b. Nouvelles perspectives pour l'agriculture
périurbaine
La reconfiguration du couple traditionnel villes-campagnes de
la géographie conduit à appréhender autrement l'espace
rural en périurbain. Les espaces agricoles qui étaient de «
simples réceptacles de l'urbanisation dans les années 1970
»115 deviennent « des éléments
essentiels du cadre de vie des habitants de la ville élargie
»116. Bernard Prost qualifie le rôle de l'espace
rural « secondaire mais non inutile dans le territoire
périurbain »117.
L'urbanisation conduit en effet à un grignotage des
surfaces agricoles, mais permet également de développer un
nouveau rapport entre ville et campagne. Pour Serge Bonnefoy, « la
périurbanisation ouvre le champ à l'agriculture
périurbaine, pour une nouvelle relation entre les agriculteurs et les
habitants »118. Ce lien entre ville et campagne
évolue avec la promulgation d'une nouvelle loi d'orientation agricole,
en 1999, qui reconnaît la multifonctionnalité de l'exploitation
agricole qui n'a pas pour seul but de produire des biens alimentaire.
L'exploitation agricole produit notamment des paysages. Avec la loi SRU (loi
relative à la Solidarité et au Renouvellement Urbain, 2000), les
métropoles sont obligées de définir des projets de
territoire, c'est-à-dire le SCOT, incluant des espaces à vocation
agricole qui prennent alors part à l'ambition porté par le
territoire.
L'enjeu, d'après Nicolas Rouget, de ce nouveau
paradigme ville-campagne, est la convergence des intérêts de la
sphère agricole et de la ville. L'agriculture, menacée par
l'urbanisation, ne peut défendre sa présence sur des territoires
à dominante urbaine qu'en offrant des services aux citadins. Toutefois,
la fonction socio-économique de l'agriculture n'est pas uniquement celle
de l'offre paysagère, et la mission initiale de l'agriculture est
d'ordre économique. L'agriculture, pour assurer son existence sur des
territoires de plus en plus artificialisés, doit être «
considérée comme activité économique à
part entière de la cité ».119
Il ne faut cependant pas oublier la demande nouvelle en «
nature » de la part des citadins, non pas sauvage, mais «
maîtrisée »120. Il s'agit donc, pour
l'agriculture, de réassocier la
115 Ibid.
116 Ibid.
117 Bernard Prost, « Quel périurbain aujourd'hui ?
», Géocarrefour, 76, n°4, p. 283-288, 2001
118 Serge Bonnefoy, « Concilier urbanisation, gestion des
espaces naturels et des activités agricoles : des progrès mais...
», POUR, n° 199, 2008
119 Nicolas Rouget, compte-rendu du Café géo de
Montpellier le 13 janvier 2015 intitulé « La ville et son
agriculture : retour vers le futur »
120 Ibid.
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dimension matérielle et immatérielle du
territoire, en devenant à la fois une activité économique,
mais également un paysage qui plaise aux habitants.
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