connaît un fort développement, au travers des
institutions nationales, et de travaux des chercheurs en géographie et
en écologie. Il apparaît donc que le phénomène de
l'étalement urbain, et ces répercussions sur la
biodiversité, est un constat national, et qu'il est urgent de ralentir
de rythme de l'artificialisation, ou du moins de corriger le mieux possible la
dégradation des écosystèmes. Ce constat national se
décompose à l'échelle de la région, qui dresse le
bilan de l'artificialisation des territoires et des conséquences sur la
biodiversité locale.
139 Rahim Aguejdad, thèse intitulée «
Etalement urbain et évaluation de son impact sur la biodiversité,
de la reconstitution des trajectoires à la modélisation
prospective. Application à une agglomération de taille moyenne :
Rennes Métropole », Géographie, Université de
Rennes2009
140 Philippe Clergeau, « Biodiversité urbaine : de
l'inventaire naturaliste au fonctionnement écologique »,
Société Française d'Ecologie, 16 décembre
2010
141 Ibid.
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